Accueil |

PROFIL DE CAS. Ould Bouamatou ira-t-il au Paradis ?

PROFIL DE CAS. Ould Bouamatou ira-t-il au Paradis ?
Difficile de répondre à cette question. Difficile de répondre à cette question parce que seul Allah le Tout Puissant sait qui ira au paradis et qui ira de l’autre côté. Et c’est peut être pourquoi, l’adage Wolof dit «Ken bougueu deeh ak Ken bougueu Gawoul deeh» ce qui pourrait se traduire par : « Personne ne veut vraiment mourir et personne ne veut mourir tôt ».
En principe pour obtenir son ticket pour le paradis, il faut avant tout accumuler beaucoup plus de bonnes notes que de mauvaises. Et c’est là le problème. Un problème qui se posera à chacun de nous et qui se posera aussi à Ould Bouamatou.
Certains se poseront la question de savoir pourquoi j’ai choisi d’évoquer le cas de Ould Bouamatou. En réponse, je leur dirais que c’est parce que Ould Bouamatou est une Légende à part entière et même un cas d’Ecole.
Certains de mes collègues journalistes se diront ça y est, le « Chighali Pesh » entre en action. Quoiqu’il en soit je m’en fiche de ce qu’ils diront comme je m’en fiche de la fortune de Ould Bouamatou ce Mécène qui ne demande à personne de chanter ses louanges, parce que Ould Bouamatou, qui possède une fortune colossale, n’a pas besoin de journalistes pour chanter ses louanges. Il a « ses propres journalistes » nationaux et internationaux payés et bien payés pour chanter ses louanges.

Ould Bouamatou, une richesse en ascendance continue.

Mohamed Ould Bouamatou est l’un des hommes les plus riches de Mauritanie ce qui n’est un secret pour personne. Il avait débuté dans la vie active du pays en tant qu’instituteur. Peut être parce qu’il avait dans le sang plus de chromosomes pour l’argent que pour la craie, (ou peut-être parce qu’il est simplement visionnaire), en tous cas très tôt, il était sorti du chemin tumultueux de l’enseignement pour se lancer dans le Business.
À 22 ans, il plonge carrément dans le monde des affaires en rejoignant la SOMIPEX, une société spécialisée dans l’import-export. Deux ans plus tard, en 1977, il est promu directeur général adjoint de cette entreprise pour ses compétences, son honnêteté morale, ses capacités intellectuelles et pour sa rigueur dans le travail.
En 1983, il fonde sa propre entreprise, la Cogitrem, et, grâce à elle il réussit ses premières percées économiques et financières au Sénégal et au Mali.
À la fin des années 1980, il devient le représentant exclusif du bouillon Jumbo dans son pays. Ce succès remporté par l’approvisionnement du marché de ce produit nouveau pour les consommateurs nationaux, donne une valeur ajoutée à l’homme d‘affaire à qui les partenaires commençaient faire confiance.
A partir de cette date c’est le début du sprint vers le succès et la fortune. Il envoute Philip Morris, et force l’Admiration de Nissan.
Après ses douze premières années passées de succès en succès, à 42 ans, il s’offre la première banque privée du pays, la Générale de Banque de Mauritanie (GBM).
Depuis cette entrée dans l’environnement fudiciaire et monetaire, les médailles d’or de la réussite n’ont cessé de s’accumuler. Il compose avec les assurances, flirte avec la téléphonie mobile et voyage en first sur la Mauritania Airways une compagnie aérienne née au forceps financier grâce à une partie de son immense fortune.

Ould Bouamatou. Véritable machine à sous ambulante.

