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Migration : la meurtrière route des Canaries dite « la route des enfants » de plus en plus empruntée

Migration : la meurtrière route des Canaries dite « la route des enfants » de plus en plus empruntée
Une pirogue surpeuplée au large de Tenerife, dans l’archipel espagnol des Canaries, en octobre 2023.
© Handout / SASEMAR / AFP
Les arrivées illégales de migrants ont baissé en Europe l’année dernière, sauf en Espagne et surtout aux Canaries. Près de 47.000 personnes ont débarqué sur l’archipel espagnol situé au large de la côte ouest de l’Afrique, empruntant une des routes migratoires les plus dangereuses du monde.

2024, une année record
Les Canaries sont aujourd’hui une des principales portes d’entrée pour les candidats à l’exil en Europe. Pourtant, l’archipel espagnol situé au nord-ouest de l’Afrique n’est pas facile d’accès. Partant du Sénégal, de Mauritanie ou du Maroc, les migrants doivent passer plusieurs jours en mer avant d’atteindre ses côtes.

Selon les chiffres de ministère espagnol de l’Intérieur, 46.843 personnes ont emprunté la « route Atlantique » qui mène aux Canaries. C’est un chiffre historique, un chiffre en hausse de plus de 17% par rapport à 2023 qui était déjà une année record.

Depuis le début de la décennie, ce sont 148.000 migrants qui ont rejoint les îles espagnoles à bord d’embarcations de fortune.

Des migrants venant parfois de très loin
Avec une évolution dans les dynamiques migratoires. La « route Atlantique » n’est plus saisonnière comme par le passé, avec des arrivées observées surtout en fin d’année. Désormais, c’est une importante route migratoire permanente. Et si elle est toujours empruntée essentiellement par des ressortissants africains, des personnes venues d’Asie prennent également la mer désormais. Le quotidien espagnol El Pais évoque par exemple l’arrivée le 16 octobre dernier d’une pirogue venue de Mauritanie avec à son bord 75 occupants dont seuls 12 étaient Africains. Tous les autres venaient de pays asiatiques.

El Pais a notamment rencontré Sagor, un jeune homme de 28 ans. Parti du Bengladesh, il aurait payé 10.000 dollars pour un périple qui l’a fait passer par Oman, l’Inde, l’Ouzbékistan, la Tadjikistan, la Malaisie, la Sierra Leone, le Libéria, la Guinée, la Mauritanie et, enfin, les Canaries.

Une route meurtrière
Pour rejoindre les Canaries, les migrants n’hésitent pas à s’entasser dans des pirogues, des bateaux de pêche traditionnels mal équipés pour la dangereuse traversée de l’Océan. Et les naufrages sont fréquents.

D’après un rapport de l’ONG espagnole Caminando Fronteras, 9575 personnes ont perdu la vie sur la route des Canaries en 2024, un chiffre en hausse de 58% en un an. Au moins 131 embarcations ont été perdues au large, victimes des intempéries et des forts courants, faisant de 2024 l’année la plus meurtrière depuis que l’organisation publie ses estimations.

De jeunes migrants
Dans son rapport, Caminando Fronteras souligne que 1538 enfants font partie des victimes, rebaptisant la « route Atlantique », la « route de l’enfance » vu le nombre croissant de jeunes qui embarquent pour les Canaries, en particulier des jeunes Maliens. Le conflit qui ensanglante leur pays pousserait les familles à lancer leurs enfants sur les chemins de l’exil pour leur éviter le recrutement forcé ou les enlèvements pour le travail forcé.

L’arrivée en nombre d’enfants mineurs non accompagnés (MENA) est un défi majeur pour les autorités des Canaries et suscite le mécontentement d’une partie de la population. Car si la prise en charge des migrants adultes relève du gouvernement central de Madrid, l’accueil des MENA est de la responsabilité des régions.

Des autorités débordées
Or il y aurait, selon les sources, entre 5500 et 6000 jeunes migrants sur l’archipel, pour une capacité de 2000 places réparties dans 86 centres d’accueil.

Face à cette crise, les Canaries appellent à la solidarité du reste de l’Espagne. Jusqu’ici en vain. Depuis plusieurs mois, le gouvernement de socialiste Pedro Sanchez et l’opposition de droite n’arrivent pas à s’entendre sur une réforme qui permettrait de répartir ces mineurs dans toutes les régions du pays.

Sources infos: rtbf

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