Pourquoi en Mauritanie persistons-nous à nous enfermer dans cette médiocrité qui consiste à s’insulter à travers nos communautés ?
Pourquoi avons-nous accepté que le discours public soit pollué par la haine, les stigmatisations et les attaques identitaires ? Dans quelle Mauritanie vivons-nous réellement ?
Ces interrogations ne sont pas des provocations, elles sont le reflet d’un malaise profond. Car, au lieu de bâtir un pays uni autour de valeurs de justice, d’égalité et de respect, nous avons laissé prospérer une culture de division. Les fractures communautaires sont devenues des armes politiques, entretenues par ceux qui ont intérêt à voir le peuple se déchirer pour mieux régner.
Or, aucune nation ne peut se développer durablement dans l’insulte et le mépris. Le respect mutuel n’est pas un luxe, c’est la base de la vie commune. L’insulte fragilise la cohésion sociale, elle détruit la confiance entre citoyens, elle enracine la méfiance là où il devrait y avoir solidarité. Chaque mot de haine lancé contre une communauté est en réalité une pierre jetée contre la Mauritanie tout entière.
Nous devons avoir le courage d’admettre que la dignité de chaque citoyen ne peut être négociée. Elle ne dépend ni de la langue qu’il parle, ni de la couleur de sa peau, ni de son origine. Elle est inaliénable, elle est le socle même de la citoyenneté. Et c’est seulement sur ce socle que peut se bâtir une Mauritanie réconciliée avec elle-même.
À quand donc ce minimum de respect et de considération que nous réclamons ? La réponse dépend de nous tous. Elle dépend de la capacité de nos élites à dépasser les calculs politiciens. Elle dépend de l’engagement de nos leaders à promouvoir un discours rassembleur. Mais surtout, elle dépend du peuple mauritanien lui-même, qui doit refuser d’être pris en otage par la haine.
Construire une Mauritanie digne, c’est rompre avec la facilité des insultes pour entrer dans la responsabilité du dialogue. C’est transformer nos différences en richesses et non en prétextes de divisions. C’est affirmer haut et fort que nous voulons vivre ensemble, non pas côte à côte dans la méfiance, mais unis dans le respect.
L’heure est venue de dire : assez ! Assez de l’indignité, assez des humiliations, assez des fractures qui nous condamnent à la stagnation. L’histoire nous appelle à bâtir un pays où chaque Mauritanien, sans distinction, peut marcher la tête haute, fier de son identité et respectueux de celle des autres.
Tel est le combat de notre génération : faire de la Mauritanie non pas un champ clos d’insultes communautaires, mais une patrie de justice, de respect et de considération.
Le 30 septembre 2025
Mohamedou Moustapha Bâ