Ô *Atar* , terre d’oubli, ton souffle s’éteint dans la nuit…
Depuis une décennie, la ville *d’Atar* s’est muée en un théâtre quotidien de coupures d’électricité, devenues si courantes qu’elles en sont presque banales. Ces interruptions incessantes du courant ont causé des ravages considérables, notamment sur les climatiseurs, réfrigérateurs et autres appareils électroménagers, plongeant les habitants dans une chaleur accablante, presque insoutenable.
Cette cité, jadis vivante et prospère, semble avoir été abandonnée depuis le départ de l’ancien régime du président *Taya* . Aujourd’hui, *Atar* se rapproche tristement d’une ville fantôme, souffrant d’un désengagement flagrant de l’État, devenu un secret de Polichinelle.
La douleur de ses habitants contraste avec l’efficacité déployée ailleurs. Dans une autre ville du pays, où j’ai séjourné brièvement, une centrale électrique a subi un incendie. Pourtant, trois jours à peine après ce désastre, un groupe électrogène polyvalent et d’une puissance redoutable a été mis en place, alimentant non seulement la ville, mais également ses environs.
Cette inégalité s’étend même aux jours de fêtes religieuses : les responsables privilégiés de l’État prient dans le confort d’un espace dédié, tandis que la population démunie, en proie à l’humiliation, se voit contrainte de prier à l’écart, comme si elle portait une maladie.
Ô *Atar* , terre d’oubli,
Ton souffle s’éteint dans la nuit,
Sous la chaleur de plomb, les cris,
D’une cité que l’État délaisse, meurtrie.
Tes fils errent dans l’ombre,
Leurs espoirs fanés comme la cendre,
Tandis que loin, au-delà des monts,
D’autres s’éclairent, d’autres abondent.
Toi, jadis fière et debout,
Tu ploies sous le poids des absences,
Et dans les prières, ton peuple, à genoux,
Souffre en silence, pris de souffrance.
*Eleya Mohamed*