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Moussa Fall, nouveau coordinateur du dialogue politique, est-il réellement à la hauteur de cette mission ?

Moussa Fall, nouveau coordinateur du dialogue politique, est-il réellement à la hauteur de cette mission ? Son parcours, bien que marqué par une longue expérience dans l’administration et la politique, soulève de sérieuses interrogations sur sa capacité à mener un dialogue crédible et inclusif.

C est un choix sans surprise, mais sans ambition

La nomination de Moussa Fall n’est pas un coup d’éclat. Elle est plutôt le prolongement d’une politique qui recycle les mêmes visages, souvent plus préoccupés par la préservation d’un certain ordre établi que par la refonte réelle du paysage politique. En d’autres termes, il ne faut pas s’attendre à des avancées majeures sous sa coordination. Son profil de négociateur aguerri et d’homme du sérail peut certes rassurer les tenants du pouvoir, mais laisse sceptiques ceux qui espéraient un dialogue porteur de réformes profondes.

Moussa Fall est un homme du système

Moussa Fall n’incarne pas le renouveau. Il a traversé les régimes, toujours en bonne position, sans jamais être un acteur du changement. Son engagement passé au sein du mouvement des Kadihines appartient à une époque révolue, et depuis, il s’est plutôt illustré par son ancrage dans la haute administration. Peut-on raisonnablement penser qu’un tel homme, issu du cœur du système, soit l’artisan d’un dialogue sincère et porteur de transformations ?

Le choix de Moussa Fall envoie un signal clair : le dialogue sera conduit sous contrôle, avec des marges de manœuvre limitées. En Mauritanie, l’histoire récente des dialogues politiques est marquée par des concertations dont les conclusions sont souvent écrites à l’avance. Si l’objectif était de garantir une discussion ouverte et équitable entre tous les acteurs politiques, pourquoi ne pas avoir désigné une personnalité plus indépendante, plus en phase avec les aspirations du peuple ?

Le véritable enjeu du dialogue sous controle est il : réconcilier ou perpétuer ?

Ce dialogue politique doit, en principe, permettre de traiter des sujets fondamentaux : gouvernance, démocratie, inclusion des différentes composantes du pays. Mais avec Moussa Fall aux commandes, il y a fort à parier que l’exercice restera une formalité, sans portée réelle. Son rôle risque de se limiter à gérer les frustrations et à temporiser, plutôt qu’à provoquer les remises en question nécessaires.

Le choix du président Ghazouani de confier cette mission à une figure aussi intégrée au système est un indice de ce que sera le dialogue : une opération de communication plus qu’un processus de transformation. Loin d’être un véritable facilitateur, Moussa Fall apparaît comme le garant du statu quo.

En somme, si l’objectif est d’aboutir à un dialogue réellement constructif et porteur de solutions, il fallait un coordinateur plus audacieux, plus neutre et surtout plus en rupture avec les pratiques traditionnelles. Mais à ce stade, l’histoire semble déjà écrite.

Sy Mamadou

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