Mauritanie

Nous ne refusons pas la langue arabe. Ce serait une erreur intellectuelle, une faute politique et une injustice historique. »

langue arabe
“Nous ne refusons pas la langue arabe. Ce serait une erreur intellectuelle, une faute politique et une injustice historique. L’arabe est une langue riche, profonde, porteuse de civilisation, de poésie, de philosophie, de savoirs millénaires. Elle est, pour des millions de musulmans à travers le monde, la langue du Coran, la langue de la prière, la langue par laquelle Dieu s’adresse à l’humanité.

Notre position n’est donc pas une hostilité envers la langue elle-même, mais envers l’usage politique qui en a été fait. Ce que nous contestons, c’est l’instrumentalisation de l’arabe comme outil d’oppression, comme arme d’exclusion, comme filtre de citoyenneté.

Lorsqu’une langue devient une barrière à l’accès aux droits, à l’emploi, à la justice, à la pleine participation à la vie publique, elle cesse d’être un vecteur d’unité pour devenir un instrument de domination.

Nous refusons l’arabe imposé, l’arabe exclusif, l’arabe utilisé pour nier l’existence des autres langues nationales — le pulaar, le soninké, le wolof —, langues elles aussi porteuses de culture, de mémoire et de dignité.

Notre combat est un combat pour l’équité linguistique, pour une Mauritanie plurielle qui reconnaît officiellement toutes les composantes culturelles de son peuple.

Comme le disait l’écrivain sénégalais Cheikh Hamidou Kane : « La langue d’un peuple est la mémoire de son âme. » Refuser de reconnaître les langues de nos communautés, c’est nier leur humanité.

En défendant nos langues, nous ne rejetons pas l’arabe ; nous refusons qu’elle nous soit opposée comme un mur. Ce que nous voulons, c’est un pays où l’arabe retrouve sa beauté originelle : celle d’un lien spirituel, d’un héritage partagé — et non d’un privilège réservé.”
Sy Mamadou

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