Pedro Sánchez alerte sur les menaces budgétaires pesant sur le développement durable à Séville
Lors d’un événement à Séville avant le sommet de l’ONU, Pedro Sánchez appelle à renforcer le multilatéralisme et à garantir un financement équitable pour lutter contre la pauvreté et le dérèglement climatique, tout en évitant la confrontation avec Donald Trump.
Séville – À l’ouverture d’un événement préparatoire au quatrième Sommet international des Nations Unies sur le financement du développement, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a lancé un appel pressant à la communauté internationale. Il a mis en garde contre les risques majeurs que font peser les coupes budgétaires sur la lutte contre la pauvreté, le dérèglement climatique et la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD).
Sans désigner nommément les États-Unis ni leur président, Donald Trump, le chef du gouvernement espagnol a néanmoins déploré le recul de l’aide publique au développement, rappelant l’importance cruciale du financement international. Selon des sources proches de la Moncloa, Sánchez entend adopter une posture mesurée dans les prochains jours afin d’éviter toute confrontation directe avec l’administration américaine, alors que les tensions entre Madrid et Washington ont récemment été ravivées par les désaccords sur les contributions aux dépenses de l’OTAN.
Lors de son discours à Séville, prononcé en présence notamment de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, Sánchez a appelé à « réaffirmer notre engagement en faveur du multilatéralisme, de la coopération et de la responsabilité partagée » dans un contexte marqué par « l’incertitude et des tensions géopolitiques croissantes ».
Soutenir les pays en développement et instaurer plus de justice fiscale
Le Premier ministre espagnol a présenté plusieurs propositions phares pour renforcer l’efficacité de l’aide internationale. Parmi celles-ci figurent la responsabilisation des pays bénéficiaires dans l’élaboration de leurs stratégies de financement, la mise en œuvre d’initiatives de conversion de dette en investissements, ainsi que la promotion d’une alliance en faveur de clauses de suspension de dette en cas de catastrophe.
Sánchez a également plaidé pour une réforme fiscale mondiale plus équitable, insistant sur la nécessité de faire contribuer davantage les grandes fortunes et les entreprises. Il a souligné l’importance d’améliorer l’accès des femmes au financement, afin de renforcer leur rôle dans la construction de sociétés durables.
Une promesse renouvelée pour l’aide publique espagnole
Réitérant l’engagement de l’Espagne à porter l’aide publique au développement à 0,7 % de son PIB — un objectif fixé depuis des décennies mais jamais atteint —, Pedro Sánchez a exhorté les autres pays à suivre cet exemple. « Cette conférence n’est pas une réunion de plus ; c’est l’heure de vérité », a-t-il conclu.
En toile de fond, ce discours s’inscrit dans une période délicate pour le gouvernement espagnol, alors que l’affaire présumée de corruption impliquant Santos Cerdán continue d’occuper la scène politique nationale. Pour Sánchez, ce moment diplomatique lui offre une fenêtre pour recentrer l’attention sur les enjeux globaux et sa vision d’une gouvernance solidaire et durable.