Régularisation ou illusion ? La danse des 1865 collaborateurs fantômes
Annoncée comme historique, la régularisation de 1865 collaborateurs des médias publics vire au casse-tête. L’IGF révèle des fantômes dans les listes, entre doublons et triplons. Qu’en est-il vraiment ? Enquête.
Le 11 juin 2025, l’État annonce la régularisation de 1865 agents des médias publics. Une décision historique… sauf que près de 160 d’entre eux seraient des fantômes. Entre célébration et scandale budgétaire, enquête sur une régularisation pas si régulière.
C’est l’histoire d’une danse nationale. Pas celle de l’EBLEYDA, non. Une autre : la valse institutionnelle. Le 11 juin 2025, le Conseil des ministres dégaine une annonce stratosphérique : 1865 collaborateurs des médias publics : L’AMI, Radio Mauritanie, TV Al Mauritaniya et Société de Télédiffusion de Mauritanie régularisés ! Une décision historique saluée même par la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) — qui, dans un accès d’émotion solidaire, a failli accorder à Nouakchott le titre de capitale mondiale de la dignité professionnelle.
Pendant que les rédactions dansaient la GEURA de la délivrance, que les caméramans de la télé nationale faisaient des selfies avec leur propre avenir, un certain Mohamed Khouna, a dégainé la question fatale au ministre des Finances :
« Et le fric des 1865 collaborateurs, c’est pour quand ? »
Le ministre des Finances, jamais à court d’esquive élégante, jeta un clin d’œil au ministre de la Culture, tutélaire patron des journalistes, et répondit :
« Normalement, cette question est pour mon homologue de la Culture. Il a déjà parlé en profondeur de cette noble décision.Mais je vous rassure… ce dossier est entre de bonnes mains. Les mains du ministre de la Culture.
Le ministre annonce que le MEF a bien envoyé une lettre aux quatre médias publics, signalant que dans les 1865, y’avait des gens… qui n’existent pas. Fantômes avec badge. Dossiers vides mais salaires pleins. Un certain Mbarek qui touche à la radio, à la télé, à l’agence de presse… et peut-être même à la météo nationale. Résultat de l’audit de l’IGF: seulement 1706 seraient réels. Les autres ? Doublons, triplons, ou mirages budgétaires.
Et soudain, la régularisation devint une chasse aux ectoplasmes :
– Qui a glissé les fantômes dans la liste ?
– Est-ce un simple bug Excel ou un hommage au cinéma noir mauritanien ?
– Et surtout, est-ce qu’un fantôme a droit à la CNSS ?
En attendant, les vrais collaborateurs attendent. Ils attendent la fiche de paie, l’assurance maladie, et surtout… que la main qui fait le tesbih arrête d’égorger leurs espoirs.
Mohamed Ould Echriv Echriv