Ce que je viens de dire de Ould Bouamatou décrit le profil d’un Nordiste qui est une véritable légende. Mohamed Ould Bouamatou est un homme pas comme les autres. Un mauritanien pas comme les autres. Un nanti pas comme les autres. Il n’est pas un mauritanien comme les autres, parce que simplement, il avait compris très tôt, que la fortune n’ouvre l’accès au succès des bonnes affaires qu’à ceux qui savent donner, qui savent beaucoup donner, qui n’arrêtent jamais de donner. Le succès ne vient qu’à ceux qui donnent avec tact, grandeur, noblesse mais surtout avec intelligence.
Et c’est cette pédagogie didactique du sonner à qui il faut donner qui a permis à Mohamed Ould Bouamatou de se forger un nom, de se forger une popularité qui ont étendus sa réputation à travers le monde.
Mohamed Ould Bouamatou est né pour donner, pour partager avec les autres une partie de son immense fortune accumulée à l a sueur de son front, un front que personne ne peut baisser. Depuis la production de ses premiers caramels jusqu’à la parution de cet article, Mohamed Ould Bouamatou n’a pas cessé de donner. De donner à ceux qui le méritent et même de donner à ceux qui baignent dans une ingratitude abjecte.
Véritable chariot d’arrosage financier, Mohamed Ould Bouamatou a toujours donné. Donné des véhicules, de l’argent, des maisons, des opportunités de travail, des aides humanitaires et même des financements de projets.
Il donne sans distinction aucune. Il a donné aux bons, il a donné aux mauvais. Il a donné à des gens reconnaissants mais aussi à des ingrats et même à des vauriens. A une époque, et au sommet de sa gloire, il a donné à des présidents, à des ministres, à des généraux, à des hommes d’affaires. Il donnait aux maures blancs, aux maures noirs, aux noirs-noirs (soninkés, Wolofs et Peuls), Des mauritaniens, personnalités publiques ou religieuses ont empochés son argent., des griots, des forgerons, des chérifs, des guerriers, des marabouts ont chanté ses louanges. C’est pourquoi, tout le monde le convient, Ould Bouamatou est un mécène discret, qui pose ses actes avec grandeur, noblesse et aristocratie.
Certains se diront que peut-être, je suis passé au guichet et que c’est pourquoi je chante moi aussi les louanges de cet homme d’exception. Je connais Ould Bouamatou comme ma poche toujours vide. Je l’ai soutenu par des articles au moment où il était pourchassé judiciairement et injustement par Ould Abdel Aziz un président qui ne brille pas par sa reconnaissance. Le soutien que je lui avais apporté au moment de son exil forcé politique m’avait couté ma carrière professionnelle. Peu de gens le savaient. Mais tout ce que j’avais fait à l’époque je l’avais fait pas conviction personnelle. Et surtout parce que Ould Bouamatou n’est pas un mauritanien comme les autres. C’est une dimension hors pair de la générosité, de l’honnêteté et de l’amour pour son prochain. C’est peut-être le seul Mécène au sens religieux du mot.

Cette fortune immense permettra-t-elle de payer un ticket pour le Paradis ?

Dans sa folie de jeunesse et d’adolescence, Mohamed Ould Bouamatou a peut-être tout fait. Peut-être même plus de choses négatives que de choses positives. C’est la voie qu’empruntent tous les jeunes nés dans les grandes agglomérations à un moment de leur vie. Ould Bouamatou a-t-il « charité » une partie de sa fortune pour éponger certaines de ses dettes envers le créateur ou pour convertir ses agissements négatifs de sa jeunesse en agissements positifs pour son âge avancé. Peut-être. Ce que je crois fermement plutôt c’est que la charité sociale et humanitaire de Ould Bouamatou est une vertu innée chez cet homme très humble, très courtois mais surtout extrêmement généreux. Une générosité qui se fait sans tapage et parfois même frôlant le « Secret d’Etat ».

Quand les officiers font de la manche.

Pour la petite anecdote. Il y’a quelques années un officier supérieur, un ami (dont je vais taire le nom), avait un besoin crucial et urgent d’argent. Il m’a demandé conseil pour trouver une solution expresse à son problème. Je lui ai dit : « va voir Ould Bouamatou il te règlera ce problème sans hésiter». Il m’a répondu « Je sais qu’il règlera mon problème si je le vouais. Mais le problème c’est comment je le voir ! ». Je lui ai dit : « le voir j’en fais mon affaire ». Et effectivement par mes propres voies de recours j’avais obtenu pour lui, un rendez-vous pour le jour suivant.
Le lendemain en route pour le rendez-vous fixé par Bouamatou, j’avais dit à l’officier supérieur : « Tu seras reçu par Ould Bouamatou. Ce n’est pas donné à n’importe qui d’avoir un rendez-vous avec ce banquier généralement très pris par son travail. Je te conseille de lui demander un prêt pour tout le montant dont tu as besoin pour régler définitivement tes problèmes » Parce qu’effectivement il avait bien des problèmes sérieux d’argent.
Quand nous sommes arrivés à la Banque nous avons été dirigés à l’étage où se trouvait le bureau de Ould Bouamatou, ses collaborateurs l’appellent le « Président ». L’officier a été annoncé à Ould Bouamatou qui a demandé à son protocole de nous faire attendre quelques instants dans une grande salle qui semblait être une salle de réunion annexée à son bureau.
Quelques minutes plus tard, Ould Bouamatou en chemise blanche et en cravate est entré par une porte intérieure qui donne accès à la salle où on attendait mon compagnon et moi. Il nous a salué très poliment à tour de rôle en parlant (un style américain). Il s’est excusé de n’avoir pas pu accueillir le visiteur à son arrivée, parce qu’il présidait une réunion importante. « Qu’est ce je peux faire pour vous » a-t-il dit en s’adressant l’officier supérieur. En ce moment je suis sorti pour les laisser seuls. L’entretien des deux hommes n’a pas duré plus de deux minutes. Bouamatou a ouvert la porte et s’adressant à moi avait dit « conduisez-le en bas, adressez vous à tel Monsieur il vous attendra».
En descendant les escaliers j’ai demandé à l’officier s’il avait demandé à Ould Bouamatou un montant qui règlerait définitivement tous ses problèmes. Il m’a répondu : « je lui demandé un million ».
J’ai sursauté. « Un million ? Mais ça ne va pas. On ne saisit pas une telle opportunité avec Bouamatou pour lui demander seulement un million. » Il m’a dit « avec un million tous mes problèmes seront réglés. »
Nous sommes donc descendus aux guichets où nous attendait un responsable qui nous a accueilli très poliment dans son bureau. Sur son bureau un paquet d’argent ficelé était posé. « Voilà ! Il y‘a là un million. Vous pouvez vérifier ! » Il s’adressait à moi par politesse pour celui à qui le montant était destiné.
L’officier s’adressant au responsable avait dit : « Vous pouvez s’il vous plait me donner un papier pour vous faire un reçu ou une décharge ? » le responsable a répondu : « le Président ne m’a pas dit de vous faire faire un reçu. » Ce qui signifie dans le jargon interne de la Banque que le montant est un don et non un prêt.
Une anecdote pour vous donner une idée de la générosité de cet homme hors du commun.

