Réforme des retraites : le programme d’une semaine de bras de fer acharné

« Nous tiendrons jusqu’au retrait ! » Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez donne le ton dans le « Journal du dimanche ». A la veille du début d’une intense semaine de négociations sur la réforme des retraites, l’hebdomadaire organise la confrontation entre le Premier ministre Edouard Philippe et le leader syndical, regonflé par la mobilisation massive du 5 décembre.

Jeudi, entre 800 000 et 1,5 million de personnes sont descendues dans les rues, point de départ d’un mouvement social qui paralysera encore les transports au moins jusqu’au début de semaine.

La une du JDD. Qui va céder ? Avec l’interview de Philippe Martinez, les confidences d’Edouard Philippe et ce qu… https://t.co/jPTVIlaUh5L’exécutif s’active de son côté pour sauver sa réforme des retraites. « Si on ne fait pas une réforme profonde, sérieuse, progressive aujourd’hui, quelqu’un d’autre en fera une demain brutale, vraiment brutale », menace dans le « JDD » le chef du gouvernement, « déterminé » à mener « jusqu’à son terme » le projet de système universel de retraite par points voulu par Emmanuel Macron.

Pour tenter de sortir de l’ornière, le calendrier de l’exécutif s’accélère. Tout le week-end, des consultations ont lieu à Matignon.

Le gouvernement parviendra-t-il à éteindre l’incendie d’ici-là ? Rien n’est moins sûr, vu la réponse apportée par Philippe Martinez à l’hypothèse d’une transition sur dix ou quinze ans entre les régimes actuels et le futur système : « Ce sera non ».

Ce dimanche soir : Emmanuel Macron et Edouard Philippe réuniront à l’Elysée les ministres concernés par le dossier.

Lundi 9 décembre : en compagnie de la ministre des Solidarités Agnès Buzyn, le haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye présentera aux partenaires sociaux les conclusions de sa longue concertation. Dans le même temps, les trois premiers syndicats de cheminots (CGT, Unsa et SUD) ont appelé à amplifier la grève. Lundi s’annonce également comme un jour noir dans les gares et stations franciliennes. La SNCF recommande aux usagers d’éviter les Transiliens, l’affluence attendue dans les gares d’Ile-de-France s’annonçant « très dangereuse » pour la sécurité des voyageurs.

Mardi 10 décembre : une deuxième grande journée de grève et de manifestations est prévue à l’appel de l’intersyndicale FO-CGT-SOlidaires-FSU et de quatre organisations de jeunesse. Dans la capitale, le préfet de police a de nouveau pris un arrêté obligeant les commerces situés sur le parcours du cortège parisien, entre Invalides et Denfert-Rochereau, à fermer.

Mercredi 11 décembre : à 12h au Conseil économique, social et environnemental (CESE), Edouard Philippe détaillera son plan consistant à fusionner les 42 régimes de retraite existants. « On pourra apporter des réponses extrêmement positives pour beaucoup de gens qui subissent des injustices dans le système actuel : les femmes, les agriculteurs, et ceux qui ont des parcours hachés notamment », assure-t-il.

Jeudi 12 décembre : certaines voix, à la CGT, évoquent déjà un troisième round de mobilisation dans la rue.

« Je ne veux pas que nos petits-enfants nous disent : ’tu as pu partir à tel âge, mais en contrepartie, tu as sacrifié ma retraite’ »

, fait-il valoir.

Les professionnels du commerce et du tourisme inquiets

La mobilisation s’est d’ores et déjà inscrite dans la durée. De nouveaux défilés ont eu lieu samedi, coagulant les colères : des marches contre le chômage et la précarité prévues de longue date ont rassemblé selon le ministère de l’Intérieur 23.500 personnes en France, dont des « gilets jaunes » et des militants syndicaux mobilisés sur les retraites.

En attendant, le trafic reste fortement réduit ce dimanche à la SNCF, avec 1 TGV sur 6, 15% des Transiliens (RER SNCF et trains de banlieue) et 2 TER sur 10 (grâce à des bus) en circulation. La RATP ferme de son côté 14 lignes de métro sur 16. Lundi, 10 lignes seront fermées.

Les professionnels du commerce et du tourisme commencent à s’inquiéter des conséquences d’un mouvement social potentiellement durable. Ainsi à Lyon, les hôtels sont loin de faire le plein, alors qu’il est habituellement impossible de trouver une chambre en ville pendant le long week-end de la Fête des lumières.

Les oppositions, de droite comme de gauche, sont quant à elles en embuscade, à l’image du président LR de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand. « Catastrophique », la méthode d’Emmanuel Macron « restera comme un cas d’école d’amateurisme : c’est le président lui-même qui a semé le trouble en tergiversant sur l’âge pivot » en deçà duquel une décote serait appliquée, « puis en évoquant la ’clause du grand-père’ » réservant l’entrée dans le futur système aux seules nouvelles recrues, tranche-l’ex-ministre dans « le Parisien ». « Il a réussi à faire peur à 30 millions d’actifs ! Il doit répondre à leur colère ».

Martine Aubry a de son côté dénoncé la « brutalité » des réformes du gouvernement. La maire PS de Lille, ex-ministre du Travail, juge ainsi qu’elles touchent au « pacte social qui lie les Français ».

nouvelobs

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