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Moussa Fall : “Nous avons préparé le terrain pour un dialogue national constructif et réussi”

Lors d’une conférence de presse, Moussa Fall a détaillé la préparation du prochain dialogue national et salué la volonté du président d’en faire un processus inclusif.

Moussa Fall, coordinateur de la phase préparatoire du dialogue national, a présenté le rapport final de sept mois de concertations. Il souligne la volonté du président de la République d’instaurer un dialogue inclusif et constructif, fondé sur le consensus et l’expérience des dialogues passés.

Moussa Fall, coordinateur de la phase de préparation du prochain dialogue, a déclaré lors d’une conférence de presse tenue ce jeudi 16 octobre 2025 que la phase de préparation qui a commencé le 9 mars par un discours du président de la République à l’occasion d’une réception organisée en l’honneur des partis politiques reconnus et des derniers candidats à la présidentielle. Cette annonce, précise-t-il, avait été précédée par un engagement du président de la République dans le cadre de son programme de campagne . Dans ce programme, le chef de l’État avait annoncé l’organisation d’un dialogue inclusif ayant pour objectif de repenser le modèle de développement du pays et de parvenir à un nouveau contrat social . Il n’en avait pas défini les contours , car il avait préféré poser des objectifs à la classe politique, à la société civile et aux personnalités indépendantes pour qu’elles en définissent le contenu, autrement dit pour qu’elles déterminent ensemble ce que nous voulons faire de la Mauritanie du futur .
En posant ces objectifs, le chef de l’État a montré sa bonne disposition à aller de l’avant et le constat qu’il a fait est clair : il faut renouveler, il faut changer, il faut parvenir à un nouveau modèle de développement . Sur la base de cette annonce, le président de la République a eu l’honneur de me confier cette mission de coordination. Et, partant des expériences passées des dialogues précédents qui n’ont pas donné les résultats attendus, nous avons opté pour une démarche nouvelle, innovante et prudente. Cette démarche nous a demandé sept mois de travail, mais elle a eu l’avantage de préparer le terrain au dialogue, d’identifier les facteurs possibles d’échec, de prévoir les mesures préventives et de préparer l’opinion pour entrer dans un dialogue constructif et réussi .
Nous avons donc élaboré un questionnaire que nous avons transmis aux vingt partis politiques reconnus et aux cinq derniers candidats à la présidentielle. Nous avons également reçu un très grand nombre d’acteurs de la société civile, de partis en construction et de personnalités indépendantes. L’ensemble des réponses et des réactions reçues nous a permis de faire une première synthèse, que nous avons transformée en une feuille de route que nous avons renvoyée à toutes les parties prenantes pour recueillir leurs observations. Nous avons ensuite tenu compte de ces dernières observations dans le rapport que nous avons remis au président de la République.

