Notre démocratie a été dévoyée.

Notre démocratie a été dévoyée.

Il est étrange que de nombreux hommes politiques réclament des améliorations techniques à notre processus démocratique sans se rendre compte que ce jeu a été fondamentalement dévoyé.
En Occident, où la démocratie pluraliste a émergé, les solidarités raciales et ethnico-tribales sont devenues obsolètes. Dans ces pays, les électeurs choisissent leurs dirigeants en fonction de grandes idées, selon un schéma classique qui va de la gauche politique à la droite, en passant par le centre. La droite étant le pôle conservateur, tandis que la gauche est la mouvance des forces de progrès.
Chez nous, il n’y a rien de tout cela. Aucun débat pour convaincre, aucun programme, et si jamais il y en a, ils ne sont pas lus.
Le vote chez nous est essentiellement communautaire.
Un leader comme celui du mouvement IRA ne fait que répéter avec véhémence que les descendants des anciens maîtres maures, qu’ils insultent sévèrement au passage, ont toujours eu le pouvoir, et que les Harratines doivent se rassembler pour le leur arracher, afin de prendre leur revanche sur l’histoire. Et il a obtenu de bons résultats électoraux.
Quant aux FLAM, un mouvement négro-africain raciste, elles exploitent la fibre ethnique et menacent les Pulaars de rater le train de l’histoire s’ils continuent à subir la domination des Maures. Là encore, ça marche bien.
Où se trouve l’esprit démocratique républicain dans ces leviers électoralistes sectaires ?
Malheureusement, nous sommes loin de l’idéal démocratique libérateur des carcans fanatiques étroits, qui alimentent la haine entre les communautés et entraînent des conflits civils.
À ce sujet, ne serait-il pas logique de donner raison aux partisans du parti unique, qui prétendaient qu’en cas d’immaturité démocratique, il serait plus avisé d’insérer toutes les forces politiques nationales dans un seul et unique cadre militant ?
Cela est d’autant plus vrai que les Chinois, avec plus d’un milliard d’habitants et une grande diversité ethnique, ont réussi à faire de leur pays non seulement la première ou la deuxième puissance mondiale, mais aussi un havre de paix civile, sans le moindre pluralisme démocratique.
C’est pourquoi, le monolithisme politique ne signifie pas toujours le retard, et le pluralisme ne signifie pas forcément le progrès.
Et encore, quel pluralisme ?
Lorsque nos autorités nationales ont autorisé les partis politiques à se former librement, plus d’une centaine ont été recensés pour notre petite population, alors qu’aux États-Unis, on en compte principalement seulement deux.
Remarques :
Seul le parti au pouvoir, où les intérêts personnels associés aux avantages accordés par le gouvernement à ses soutiens parmi les cadres et les hommes d’affaires rassemble un large éventail ethnique et racial.
Chez les Maures, il y a une pluralité d’opinions, incluant l’islamisme, le gauchisme et le conservatisme.
La majorité des Harratines sont encadrés par le mouvement IRA.
La Coalition Vivre-Ensemble, une organisation poulo-toucouleur, est amplement populaire auprès des Négro-Mauritaniens.
Quel jeu démocratique est-ce et dans quelle direction va-t-il nous amener ?

Ely Ould Sneiba
Le 12 juillet 2025