Où est passé le mandat de la jeunesse ?

Des promesses envolées

Un président doit tenir sa promesse. Pourtant, force est de constater que les engagements pris par Mohamed Ould Ghazouani envers la jeunesse mauritanienne semblent aujourd’hui s’être dissipés comme de simples paroles en l’air.

En effet, dès le début de son mandat, Ghazouani avait affirmé avec force que répondre aux aspirations des jeunes serait son « premier défi », annonçant vouloir les placer au cœur du renouveau national. Il avait même promis que son prochain mandat se construirait « avec les jeunes », mettant en avant quelques jeunes dans son équipe de campagne.

Toutefois, dans les faits, le décalage entre les intentions affichées et la réalité est manifeste. Nombreux sont les jeunes qui dénoncent aujourd’hui la persistance des figures issues de l’ancienne élite — souvent qualifiées de « dinosaures » — aux postes clés de l’administration et du gouvernement. Cela alimente un fort sentiment de trahison.

Une jeunesse en fuite

Ce désenchantement profond se traduit par un phénomène inquiétant : une migration massive de jeunes Mauritaniens vers les États-Unis. Depuis début 2023, plus de 15 000 jeunes ont emprunté des routes périlleuses via l’Amérique latine pour rejoindre le territoire américain.

Cette vague migratoire touche toutes les couches sociales : chômeurs, diplômés, fonctionnaires, commerçants, militaires, enseignants ou encore sportifs. Pour financer ce départ, certains n’hésitent pas à vendre maisons, bétails ou terres. Des agences de voyages à Nouakchott et Dakar profitent de cet exode en proposant des circuits vers le Mexique, le Nicaragua ou la Colombie.

D’après le député Khally Diallo, cette dynamique migratoire s’est amplifiée lorsque l’administration Biden a autorisé les Mauritaniens à demander l’asile. Résultat : la diaspora mauritanienne aux États-Unis aurait presque quadruplé en deux ans, provoquant des tensions communautaires, notamment dans le Midwest.

Une double crise migratoire

Parallèlement, la Mauritanie fait face à une tragédie silencieuse sur ses côtes. Depuis janvier 2025, plus de 100 corps de migrants africains ont été repêchés en mer, un chiffre venant s’ajouter aux plus de 500 décès enregistrés en 2024.

Ce que certains qualifient d’« hémorragie sociale » révèle un échec structurel des politiques publiques. Comme l’a justement rappelé le député Diallo : « On ne peut retenir une jeunesse sans lui donner la liberté, le divertissement et l’emploi ».