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On peut bien apprendre la langue arabe sur le tard.

Langue arabe

Un demi-siècle après l’indépendance nationale, il est évident que les élites négro-mauritaniennes persistent à refuser la langue arabe.
Plusieurs arguments sont avancés pour justifier cette attitude sectaire.
Pour certains, l’officialisation et l’enseignement de la langue arabe représentent une loi discriminatoire antinationale visant à exclure, dominer et assimiler la communauté noire.
D’autres pensent qu’il est essentiel de patienter jusqu’à ce que l’enseignement et l’officialisation des langues africaines soient mis en place, avant de demander aux Pulaars, aux Soninkés et aux Wolofs d’adopter la langue arabe. Et ils passent leur temps à vanter les bienfaits du pluralisme linguistique et les avantages de la diversité culturelle, tout en ignorant la langue et la culture des autres, les Arabo-Mauritaniens !
Il convient de souligner ici que l’enseignement et l’officialisation des langues africaines ne sont pas encore une priorité en Afrique, même au Rwanda et en Afrique du Sud, des États qui se définissent comme étant panafricanistes. En outre, au Fouta, du côté sénégalais, par exemple, il n’y a ni enseignement ni officialisation de la langue peule. Cela s’applique également à la Guinée et au Mali, pour ne citer que ces exemples.
Pourquoi cette exigence si élevée en Mauritanie ?
Il s’agit clairement d’une lutte contre la langue arabe et pour le français, lancée depuis le Sénégal voisin par le chantre de la francophonie, le président Senghor, avec le soutien inconditionnel des nationalistes poulo-toucouleurs, ceux de la première heure, les sortants de l’École normale William Ponty, et ceux de la génération post-crise scolaire de 1966.
Le troisième segment, qui ne comprend pas la langue de son État, se compose de modérés, plus précisément de ‘’slalomeurs’’, arguant qu’ils n’ont pas appris la langue arabe dès leur plus jeune âge.
C’est fallacieux. D’abord, l’enseignement en Mauritanie est bilangue. Pourquoi ont-ils choisi d’étudier le français et de négliger l’arabe ?
C’est bien voulu. C’est clairement une prise de position politique et un parti pris engagé.
Ensuite, les élites négro-mauritaniennes se débrouillent bien en anglais. Ils ont acquis cette langue au lycée et pas plus tôt. Donc, si jamais ils avaient décidé d’apprendre la langue arabe sur le tard, ils auraient réussi. Particulièrement lorsqu’ils sont immergés dans une société arabophone.
Concernant l’idée de la réciprocité ethnique. Que se passerait-il si les Arabo-Mauritaniens se limitaient à affirmer : ‘Nous n’avons aucun problème avec les langues nationales’ sans jamais envisager que leurs enfants les étudient ?
Et qu’adviendrait-il si les Arabo-Mauritaniens décidaient de ne jamais apprendre le pulaar, le soninké et le wolof dans les soixante prochaines années, de la même manière que les nationalistes noirs, en ce qui concerne la langue arabe depuis soixante ans ?
Enfin, que les uns et les autres admettent que le vivre-ensemble a des exigences raisonnables, comme l’utilisation d’une langue commune, autrement, nous pourrions nous retrouver dans une querelle de chapelle ethnoraciale, et une confusion linguistique généralisée sans fin.

Ely Ould Sneiba
Le 23 novembre 2025

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