Quand le Palais se transforme en théâtre de la désinformation : une visite qui fait grincer des dents
Théâtre
Ah, les rencontres au sommet ! Ce mardi, le Palais présidentiel de Nouakchott a accueilli Son Excellence le Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, comme une célébrité accueillant un fan inconditionnel. Et qui était ce VIP ? Thibault Bruttin, le Directeur général de Reporters Sans Frontières. Une poignée de main, des sourires échangés et un communiqué qui promettait monts et merveilles concernant la liberté de la presse en Mauritanie. Tout cela sentait bon l’échange diplomatique… jusqu’à ce qu’on ouvre les yeux.
Le communiqué officiel a pris des airs d’optimiste, évoquant les « progrès importants » réalisés dans le domaine des libertés, avec la Mauritanie en tête de liste, selon le dernier rapport de RSF. Ah, quelle belle histoire! Une épopée digne des plus grands récits épiques, sauf que la réalité se dévoile comme un mauvais feuilleton aux rebondissements prévisibles.
En effet, cette rencontre, bien que parée d’une aura de légitimité, semble davantage être un habillage soigneux des enjeux du pouvoir qu’un véritable plaidoyer pour la liberté d’expression. Entre les applaudissements de la scène officielle, la presse se retrouve souvent dans le rôle du figurant, muselée et réduite au silence, comme un acteur oublié dans l’ombre d’un projecteur.
Il faut bien comprendre que ces visites au Palais, ponctuées de salutations cordiales et de promesses éthérées, n’ont pas pour but de célébrer une réelle avancée en matière de liberté de la presse. À contrario, elles alimentent une image lisse et polie d’un pays en pleine renaissance démocratique. Pendant ce temps, sur le terrain, les journalistes continuent de jongler avec les pressions, les menaces et les intimidations, comme des trapézistes sur un fil instable.
Ces échanges officiels, entourés de ministres bien en place, pourraient faire croire à un progrès inéluctable, mais n’oublions pas que la liberté de la presse n’est pas une question de rapport en papier glacé ou de sourires figés devant les caméras. Non, elle se forge dans la lutte quotidienne, face à l’adversité de ceux qui veulent étouffer la vérité.
En résumé, cette visite de Thibault Bruttin pourrait bien illustrer une tendance inquiétante : celle d’une ONG qui préfère vendre une image de progrès, tout en ignorant le contrôle serré sur l’information. La vraie liberté de la presse, celle qui pousse les journalistes à braver le danger pour défendre la vérité, ne se limite pas à des discours officiels ou des communiqués enjolivés. Elle se vit, se défend et, par-dessus tout, se mérite. Alors, levons nos verres de thé à la menthe, mais un peu de prudence : ces belles paroles ne remplacent jamais la réalité du terrain. Santé !
Ahmed OULD BETTAR