Ould Abdel Aziz, toujours en résidence surveillée pour une période de 2 mois renouvelable 4 fois

« Je hais le vice et le crime. Mais, en regard de la naïveté, je crois que je préfère encore le vice et le crime. »

La reine morte – Henry de Montherlant

L’ancien président, Mohamed Ould Abdel Aziz  n’a remarqué la corruption de son régime qu’après avoir quitté le pouvoir, et ses fidèles n’ont remarqué sa corruption qu’après avoir quitté le fauteuil.

Le 1er août 2019, il cède son poste à Mohamed Ould Ghazouani.  Cette première « transition démocratique » est célébrée par le régime mais qualifiée par la majorité de l’opposition comme une « mascarade électorale » qui donne naissance à un gouvernement dans la continuité de celui de Mohamed Ould Abdel Aziz.

L’ancien homme fort de Nouakchott est passé de l’ordre au désordre depuis qu’il a perdu le goût du pouvoir. Une crise de référence refait surface, Ould Ghazouani restructure l’armée nationale après une tentative de déstabilisation tuée dans l’œuf et reprend le contrôle du parti présidentiel, dans lesquels Ould Abdelaziz avait encore certains éléments dans son réseau.

Une commission parlementaire été chargée début 2020 de se pencher sur plusieurs dossiers dont, selon des sources parlementaires, la vente de domaines de l’État, la gestion des revenus pétroliers, les activités de Pully Hong Dong ou la liquidation de la SONIMEX.

Le rapport de la Commission d’enquête parlementaire pour  la gestion de Mohamed Ould Abdelaziz durant ses deux mandats est remis en juillet 2020  au président de l’Assemblée nationale. Le Parlement a résolu de saisir la justice pénale. L’Assemblée nationale adopte une résolution dont l’article unique stipule : « Les dossiers d’enquête qui n’incluent pas ce qui peut relever de la compétence de la Haute Cour de justice sont transmis au ministre de la Justice afin de prendre les mesures nécessaires pour saisir les juridictions compétentes ». Cette décision fait suite à la publication du rapport de la Commission d’enquête parlementaire (CEP) dont la création avait été votée le 30 janvier pour analyser la gouvernance de Mohamed Ould Abdelaziz (2009-2019).

Six ex-ministres de Mohamed Ould Abdel Aziz sont placés en août 2020, sous contrôle judiciaire après avoir été auditionnés par la brigade chargée de la répression des crimes économiques. Des soupçons de corruption pèsent contre ces personnalités, en relation avec l’attribution des contrats passés sous la présidence de Mohamed Ould Abdel Aziz. La Commission d’enquête parlementaire sur la décennie Aziz a débusqué plusieurs contrats en contraventions avec la loi. Son rapport transmis à l’Assemblée nationale est à l’origine de la convocation d’un certain nombre de ministres de Mohamed Ould Abdel Aziz par la brigade chargée de la répression des crimes économiques.

Peu après, Mohamed Ould Abdel Aziz se rend dans les locaux de la Sûreté nationale pour répondre à une convocation des services de la police de répression des crimes économiques où il est arrêté. La Sûreté nationale entame des investigations sur de présumés cas de corruption et de détournements de biens publics pointés dans un rapport d’enquête parlementaire sur la gestion de l’ancien président, entre 2008 et 2019.

Un rapport validé par l’Assemblée nationale le 28 juillet 2020 est transmis à la justice le 5 août 2020. Mohamed Ould Abdel Aziz brandit son immunité d’ancien président de la République pour justifier son refus de parler. Selon ses avocats qui ont rapporté ses propos, l’ex-chef de l’État qualifie d’illégale sa convocation à la Sûreté nationale. Un groupe d’avocats français venu renforcer sa défense soutient son client dans sa stratégie de silence. « Juridiquement, si vous considérez que la convocation est irrégulière, tous les actes subséquents qui en résultent, le placement en garde à vue, les interrogatoires, la rétention sont totalement irréguliers c’est pour ça que nous n’hésitons pas aujourd’hui à parler d’une détention totalement illégale qui s’apparente à une séquestration », témoigne Maitre David Rajjou du barreau de Brest. Le groupe des avocats français a rencontré son client. « Il est détenu depuis bientôt cinq jours dans une petite pièce dans des conditions de températures inacceptables », détaille Maitre David Rajjou qui revient sur les conditions de détention de l’ancien président. Selon le parquet mauritanien, tous les droits de l’ex-chef de l’État sont respectés. Il reçoit ses conseils juridiques et les membres de sa famille.

Le 24 août 2020, Mohamed Ould Abdel Aziz qui était retenu par la police depuis une semaine pour répondre à de « fortes présomptions de mauvaise gouvernance et de détournements de biens publics» a été libéré et a pu rentrer chez lui. Cependant, les autorités n’ont pas rendu son passeport, lui interdisant de quitter Nouakchott.

Le 28 septembre 2020, le procureur de la République de Nouakchott-Ouest interdit à Mohamed Ould Abdel Aziz de quitter Nouakchott durant l’enquête en cours sur une possible affaire de corruption. Il est finalement reconnu coupable et inculpé en mars 2021.

Le 11 mai 2021, Mohamed Ould Abdel Aziz a répondu, à une nouvelle convocation des juges du pôle anti-corruption chargés du dossier. C’est dans ce cadre que les enquêteurs ont déposé une commission rogatoire en vue de chercher la présence présumée d’or dans sa résidence de Beni Chab qui a étais démolie dans cette opération.

Présentement, il est en résidence surveillée pour une période de deux mois, renouvelable quatre fois, selon la décision du magistrat.

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