La quasi-totalité des vingt partis est venue de façon individuelle, mais aussi regroupée. Les treize partis de la majorité sont venus ensemble et ont déposé leur proposition commune. Les quatre partis parlementaires de l’opposition sont également venus et ont déposé leur proposition. Enfin, un autre pôle regroupant des partis non représentés au Parlement et des personnalités indépendantes est venu déposer ses propositions. Ce que nous avons constaté, c’est que les différentes propositions se recoupent largement. Soixante-quinze pour cent des réponses placent le problème de l’esclavage et de ses séquelles en priorité, soixante-douze pour cent évoquent le problème du passif humanitaire comme prioritaire, et les autres préoccupations suivent un ordre d’importance proche. L’esprit que nous avons constaté est positif, l’intérêt pour le dialogue est grand et, de ce fait, nous pensons que les conditions sont désormais bonnes pour engager un dialogue. Dans la seconde partie du rapport, nous avons formulé des propositions basées sur les échanges et les expériences précédentes ; elles concernent la seconde phase du dialogue.
Après cet exposé, Moussa Fall a donné la parole aux journalistes pour poser leurs questions. À la question portant sur la rencontre entre les partis politiques et le président de la République et sur l’existence éventuelle d’un calendrier, il a répondu que le président de la République a déjà eu une rencontre avec les quatre présidents des partis d’opposition représentés au Parlement. Le second pôle de l’opposition, celui qui n’est pas représenté au Parlement, est venu me voir et a déposé sa proposition. À l’occasion de cette audience, ses représentants ont exprimé le désir de rencontrer le chef de l’État. Je leur ai demandé de constituer leur délégation et de venir me voir pour un entretien, à l’issue duquel je transmettrai leur demande d’audience au président de la République. Je crois qu’ils seront reçus .
Une deuxième question portait sur l’intérêt de ce dialogue maintenant, surtout que certains problèmes relèvent du domaine législatif. Il a répondu que les rencontres entre les parties prenantes visent à discuter des axes de la feuille de route. Si elles se mettent d’accord, le président de la République s’est engagé à les appliquer. Il aurait pu entreprendre ces réformes sans dialogue, mais il a voulu que toutes les parties prenantes se mettent d’accord sur les réformes dont la Mauritanie a besoin. Il veut que ce dialogue débouche sur des réformes profondes et consensuelles .
À la troisième question, portant sur l’absence de certains partis et la possibilité de réussite du dialogue, Moussa Fall a répondu que sa mission est celle de la préparation du dialogue et qu’elle s’achève aujourd’hui, mais cela ne l’empêchera pas de suivre le dossier de l’AJD/MR et celui de Biram Dah Abeid. Concernant l’AJD/MR, il a expliqué avoir rencontré Ibrahim Sarr à son domicile et le président Ba Bocar. Leur intention était de participer et de présenter leurs propositions au dialogue, mais il semble qu’ils aient été mis en minorité, c’est ce qu’on lui a rapporté. Il a dit à Ba Bocar, qu’il avait vu la veille, que ces jeunes qui ne veulent pas aller au dialogue auraient dû venir discuter avant de prendre leur décision . La démarche la plus logique aurait été celle du dialogue . Malgré tout, il a assuré Ba Bocar que les problèmes centraux du programme de son parti seront discutés dans le cadre du dialogue et que les décisions prises leur seront favorables .
Ce matin, a-t-il ajouté, j’ai échangé avec Biram et nous continuons à échanger. Ce qui m’intéresse dans ma relation avec Biram, c’est sa participation au dialogue. Il faut qu’il y ait une nette distinction entre le dialogue et les relations parfois conflictuelles entre Biram et le pouvoir exécutif. Ce second volet ne me concerne pas, car je ne fais pas partie du pouvoir exécutif. Mais pour le premier, je suis disposé à tout faire pour que Biram participe au dialogue. J’ai essayé de normaliser les relations entre lui et le pouvoir, mais cela n’a pas donné les résultats espérés. Je vous demande à tous de nous aider. J’ai dit à Biram qu’il a tout intérêt à participer à ce dialogue, car il ne peut pas se présenter aux élections présidentielles sans le parrainage d’une partie de la majorité. Pour un grand opposant comme lui, il serait préférable que cette clause soit discutée dans le dialogue, afin que les difficultés liées au cautionnement puissent être abordées collectivement .
À la cinquième question, sur les difficultés rencontrées, il a répondu qu’il n’en a pas observé. Il y a eu, dit-il, une évolution dans les esprits des Mauritaniens. Autrefois, certains disaient : « tel sujet, on n’en veut pas », ou « telle personne, on ne veut pas discuter avec elle ». Mais aujourd’hui, en examinant les propositions, on constate qu’elles se recoupent. Les gens sont dans un état d’esprit positif et veulent que ce dialogue aboutisse à des résultats concrets. Je ne vois pas de difficulté, si ce n’est la non-participation des personnes que j’ai citées auparavant, et d’ici le lancement du dialogue, nous espérons que les choses évolueront positivement .
Enfin, à la dernière question, portant sur la différence entre ce dialogue et les précédents et sur les garanties de réussite, il a répondu que les anciens dialogues avaient été conduits par des régimes ayant des objectifs spécifiques. Les participants y venaient sans préparation, et souvent, parmi eux, se trouvaient des grandes gueules et des applaudisseurs qui empêchaient un vrai débat . Cette fois, c’est différent : nous avons pris le temps, nous avons fait participer les gens à la définition des axes à discuter et à la méthode à adopter. Notre méthodologie n’a suscité aucune contestation, et les acteurs se sont mis d’accord. Le chef de l’État, pour sa part, a affirmé qu’il n’entrera pas dans le dialogue pour l’orienter. Il n’a pas d’objectif caché : il est ouvert à tous et s’engage à appliquer ce sur quoi les participants se seront mis d’accord. C’est cela qui différencie ce dialogue de tous ceux qui l’ont précédé .

Mohamed Ould Echriv Echriv

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