Régularisation historique des collaborateurs des médias publics : entre justice sociale et reconnaissance d’État
Découvrez la vidéo émouvante des collaborateurs des médias publics mauritaniens célébrant leur titularisation après des décennies de précarité. Un moment historique de justice et de reconnaissance.
La scène est émouvante, puissante : des hommes et des femmes, employés des médias publics mauritaniens, dansent de joie après l’annonce de leur titularisation. Ce moment, plus qu’une célébration, illustre la réparation d’une injustice administrative qui aura duré plus de trente ans.
La vidéo diffusée, montrant les collaborateurs des médias publics — hommes et femmes, toutes sensibilités confondues — dansant et chantant de joie après l’annonce de leur régularisation, pourrait, aux yeux superficiels, apparaître comme une simple manifestation d’euphorie collective. Pourtant, pour l’observateur averti, cet instant est le symptôme lumineux d’une réparation structurelle longtemps différée.
Ce que cette scène donne à voir n’est pas de l’émotion brute : c’est la manifestation anthropologique d’une justice rendue visible, d’un corps professionnel sorti de l’ombre, qui, en exprimant sa joie, donne corps à une réhabilitation symbolique du lien contractuel.
Pendant plus de trois décennies, le statut des collaborateurs non permanents dans les médias publics mauritaniens fut le révélateur d’une pathologie administrative chronique. Ces agents — journalistes, techniciens, documentalistes ou animateurs — constituaient une main-d’œuvre informelle intégrée dans un appareil d’État formel, créant un oxymore managérial prolongé : le collaborateur indispensable mais juridiquement inexistant.
Cette situation avait pour effet pervers de structurer l’invisibilisation du travail réel, de bloquer l’ascension professionnelle, de diluer la responsabilité managériale et de neutraliser toute dynamique de mérite. C’est donc l’architecture même de la professionnalisation du secteur médiatique qui était suspendue à cette anomalie statutaire.
C’est dans ce contexte que l’instruction présidentielle, émanant de Son Excellence le Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, revêt un caractère réformateur au sens fort du terme : non une simple régularisation administrative, mais une volonté de reconfiguration de l’écosystème médiatique à travers la réinstitutionnalisation de ses agents.
Le processus enclenché — basé sur une évaluation croisée, un diagnostic intersectoriel et un filtrage rigoureux — a débouché sur l’identification de 1.865 collaborateurs éligibles à la titularisation.
Il ne s’agit pas ici d’un geste compassionnel, mais d’une reconstruction stratégique de la légitimité professionnelle dans le secteur public de l’information.
Revenons à la vidéo. Ce que nous voyons là, c’est la traduction corporelle d’un dénouement systémique, l’incarnation de la valeur d’équité dans les gestes les plus simples. La danse y devient une grammaire de la reconnaissance, un contre-discours au cynisme ordinaire. Elle signifie ceci : quand l’État agit avec justice, le peuple retrouve son rythme.
Ce moment de régularisation des collaborateurs des médias publics constitue une balise dans l’histoire des réformes administratives mauritaniennes. Il ne s’agit pas seulement d’un dossier réglé, mais d’un précédent, porteur d’une doctrine implicite : celle d’un État qui renoue avec la dette morale qu’il a longtemps contractée envers ses propres serviteurs invisibles.
Mohamed Ould Echriv Echriv