Porte-parole du gouvernement : Et si la Mauritanie osait enfin une voix féminine ?
La Mauritanie n’a jamais eu de femme porte-parole du gouvernement. Pourtant, plusieurs ministres pourraient remplir ce rôle avec brio. Analyse d’un débat politique relancé.
Alors que la Mauritanie n’a jamais connu une femme comme porte-parole officielle du gouvernement, des figures politiques féminines émergent avec force, affirmant leur capacité à incarner cette fonction stratégique. L’épisode récent entre la ministre de l’Éducation nationale et le porte-parole actuel relance le débat : pourquoi ne pas franchir ce cap historique ?
Nouakchott – La scène s’est déroulée lors d’un conseil des ministres retransmis dans un extrait vidéo largement relayé : la ministre de l’Éducation nationale, connue pour son ton direct et ferme, a interrompu le porte-parole du gouvernement, Ould Meddou, qui utilisait un style journalistique très lyrique pour présenter les avancées sociales du régime. Dans une démarche assertive, elle a recentré le propos sur des faits concrets, rappelant à l’ordre le discours officiel dans ce qu’il a de plus rigoureux.
Au-delà du simple accrochage rhétorique, cet échange a réveillé une question plus vaste et plus profonde : la Mauritanie est-elle prête à désigner une femme porte-parole du gouvernement ?
Une fonction-clé, jamais féminisée
Depuis l’indépendance, la fonction de porte-parole du gouvernement a toujours été occupée par des hommes. Et pourtant, les femmes ministres n’ont jamais été aussi présentes qu’aujourd’hui dans les rouages de l’exécutif mauritanien. Que ce soit au ministère du Commerce, de l’Éducation nationale ou encore de l’Action sociale, plusieurs d’entre elles portent avec compétence et autorité la vision du président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.
Le président, qui a mis l’accent sur une gouvernance inclusive et équitable, pourrait marquer un tournant fort en confiant cette fonction stratégique à une femme. Non pas en vertu d’un principe de parité symbolique, mais en reconnaissance du leadership concret dont font preuve certaines ministres.
Des profils féminins prêts à relever le défi
Deux noms reviennent avec insistance dans les cercles politiques :
La ministre de l’Éducation nationale, dont l’intervention lors du dernier conseil a été saluée pour sa clarté et son autorité. Elle maîtrise parfaitement les dossiers, incarne une communication disciplinée, directe, et sait imposer le tempo dans un univers encore très masculin.
La ministre du Commerce, réputée pour son efficacité, son discours maîtrisé et sa fidélité à la ligne présidentielle. Sa nomination en tant que porte-parole pourrait accélérer la mise en œuvre du programme « Taahoudaty », en donnant une nouvelle impulsion à la communication gouvernementale, tournée vers l’action.
Toutes deux sont des militantes actives du parti au pouvoir, El Insaf, et symbolisent une nouvelle génération de responsables politiques, loyales au programme présidentiel mais dotées d’un sens aigu des responsabilités publiques.
Un enjeu de crédibilité et de modernité
La communication gouvernementale est devenue un levier stratégique. Il ne s’agit plus seulement d’annoncer des décisions, mais de convaincre, d’incarner une vision, de défendre un bilan. En cela, une femme ministre bien choisie pourrait incarner à la fois la continuité politique et l’évolution sociétale.
En Mauritanie, où les mentalités évoluent à pas mesurés, la nomination d’une porte-parole du gouvernement serait un signal fort : celui d’un pouvoir qui fait confiance aux compétences, sans distinction de genre. Cela renforcerait la crédibilité des institutions auprès d’une jeunesse en quête de repères modernes, mais aussi sur la scène internationale où la question de la représentativité féminine est scrutée.
Conclusion : Un symbole au-delà des mots
En politique, les symboles comptent. Faire d’une femme la voix officielle du gouvernement ne serait pas qu’un geste politique : ce serait un acte de confiance dans une nouvelle génération de dirigeantes capables de porter avec lucidité et fermeté la parole de l’État. La Mauritanie en a les talents. Reste à franchir le pas.
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