Pour renforcer l’unité de notre nation et conforter le rôle de l’arabe, il faut officialiser les langues négroafraicaines
Pour renforcer l’unité de notre nation et conforter le rôle de l’arabe, il faut officialiser les langues négroafraicaines
Il faut le dire et le répéter : les ennemis irréductibles de la langue arabe sont ceux qui en font un instrument de discrimination, de domination et d’oppression. Ce sont les chauvins qui poussent au rejet de » leur » langue par les non-arabes et entraînent des réactions extrémistes et parfois irrationnelles chez les victimes en encourageant l’étroitesse d’esprit chez certains, comme partout dans le monde où des politiques de séparation des peuples sévissent. L’arabe est parlée par la grande majorité du peuple, dans sa version locale, le hassaniya. Elle a toujours servi de langue d’ouverture et d’unité librement consenties au sein et entre nos communautés, bien avant que le français, langue venue avec les colons, ne s’impose aux peuples africains du Nord et du Sud de notre espace géographique. Maintenant, avec de plus en plus d’évidence, cette belle et si pratique langue est instrumentalisée par une petite minorité d’irresponsables, au sein comme en-dehors de l’Etat, pour semer la haine et la division entre mauritaniens, nos communautés constitutives, nos élites. Au motif que seule l’arabe est langue officielle au plan constitutionnel, ils utilisent l’arabe comme arme de sélection massive anti-méritocratique refoulant de plus en plus les membres des autres communautés hors des espaces publics, jusqu’aux limites extrêmes de leur nationalité et de leur citoyenneté. Mais le fait est que cette même constitution déclare l’égalité entre tous les Mauritaniens qui ne sauraient être discriminés par la langue, la race, l’ethnie, la tribu, la caste, etc. Elle déclare également que sont « langues nationales », les 3 autres langues négroafraicaines du pays. Et ce n’est pas de » langues folkloriques » dont il s’agit. En fait, notre constitution est elle-même incomplète et handicapante sur ce point. Elle est désarticulée et clivante, car elle ne reflète qu’une partie de notre réalité ethnolinguistique. D’extraction française, elle a été hâtive et mimétique sur ce point. En vérité, la solution à la Française d’une langue officielle unique pour un pays multiethnique est attentatoire aux autres valeurs contenues dans notre constitution qui reconnaît explicitement notre diversité culturelle, précisément à la différence du modèle français qui la nie au nom d’une prétendue unicité équivoque de la nation et de la lutte parodique contre le
« communautarisme« .
Si l’on veut mettre fin aux difficultés qui s’amplifient et aux graves risques inhérents aux problèmes identitaires, il faut compléter notre constitution en officialisant toutes les langues nationales, comme au Maroc et en Algérie, dans notre voisinage immédiat du Nord. Cela renforce la cohésion nationale. L’arabe n’y perd rien. Bien au contraire, elle y gagne à tous les coups, à côté des autres langues du pays. La confiance et la fierté pour tous seront enfin instaurées, car le statu quo actuel nie ces deux vertus cardinales de toute république digne d’elle-même et n’est donc pas viable. Il faut changer la constitution et officialiser toutes les langues pour redonner espoir à notre nation arc-en-ciel, à l’instar de l’Afrique du Sud…
Gourmo Lô 23 janvier 2023