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La Nouvelle Plateforme de Signalement Citoyen en Mauritanie: Une Révolution Numérique au Service de l’Ethique

Découvrez comment la Mauritanie modernise son cyberespace avec une plateforme de contenu illicite, alliant valeurs islamiques et technologies. Chaque citoyen devient un acteur de la régulation éthique en ligne.

Fini les likes en roue libre et les stories qui partent en freestyle post-iftar : la République numérique mauritanienne passe la deuxième. Le ministère de la Transformation numérique et de la Modernisation de l’administration vient de dégainer une plateforme pour dénoncer le contenu illicite en ligne. Pas un gadget. Pas un effet d’annonce. Une vraie interface, pensée comme un minbar 2.0, pour que tout citoyen, imam ou geek repenti puisse dire : « ce tweet, Wallahi, c’est haram » — et le signaler direct à l’autorité.
Techniquement, c’est ce qu’on appelle une interface de signalement citoyen. Un formulaire digital, multilingue (arabe et français, évidemment), où l’utilisateur peut dénoncer une publication, un post, un site ou même une vidéo TikTok qui traverse la ligne rouge des valeurs islamiques, sociales ou juridiques du pays. Tu balances l’URL, tu charges la capture, tu rédiges ine hadha munkar, et hop, ton rapport est dans la base.
Mais ne nous y trompons pas. Cette plateforme n’est pas une boîte à plaintes pour frustrés en ligne. C’est une brique dans le chantier complexe de la souveraineté digitale mauritanienne. Un outil d’intelligence normative collective, où chaque internaute devient un acteur de la régulation éthique.
Le cyberespace mauritanien, jusqu’ici, c’était un peu le souq sans police. Entre pages Facebook aux titres sulfureux, chaînes YouTube douteuses et influenceurs en roue libre, l’autorité manquait d’yeux — et parfois de bras. Désormais, ce sont les citoyens eux-mêmes qui deviennent les radars de l’éthique. À l’heure du deep fake et du shitpost islamophobe, la cyberoumma se dote de ses propres outils de veille.
Et c’est là où la modernité prend un accent local : cette plateforme, ce n’est pas qu’un firewall culturel, c’est un fiqh numérique. Un espace où le droit islamique, la morale sociale, et la gouvernance électronique se rencontrent. Un genre de data-sharia, où le clic devient un acte civique et spirituel.
Les plus critiques y verront un risque de dérapage vers la surveillance participative. On se rappelle tous du bon vieux « ton voisin est ton premier gendarme ». Sauf qu’ici, ce n’est plus une rumeur de quartier, mais un scan moral centralisé, un œil qui voit tout — non pas celui du Big Brother, mais du Big Ummah.
Mais pour les concepteurs, cette plateforme est d’abord un rempart contre la déculturation numérique, un moyen d’éviter que le cyberespace devienne un champ de mines sémantiques et morales.
Dans une époque où l’Internet global impose ses codes à coups d’algorithmes et de viralité brutale, la Mauritanie tente un contre-pied à la fois audacieux et contextualisé : réenchanter le numérique avec les valeurs nationales, sans renoncer à la modernité de l’outil. C’est une sorte de Silicon Dune, où la data s’agenouille devant la loi, et où le citoyen devient le muezzin d’une veille digitale permanente.
Plus qu’un simple bouton de signalement, cette plateforme est un miroir de ce que la Mauritanie veut devenir dans le cybermonde : connectée, mais pas dissolue ; numérique, mais pas amnésique ; moderne, mais pas déracinée. Un pari risqué, mais nécessaire. Car entre la viralité toxique et la décadence algorithmique, un clic de vigilance peut parfois valoir mille sermons.

Mohamed Ould Echriv Echriv

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