Pendant que l’algérien Smaïl Chergui fait ses bagages à Addis-Abeba…

Par Mohammed Boudarham le 08/02/2021 à 16h47 (mise à jour le 08/02/2021 à 16h54)

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Pendant que l’algérien Smaïl Chergui, ancien commissaire à l’Union africaine, fait ses bagages à Addis-Abeba pour affronter un destin des plus incertains à Alger, l’APS poursuit son œuvre de désinformation en évoquant des échecs du Maroc.

Un homme fait actuellement ses bagages à Addis-Abeba. Smail Chergui aura bien du mal à s’arracher de la villa cossue, payée 130.000 euros chaque année par le Trésor algérien. Il n’est pas sûr de maintenir son train de vie, une fois la capitale éthiopienne quittée, et il a surtout peur que sa hiérarchie ne le récompense pas pour les services qu’il a rendus.

Avant le début des travaux du 34e sommet de l’Union Africaine, tenu par visioconférence les 6 et 7 février, celui que l’on surnomme dans les couloirs de l’UA «the scavenger » («le charognard») avait manœuvré comme un délinquant politique pour faire sortir le dossier du Sahara du giron onusien et l’imposer dans l’agenda de l’UA. Il a proclamé tambour battant, dans l’agence d’Etat de son pays, l’APS, ainsi que dans les relais médiatiques affiliés au régime vert-kaki, c’est-à-dire la majorité écrasante des médias algériens, que la commission Paix et Sécurité, qu’il présidait, a inscrit le conflit du Sahara à son agenda. Il n’en a pas fallu davantage aux scribouillards de l’APS pour saluer avec des hourrah une «défaite du Maroc».

Fin décembre 2020, the scavenger est retourné à son pays prospecter si les maîtres d’Alger étaient contents de lui. Il s’est adressé directement aux généraux, leur faisant un compte-rendu détaillé de ses manœuvres pour contrarier le voisin de l’ouest. En se rendant chez les hauts gradés de l’armée, Smaïl Chergui confirme que le surnom de «mouchard», dont le qualifient ses collègues au ministère des Affaires étrangères, n’est pas volé.

Le 4 janvier 2021, Smaïl Chergui est parti prêcher un terrain conquis. Il a animé une «conférence» à l’école supérieure de guerre de Tamentfoust, dans la banlieue algéroise, pour dire que «la cause sahraouie reste parmi les priorités de l’UA». Le 3 février, soit trois jours avant le début du sommet de l’UA, Chergui a encore claironné dans la radio nationale algérienne que «le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (CPS) engage sa première action depuis la réinscription de la question du Sahara occidental à son agenda en préparant un sommet, prévu dans quelques jours, pour étudier la question du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination», selon un compte-rendu de l’APS.

En fait, il n’y a pas eu de sommet consacré au Sahara occidental par l’UA et il n’y en aura pas. Mieux que cela, Le360 a appris de sources sûres que le mot Sahara n’a pas été prononcé une seule fois durant les deux jours du sommet de l’UA. Si ce sujet n’a même pas été évoqué dans les discussions, comment peut-il être, ne serait-ce que furtivement, mentionné dans la décision qui sera rendue publique?

Que l’APS désinforme, cela est presque un pléonasme. Mais Smaïl Chergui, parti faire à la fois des relations publiques et livrer des renseignements aux galonnés, devrait savoir que les militaires algériens ne font pas dans la dentelle quand ils sont contrariés. Or tout ce qu’a dit l’Algérien jusqu’ici sur le Maroc s’est révélé faux.

L’autre désinformation de l’APS est tombée dimanche 7 février. Elle a pour nom «l’échec du Maroc à obtenir un poste au sein de l’UA». Pour saupoudrer le véritable échec des manœuvres algériennes à inscrire le Sahara au sommet de l’UA, l’APS a trouvé une parade: «en dépit des efforts et tentatives, tous azimuts, le Maroc n’a pas réussi à hisser son candidat Mohamed Seddiqi au poste de commissaire à l’agriculture, au développement, à l’économie bleue et à l’environnement, remporté par la candidate angolaise Josefa Sacko.»

Mais ce que ne dit pas cette fabrique de fake news, c’est que le processus des élections à l’UA est toujours en cours. Deux postes de commissaires, respectivement celui de l’Education, des Sciences et des Technologies ainsi que celui de la Santé et des Affaires sociales, restent à pourvoir au mois de juin. Et les régions qui vont doter ces deux postes de commissaires, respectivement un homme et une femme, sont l’Afrique du Nord, dont fait partie le Maroc, et l’Afrique de l’Ouest. Patientez jusqu’au mois de juin, gens de l’APS, avant de claironner que le Maroc a échoué à placer un commissaire à l’UA.

Malgré les efforts de l’agence officielle algérienne à maquiller la vérité, l’échec du tandem Algérie-Polisario est amer. Le soi-disant «ministre» sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, est parti se plaindre à l’APS, dimanche 7 février, que «si le Maroc n’est pas sanctionné pour ses agissements contraires aux principes de l’Acte constitutif de l’Union africaine (UA), c’est l’avenir de l’organisation qui « sera en jeu »». Quand on sait que les cadres du Polisario et de l’Algérie, biberonnés à l’école communiste, ne reconnaissent jamais, serait-ce qu’à demi-mot, un revers, la débâcle a dû être totale pour qu’un responsable polisarien en arrive à adresser des avertissements à l’Union africaine.

Smaïl Chergui n’a fait aucun commentaire après la clôture du 34e sommet de l’Union Africaine. Il est bien trop occupé par la contemplation de sa piscine et de sa Mercedes, et se demande si le régime va mettre à sa disposition une berline pareille à Alger. L’exemple d’un autre ambassadeur, Amar Belani, naguère thuriféraire du régime et pourfendeur du Maroc, n’incline pas à l’optimisme. Belani souffrirait actuellement de démence, dans une totale indifférence.

Et puis, pour un charognard, Alger n’est plus ce qu’elle était. Avec le prix de la sardine à plus de 8 euros le kilo, et celui de la viande rouge qui vient de dépasser le seuil de 10 euros, il va falloir se battre pour trouver dans les poubelles d’Alger, désormais pauvres, ne serait-ce que l’arête d’une sardine ou un os qui aura survécu à un couscous. Non, vraiment, l’avenir est des plus incertains pour Chergui, qui a laissé orphelins à Addis-Abeba des bébés scavengers, auxquels il n’a même pas appris l’art de se sustenter en faisant les poubelles.

Par Mohammed Boudarham

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