RFD : Un différend qui s’amplifie

RFD : Un différend qui s’amplifie
Il faut dire d’entrée de jeu que la situation conflictuelle persistante qui prévaut au sein du RFD s’amplifie de jour en jour et n’a jusqu’à présent donné lieu à aucune médiation digne de ce nom pour la circonscrire ou en limiter les effets. À l’origine banal, né d’un malentendu sur la manière dont le parti fut géré pendant l’absence de son président, éloigné pour raisons familiales et sanitaires, ce différend aurait pu être, à ses débuts, réglé sans grande difficulté mais le manque de volonté de part et d’autre a contribué au pourrissement de la situation.

Il n’est pas utile d’en faire la genèse au risque de réveiller les vieux démons. On peut cependant relater certains faits pouvant aider à sa compréhension, notamment les retards fréquents dans le renouvellement des instances du parti, la situation financière difficile, les négociations avec d’autres partis et avec l’État, l’approche de l’élection présidentielle et la conduite à y tenir, l’absence prolongée du président du parti et la délégation de son pouvoir… Il ne sera question ici que des répercutions sur le parti de l’absence de son chef et du mandat donné à l’un de ses proches collaborateurs pour le remplacer. Traitées en présence du président qui trancha au bon moment, les autres questions ont le plus souvent abouti à des compromis sans beaucoup de dégâts : l’aura du président, sa grande renommée et sa forte personnalité y ont fortement contribué.

Opacité et exclusion

Les principaux points de discorde extériorisés par les antagonistes peuvent se résumer comme suit. Pour la partie contestatrice, les règles de bonne gestion et de transparence auxquelles les avait habitués le président ont vite cédé la place à celles de l’opacité et de l’exclusion. Elle estime ne plus être associée aux grandes orientations et à la prise de décisions, désormais concentrées entre les mains d’un cercle restreint qui en use et abuse comme bon lui semble, ne cessant de la regarder de haut avec orgueil et mépris. Pour l’autre partie, le mandat donné par le chef du parti a été contesté dès le départ – à tout moins accueilli avec scepticisme – par leurs rivaux estimant que les pouvoirs donnés devaient être limités ou partagés et qu’il y ait incompatibilité quant au cumul des nouvelles fonctions avec celles de trésorier. Cette position a ouvert la voie à la contestation, à la désobéissance aux ordres de la hiérarchie et au règne d’un intolérable désordre.

Quels que soient les arguments et motifs avancés, rien ne peut justifier, notons-le au passage, le degré d’animosité atteint dans les rapports entre deux composantes d’un même parti politique. Après avoir craché leurs venins l’une sur l’autre, pourquoi continuent-elles à se regarder en chiens de faïence ? Ne leur serait-il pas préférable de jeter un regard sur leur passé afin d’en tirer les leçons qui s’imposent ? Cette vision rétrospective leur permettra de garder toujours présent à l’esprit les dures épreuves endurées et les sacrifices consentis dans leur parcours commun de militants, plusieurs décennies durant, en vue de réaliser les nobles objectifs qu’elles s’étaient assignés : renforcement de l’unité nationale, instauration de la démocratie, émancipation sociale, égalité des citoyens devant la loi, partage équitable de la richesse… en somme, la recherche du bien-être commun. Ces objectifs sont en fait le fondement de l’action du RFD et sa raison d’être. Ils doivent interpeller les militants sincères, leur rappeler leur véritable rôle dans la lutte pour la sauvegarde des intérêts du parti et, partant, de l’intérêt général et faire oublier tout ce qui peut entraver la marche vers leur réalisation. Ils doivent aussi pouvoir les soustraire à ces querelles intestines futiles qui les accaparent et les détournent de l’essentiel.

Les vertus du dialogue

Cette prise de conscience permettra aux militants de se rendre compte par eux-mêmes de ce que ce qui les unit est sans commune mesure avec ce qui les divise et que leur force réside dans la cohésion et la solidarité. Pour affronter ces difficultés et lever tous ces défis, le parti a besoin de l’apport de tous ses membres, sans exclusive. Ils doivent trouver en lui le cadre adéquat pour s’épanouir et mener à bien les tâches qui leur sont dévolues, dans la discipline et avec responsabilité. Sur la base d’une telle vision, les différends ne seront plus considérés comme des handicaps mais en simples incidents de parcours qui trouveront leur solution grâce aux vertus du dialogue franc, de l’humilité, du bon sens et de la retenue.

Que faut-il faire, pratiquement, pour sortir de ce différend regrettable avant qu’il ne dégénère en une confrontation ouverte risquant d’emporter le parti ? La seule solution plausible est le recours à l’arbitrage du président dont le prestige et le respect font l’unanimité. Il doit, pour ce faire, prendre en main la situation et informer les parties de sa disponibilité à les recevoir et à les écouter. Un calendrier de rencontres sera établi à cette fin. Le président consacrera à chaque partie une à deux séances de travail au cours desquelles elles défendront leurs positions. Il les écoutera attentivement, en toute sérénité, loin des pressions et intrigues, et recevra de chaque partie un écrit sur sa version des faits. Un PV sera dressé à la fin de chaque réunion par un secrétaire désigné par le président en dehors du parti et remis aux intéressés pour lecture et signature. Le président a la possibilité de s’adjoindre deux personnes du parti non impliquées dans le conflit ou se faire assister par une ou deux personnalités indépendantes de renom. Après avoir cerné le problème dans sa globalité et entendu tout le monde, il pourra convier les deux parties à une ou deux réunions communes pour essayer de rapprocher les points de vue avant de trancher.

Une autre initiative allant dans le sens de l’apaisement est celle que doit entreprendre la partie contestatrice de donner sa caution à la décision du président de soutenir la candidature du président de la République. En agissant de la sorte, elle fera d’une pierre deux coups : en un, marquer sa confiance en son président qui ne l’a jamais trahie et l’a toujours associée à toutes ses décisions. Connu pour son respect de la parole donnée, il n’y a pas lieu de douter de la véracité, du bien fondé et l’opportunité des arguments développés dans sa lettre de soutien ; en deux, casser une partie du mur la séparant de ses confrères : le reste viendra par la suite. Mais ce ne sont là que quelques idées destinées à attirer l’attention sur la gravité du problème et l’urgence de lui trouver une issue. Inciteront-elles d’autres à cheminer dans la même direction ? J’en espère, en tout cas, le plus heureux dénouement.

Mohamed Ahmed El Mokhtar

Source: le calame

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