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Mauritanie : Le Parlement face à l’arrogance du pouvoir exécutif

En Mauritanie, l’exécutif rejette toute interpellation, muselant les rares députés critiques. Une dérive inquiétante dénoncée par un professeur lucide.

En Mauritanie, la fonction parlementaire s’efface sous les coups d’un exécutif de plus en plus allergique à la contradiction. Dans cette tribune au vitriol, un vieux professeur s’insurge contre la mise au pas des voix libres et la transformation du Parlement en théâtre docile.
En Mauritanie, la fonction parlementaire, déjà vacillante, se heurte aujourd’hui à une nouvelle dérive : l’irritabilité chronique d’un pouvoir exécutif visiblement allergique à l’interpellation. Le président Ghazouani et son gouvernement, englués dans une forme d’incompétence tranquille, s’offusquent désormais dès qu’un député ( un vrai, pas un de ces figurants dociles en quête de faveurs ) ose faire son travail, c’est-à-dire poser des questions, demander des comptes, déranger le confort pyramidal d’un système gouvernant qui confond encore allègrement “responsabilité” et “responsabilisation”.
Ces députés qu’on pourrait littéralement compter sur les doigts d’une main sans risquer de se fatiguer ni de tromper incarnent les ultimes remparts d’un intérêt général que d’autres ont troqué contre le confort d’un silence bien rémunéré. Leurs interventions, souvent lucides, parfois acides, ont le tort impardonnable d’exister. Et cela suffit pour que l’État, dans un réflexe presque pavlovien, brandisse la matraque législative pour les museler, à travers des lois soigneusement calibrées afin de transformer l’hémicycle en salle d’applaudissements univoques.
Car il faut bien comprendre le message implicite : “Laissez-nous gérer la Mauritanie à notre guise. Votre rôle, chers élus, se limite à l’ornementation démocratique. Regardez, admirez si vous y arrivez, mais surtout, ne parlez pas.” Ceux qui insistent à penser, à parler, à critiquer, deviennent vite indésirables considérés comme des erreurs de casting dans une scène politique que l’on voudrait réduite à une comédie bien réglée, où l’on acclame sur commande.
Et pendant que l’État fait semblant d’administrer, ceux qui devraient gouverner se contentent de régner… sans rayonnement, sans charisme, et surtout sans résultat. La médiocrité, elle, ne se débat pas : elle s’impose par le bâillon et l’évitement, avec un sourire fade et des lois coupantes.
Eléya Mohamed
Notes amères d’un vieux professeur

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