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Rosso face à l’urgence migratoire : un système à bout de souffle et des appels pressants à la solidarité régionale

Urgence migratoire

Rosso (Sénégal), 24 juin 2025 – À la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, la ville de Rosso est devenue l’épicentre d’une crise migratoire de plus en plus critique, mettant à rude épreuve les capacités locales et humanitaires. Chaque jour, des centaines de migrants ouest-africains, en situation irrégulière ou expulsés sans notification préalable, affluent dans cette ville fluviale, au risque de leur vie.

Au poste de police, un registre usé révèle l’ampleur du phénomène : arrivées massives, départs forcés, traversées nocturnes périlleuses sur le fleuve Sénégal, orchestrées par des passeurs profitant des failles du système. Femmes, enfants – parfois seuls ou confiés à des adultes inconnus – témoignent de situations d’une extrême vulnérabilité.

Les migrants viennent principalement de Guinée, du Mali, du Nigeria, de la Côte d’Ivoire, de la Sierra Leone ou encore de Gambie. Nombre d’entre eux sont malades, sans papiers, et dorment dans des abris précaires ou à même le sol. L’accueil improvisé par la Croix-Rouge sénégalaise, initialement prévu pour 40 personnes, en héberge plus de 70 dans des conditions rudimentaires : un seul point d’eau, des repas rares, et des séjours qui s’éternisent.

Face à cette urgence, une mission conjointe des Nations Unies, menée les 15 et 16 mai dernier, a dressé un constat alarmant. Les cinq agences impliquées – OIM, HCDH, HCR, UNICEF et ONUDC – ont dénoncé le manque d’infrastructures, l’insuffisance des soins médicaux, l’exposition des personnes vulnérables aux abus, et l’absence de coordination systémique.

« On commence par la dignité – l’eau, l’abri, les soins – avant d’organiser le retour volontaire », rappelle Daouda Alkaly Sagna, de l’OIM. Mais sur le terrain, la solidarité locale ne suffit plus.

Les autorités locales, comme la police et la mairie, lancent un appel à la CEDEAO et à la Mauritanie pour instaurer un corridor humanitaire régional, afin de mettre fin aux refoulements de nuit et d’assurer une gestion concertée. La Commission nationale des droits de l’homme du Sénégal prépare un rapport assorti de recommandations précises, notamment la mise en place d’un centre de transit permanent, le renforcement des capacités locales, et la dotation en équipements numériques pour améliorer l’enregistrement des flux.

En attendant, les habitants de Rosso partagent leur eau, leur nourriture, et leur inquiétude : « Nous faisons notre part, mais nous avons besoin de renforts. La situation n’est plus tenable », alerte Cheikh Tidjane Diop, délégué de quartier.

À l’heure où la migration devient une réalité régionale incontournable, la réponse humanitaire appelle, plus que jamais, une coopération à la hauteur des défis humains.

Avec le Centre d’Information des Nations Unies à Dakar
En savoir plus : https://www.un.org/en/node/231597

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