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Focus : la relance budgétaire – consommation ou investissement, quelle voie pour une croissance durable ?

Analyse économique signée Limam Ould Gohy sur les choix stratégiques d’une relance budgétaire efficace : consommation, investissement privé ou public ? Quels impacts pour la croissance et la dette en Mauritanie ?

Entre relance par la consommation et soutien à l’investissement, la politique budgétaire reste un levier délicat pour stimuler la croissance sans aggraver la dette. Dans un contexte mondial incertain, Limam Ould Gohy, Inspecteur général des finances, analyse les mécanismes, les risques et les arbitrages nécessaires pour une relance efficace et soutenable en Mauritanie.

Il est consensuel de considérer que la stimulation de la consommation procure un impact positif à court terme sur la croissance, et cela dans un délai court. Cependant, l’ampleur de cet impact peut être fortement réduite par les risques de fuite extérieure par les importations et le risque d’un arbitrage des ménages en faveur de l’épargne. Cette dernière limite s’avère d’autant plus importante que beaucoup de ménages subis sent une contrainte de crédit, ce qui est le cas en phase de récession. De fait, une relance par la consommation devrait être ciblée sur les produits et services les moins soumis à la concurrence extérieure ainsi que sur les ménages ayant la plus forte propension à consommer.
Lorsque l’on fait le choix de relancer par l’investissement privé, les effets sur la croissance apparaissent de façon plus progressive mais l’impact sur la croissance potentielle s’avère supérieur. Là encore, en raison des risques d’éviction, il est plus efficace de mettre en œuvre des mesures qui ciblent les secteurs d’activité où le taux de pénétration des importations est faible (bâtiment, développement durable, R&D). Enfin, la relance peut s’opérer par le biais de la stimulation de l’investissement public. Cette opération intervient souvent en renfort de mesures sur l’investissement privé et sur l’emploi. L’objectif est d’augmenter la croissance potentielle et l’attractivité du pays à un horizon de moyen terme afin de restaurer un comportement vertueux de l’économie. Cependant, il ne faut pas négliger l’impact du coût potentiellement élevé d’un tel plan. À court terme, son financement vient accroître la dette publique et il existe un risque d’éviction de l’investissement privé (auquel l’investissement public se substitue au lieu de s’ajouter). A moyen et long terme, une consolidation budgétaire sera nécessaire pour compenser l’impact du plan sur les comptes publics avec le risque d’amoindrir la croissance ou de limiter les nouveaux investissements publics, notamment au plan local.

Au total, ou quelle que soit la composition d’un plan de relance, des risques existent tant du point de vue de l’efficacité des mesures choisies que du point de vue de leur financement. C’est pourquoi, on peut considérer qu’un soutien à la croissance par l’outil budgétaire doit demeurer limité dans le temps.

Limam Ould GOHY,
Inspecteur principal des finances publiques,
Inspecteur Général des finances au Cabinet du MF,
Expert judiciaire agréé en finances publiques,
Ancien Président du Conseil d’administration du FAGACE{ Fonds africain de garantie et de coopération économique – 14 pays membres – dont la République Islamique de Mauritanie}.

Nouakchott, dimanche 19 octobre 2025,
À 13h, 07 minutes/GMT.

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