Procès de l’ancien président Ould Abdel Aziz : le « dossier de la décennie » secoue la Mauritanie
À l’approche du verdict dans le procès historique de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, accusé de corruption, détournement de biens publics et enrichissement illicite, la justice mauritanienne entre dans une phase décisive. Une affaire aux enjeux juridiques et politiques majeurs.
Publié le 14 mai 2025 | Nouakchott | Catégorie : Actualités Politiques en Mauritanie | Rapide Info
Une première dans l’histoire judiciaire mauritanienne
Mohamed Ould Abdel Aziz, président de la République de 2009 à 2019, comparaît depuis janvier 2023 devant le tribunal de Nouakchott Ouest. Il est poursuivi pour des faits présumés de corruption, détournement de biens publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux.
Ce procès fait suite au rapport explosif de la Commission d’enquête parlementaire (CEP) en 2020, qui avait mis au jour plusieurs irrégularités dans la gestion de projets publics d’envergure, comme le Port de Nouakchott, les marchés pétroliers ou la vente de terrains de l’État.
Les principaux chefs d’accusation :
- Corruption
- Blanchiment de capitaux
- Enrichissement illicite
- Abus de pouvoir
- Détournement de biens publics
Une défense qui crie au procès politique
Les avocats de l’ex-président dénoncent un procès « politique » visant à neutraliser une figure encore influente. Selon Me Mohameden Ould Ichidou, l’ancien président ne peut être poursuivi pour des décisions prises dans l’exercice de ses fonctions. Il invoque ainsi l’article 93 de la Constitution relatif à l’immunité présidentielle.
« Il n’y a pas de délit à gouverner. Mon client a agi dans le cadre de ses fonctions souveraines », a déclaré Me Ichidou lors d’une audience en mars.
La partie civile : « La transparence est en jeu »
Pour la partie civile, ce procès est au contraire une exigence démocratique. Me Ebety insiste sur la nécessité d’établir les responsabilités :
« Ce n’est pas un procès contre un homme, mais pour un principe : la transparence de l’État. »
De son côté, Lo Gourmo Abdoul, juriste et homme politique, affirme que cette affaire pourrait « fonder une nouvelle culture de la responsabilité publique en Mauritanie ».
Objectifs de la partie civile :
- Établir la vérité sur l’usage des deniers publics
- Faire jurisprudence pour les futures affaires de gouvernance
- Obtenir réparation pour les préjudices subis par l’État
Quels scénarios à l’horizon ?
Plusieurs issues sont possibles :
- Relaxe : si les preuves sont jugées insuffisantes ou non recevables
- Condamnation : avec confiscation de biens et peines de prison
- Renvoi partiel : si le tribunal estime que certains aspects du dossier nécessitent un complément d’enquête
Verdict attendu :
Le jugement est prévu dans les semaines à venir. Il pourrait faire date et changer durablement la perception de l’impunité politique en Mauritanie.
Un procès scruté par toute la nation
La société civile, les médias et les partenaires internationaux suivent de près cette affaire. L’opinion publique reste partagée entre attente de justice et méfiance envers les institutions.
« Ce procès est un tournant. Il dira si notre justice est capable de s’auto-réformer », estime un observateur juridique local.
Chronologie du dossier
- 2020 : Rapport de la Commission d’enquête parlementaire (CEP)
- 2021 : Ouverture de l’instruction judiciaire
- 2023 : Début du procès
- 2025 : Verdict attendu
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