Sahara occidental : Massad Boulos tempère l’enthousiasme du Maroc après la résolution de l’ONU
Le conseiller de Donald Trump pour l’Afrique, Massad Boulos, a rappelé que le Maroc avait accepté le principe d’autodétermination, relativisant la portée de la résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental.

Sahara occidental : Massad Boulos relativise la portée de la résolution onusienne et tempère l’enthousiasme marocain
La récente résolution du Conseil de sécurité des Nations unies sur le Sahara occidental, adoptée le 31 octobre, continue de susciter des interprétations divergentes. Alors que Rabat s’est empressé d’y voir une confirmation de la pertinence de son plan d’autonomie, plusieurs observateurs, dont le conseiller de Donald Trump pour l’Afrique, Massad Boulos, appellent à la prudence et à une lecture plus nuancée du texte.
Une “victoire” diplomatique à relativiser
Présentée dans certains médias comme une victoire éclatante du Maroc, la résolution du Conseil de sécurité ne tranche pourtant pas le différend vieux de près d’un demi-siècle. Pour la première fois, le plan d’autonomie marocain y est mentionné explicitement, mais sans être imposé ni reconnu comme la seule voie possible vers un règlement définitif.
La formulation du texte, précise et mesurée, laisse une marge d’interprétation : « une véritable autonomie sous souveraineté marocaine pourrait représenter la solution la plus réalisable ». Ce conditionnel diplomatique est loin d’être anodin : il maintient ouvertes d’autres options, conformément à la logique du droit international et au principe de l’autodétermination, que l’ONU continue de considérer comme central.
L’autodétermination, toujours au cœur du mandat de la MINURSO
Le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) a été prorogé d’une année supplémentaire. Ce renouvellement confirme que le référendum d’autodétermination demeure, en théorie, une composante essentielle du processus politique onusien.
Selon plusieurs diplomates, le texte initial, rédigé par les États-Unis, penchait fortement en faveur des positions marocaines. Cependant, l’Algérie, soutien du Front Polisario, a mené une intense activité diplomatique pour obtenir un rééquilibrage du projet de résolution avant son adoption finale.
Massad Boulos : “Le Maroc a accepté le principe d’autodétermination”
Invité de la chaîne Al Hadath au lendemain du vote, Massad Boulos, conseiller du président Donald Trump pour les affaires africaines, a tenu à clarifier la portée du texte : « La résolution fait clairement référence à l’autodétermination, et cela a été accepté par le Maroc. C’est un pas très important vers l’avant. »
Le diplomate américain a ajouté : « Il ne fait aucun doute qu’il y aura, à terme, une forme de vote ou de règlement. Les modalités restent à définir, mais il s’agit de détails techniques. » Cette déclaration a eu pour effet de tempérer les lectures triomphalistes de certains médias proches du pouvoir marocain.
Un processus encore long et incertain
Pour Massad Boulos, cette résolution n’est qu’un « premier pas d’un long chemin de mille miles ». Le conflit, qui oppose le Maroc et le Front Polisario depuis 1975, reste l’un des dossiers de décolonisation les plus complexes des Nations unies. Le texte adopté marque certes une évolution dans la formulation diplomatique, mais sans modifier les fondements juridiques du dossier.
Le Maroc, de son côté, s’est félicité de la possibilité donnée à chaque partie de proposer d’autres idées et pistes de discussion, signe d’un dialogue que le Conseil de sécurité souhaite maintenir ouvert. L’Algérie, par la voix de son représentant permanent à l’ONU, Amar Bendjama, a pour sa part dénoncé une référence qui « ne reflète pas la doctrine traditionnelle des Nations unies en matière de décolonisation ».
Une résolution symbolique, mais non décisive
En définitive, la résolution du 31 octobre ne règle pas le conflit du Sahara occidental, mais confirme la volonté du Conseil de sécurité de maintenir un cadre de négociation multilatéral. Elle introduit une nuance nouvelle – la mention du plan d’autonomie – sans remettre en cause les principes historiques de neutralité et d’autodétermination.
Dans un contexte régional sensible, où la stabilité du Maghreb et du Sahel dépend en partie d’un règlement pacifique de cette question, les acteurs internationaux appellent à la retenue et au dialogue. La prudence de Massad Boulos illustre bien cette approche : reconnaître les avancées diplomatiques sans occulter la complexité du dossier.
Rapide info avec agences



