Sahara occidental : « Le règlement du conflit doit désormais être pensé dans le cadre d’une conférence internationale »
Sahara occidental : « Le règlement du conflit doit désormais être pensé dans le cadre d’une conférence internationale ».
collectif d’universitaires, à l’initiative de Khadija Mohsen-Finan et Jean-Pierre Sereni, appelle, dans une tribune au « Monde », les Etats européens à s’impliquer davantage dans l’affrontement entre le Maroc et l’Algérie pour éviter que le conflit ne dégénère en guerre conventionnelle.
Cinquante ans après le déclenchement d’une guerre interminable, le Sahara occidental reste une épine pour toutes les parties impliquées dans un des plus vieux conflits de décolonisation. Toutes, ou presque, sont mécontentes d’un statu quo qui perdure et que la communauté internationale a été incapable de déconstruire. Les Sahraouis n’en peuvent plus d’attendre. Le désespoir pousse certains d’entre eux à s’engager dans les batailles qui déchirent le Sahel et qu’accompagnent tous les trafics du siècle, de la drogue aux armes.
Les Marocains – qui contrôlent l’essentiel du territoire – attendent, malgré leurs succès diplomatiques, une reconnaissance internationale qui ne vient pas. Pour les Algériens – qui soutiennent la cause sahraouie –, l’entretien d’une enclave indépendantiste en plein désert coûte cher et complique leurs relations avec de nombreux Etats africains et occidentaux. Les capitales européennes, aux premières loges, slaloment entre susceptibilités à vif et passions à fleur de peau.
Paris et Madrid en particulier affrontent tour à tour la bronca des uns et des autres. Un jour, Alger sanctionne le royaume ibérique, un autre Rabat se brouille avec la France, pourtant son allié de toujours. Personne ne gagne dans cette bataille sans fin, obstacle à la construction d’un Maghreb qui aurait pu tirer le plus grand parti d’une coopération étroite entre ses membres.
Lire aussi la tribune (2020) : Article réservé à nos abonnés Sahara occidental : « Entre la diplomatie agressive de Donald Trump et celle, plus policée, de l’Union européenne, la différence n’est pas aussi grande »
Qui peut intervenir pour mettre fin à cette anomalie ? L’ancien président américain Donald Trump s’y est essayé, à sa manière, son regard portant sur le Moyen-Orient. Sa reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en décembre 2020 a relancé la crise régionale plus qu’elle n’a fait avancer le dossier.
Diplomatie du chantage
Les Etats européens devraient s’impliquer davantage, y compris la France, qui a une histoire avec ce territoire. C’est en effet Paris qui a fixé les frontières actuelles algéro-marocaines en élargissant le territoire algérien. La France, qui entend reconsidérer le passé avec son ancien empire colonial, avec l’Algérie en particulier, ne peut détourner son regard du conflit du Sahara occidental.
Car, sans toujours être nommé, ce conflit s’impose de plus en plus dans l’actualité. Qu’il s’agisse de l’approvisionnement de l’Europe en énergie ou, en filigrane, du scandale de corruption des élus européens, sa non-résolution donne lieu à une diplomatie du chantage exercée par Rabat et Alger qui tentent de contraindre leurs partenaires de choisir leur camp. Rares sont les pays, comme les Etats-Unis ou la Russie, qui parviennent à conserver des relations diplomatiques avec chacun des deux Etats. Entre les pressions exercées par Rabat pour amener le plus grand nombre d’Etats à adopter sa position et l’arme de l’énergie utilisée par Alger, il est de plus en plus difficile pour les Européens de rester extérieurs à ce conflit.
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Le Monde