La charité sanitaire humanitaire et sociale.

Mais ce qui est le plus remarquable et louable chez ce mécène, c’est l’hôpital ophtalmologique de sa fondation destiné au traitement des pauvres aveugles ou mal voyants. J’étais allé la semaine dernière pour la première fois dans cet hôpital pour faire voir par le Professeur Hamahoullah, (le meilleur ophtalmologue de ce pays), mes vieux yeux qui commençaient à me lâcher.
Dans le Hall, j’ai été accueilli par une pancarte où on pouvait lire : « Ici tout est gratuit, depuis la consultation jusqu’à la fourniture de lunettes. » exactement ce qu’il fallait pour moi, moi qui suis aussi un indigent, parce que l’un des plus pauvres journalistes de ce pays.
L’hôpital était bondé de personnes. Pas de place pour s’assoir, pas de place pour se tenir debout, pas de place pour passer. Des patients apparemment très pauvres et d’âges avancés, il y’en avait partout. Plein le Hall, plein les salles d’attentes, plein les couloirs, plein les salles de consultations. Des vieilles, des vieux, des enfants. Des maures blancs, des maures noirs, des noir-noirs (soninkés, polars, wolofs). En plus de tous ces pauvres, j’étais là moi aussi. L’hôpital était propre. Les employés très bien habillés. Dans les salles techniques le matériel et les équipements semblaient être de dernières générations.
L’hôpital ophtalmologique de la Fondation Ould Bouamatou est une structure médicale de référence qui dispose d’un plateau de consultations et de traitements qui résout à lui seul 75 % des besoins de traitements de toutes les maladies et infectons oculaires. Financé entièrement sur les fonds propres de la fondation de Ould Bouamatou, cet hôpital est le refuge sanitaire des plus démunis de ce pays de quatre millions d’habitants.
L’Hôpital Bouamatou est le plus important et le plus volumineux investissement social et humanitaire réalisé par un homme d’affaires dans notre pays. Je n’ai pas malheureusement les statistiques des prestations de services de cet hôpital de référence médicale ouvert en 2001. Mais si on calcule ses prestations de services (toutes confondues) sur la base moyenne de l’accueil et le traitement de 120 personnes par jour, (cinq jours par semaine), on peut affirmer sans se tromper que Ould Bouamatou a apporté assistance humanitaire et sociale à plus de 770.000 patients pris entièrement en charge par sa Fondation.
770.000 patients, c’est aussi 770.000 bons points qui joueront peut-être positivement dans la balance qui contribuera à laisser passer Ould Bouamatou au Paradis. Bien que rien n’est sure en ce qui concerne le sort réservé à chacun de nous à l’au-delà, ce qui est certain, c’est que toutes ces actions humanitaires accomplies par Ould Bouamatou vont peser lourd dans le plateau des actes positifs posés par ce Mécène qui se détache du lot.
Mais comme au final c’est Allah qui décide qui ira au Paradis et qui ira en enfer, peut-être bien que sa clémence et sa miséricorde pourront donner une chance à Ould Bouamatou de se reposer à l’au-delà dans les vastes prairies de son Saint Paradis.
Je dirais même que peut-être après tout, si depuis 41 ans, Ould Bouamatou donne, donne et donne encore et sans arrêt, c’est possible que ce soit pour essayer de mettre à son profit le plus de chances possibles pour ne pas aller en enfer, un enfer où des places ont déjà été réservées pour des personnes que Ould Bouamatou ne souhaite pas rencontrer à l’au-delà à cause du mal qu’il lui ont fait au moment même où, ici-bas, il avait tellement besoin de leur soutien.
Mohamed Ould Chighali
Journaliste indépendant

.

Articles similaires