Meurtre de Khadjetou Sow : La famille réclame justice

Adama Samba Sow demande aux autorités que toute la lumière soit faite sur le meurtre de sa petite fille Khadijetou Oumar Sow. Rappelons les faits. C’est à l’invite d’Adama Ba qui lui aurait promis du travail que Khadijetou Oumar Sow quitte Kaédi et ses parents pour la capitale. De là, Adama Ba l’envoie à Tiguint. À deux reprises, dit Fatimata Abdoulaye Sow, la tante de la jeune fille qui habite à Bouhdida. Khadijetou part à Tiguint le matin et en revient le soir. À défaut de pouvoir rencontrer les futurs employeurs de sa nièce, Fatimata insiste auprès de celle-ci pour en obtenir les contacts. Mais Khadijetou néglige cette demande et n’aura jamais plus l’occasion d’y répondre. Car en ce funeste 25 Mars, elle part pour ne plus revenir. Le fil ténu qui la liait à ses parents nouakchottois se rompt à 17 h 19 sur deux vains appels à un certain Corréra, après cinquante-cinq appels échangés avec Adama Bâ.

La famille signale la disparition de la fille au commissariat de police et les recherches sont lancées. Grâce à l’opérateur Mauritel, les enquêteurs remontent l’historique des échanges téléphoniques à partir des derniers susdits. Suspecté, Adama Ba ne répond d’abord pas à la convocation de la police, se débinant à chaque fois sous de fallacieux prétextes. Jusqu’à ce que la police en vienne à retenir en otages sa sœur et son enfant au commissariat de police de Dar Naïm 1. Selon les proches de la défunte citant des sources policières, Adama Ba nie en bloc les accusations portées à son encontre s’évertuant à incriminer son patron Alassane Corréra qui réfute de son côté toute implication.

C’est au sixième jour que le suspect avoue le crime et se décide à conduire sur les lieux du drame les gendarmes, le procureur de la République du tribunal de Rosso et un médecin. En ce triste dimanche 12 Avril, les parents de la victime qui se sont déplacés, une dizaine d’hommes, font la macabre découverte du corps ligoté de Khadjetou, gisant en état de pré-décomposition sur une dune de sable. Après examen de celui-ci et reconstitution des faits, il est ramené à Nouakchott et réexaminé par un médecin-légiste qui conclut : la jeune fille a été « violée à deux reprises avant d’être assassinée par strangulation à l’aide de son foulard » Un certificat de décès et une autorisation d’enterrement sont alors remis à la famille qui procède le lendemain à l’inhumation au cimetière de Nouakchott. Adama Bâ est conduit par les gendarmes à Rosso.

Lors d’une conférence de presse rendue le mardi 14 Avril, au siège du FONADH, la famille Sow tient à remercier les efforts déployés par les limiers de Dar Naïm avec à leur tête Diop Abou Harouna (commissaire) et l’officier de police judiciaire Cheikh Ahmed ould Etheimine pour cravater le présumé meurtrier. Mais elle craint que la suite ne soit bâclée. Et Adama Sow de réclamer justice : « Le ou les coupables doivent payer pour le crime commis. Personne n’est au-dessus de la loi ! Rien ne pourra nous dévier de notre légitime revendication. Nous ne céderons pas à d’éventuelles pressions, ni même à l’argent. Justice doit être rendue. Nous resterons debout à cette fin ! ». Les proches de la défunte (Kardiata Sow, son homonyme Khadjetou Gama Sow, Ahmed Siradji Ba) se relayent en suivant pour dénoncer l’acte odieux et faire part des démarches engagées depuis la disparition de Khadijetou. Ils chargent Adama Ba, décrit comme « géant de taille et mince ». Citant des sources policières, « c’est un délinquant notoire » révèlent-ils, « il a délibérément retardé la découverte du corps pour faire disparaître les preuves et n’a exprimé aucun remord ».

Enfin, Sarr Mamadou, secrétaire exécutif du FONADH, demande que l’enquête toujours en cours éclaircisse les zones d’ombre et que justice soit rendue. « Le ou les coupables doivent répondre de leurs actes. Il est inadmissible que les meurtres soient banalisés et que les criminels se promènent en toute liberté ». Et de réitérer l’appui et l’accompagnement du FONADH en faveur des proches de la défunte.

Adama Ba endosse seul

PrisonFace aux enquêteurs, Adama Ba a cependant déclaré avoir commis seul le crime, blanchissant du coup Alassane Corréra et Diallo Abou Moussa, déjà condamnés et lynchés sur les réseaux sociaux. Ba reconnaît avoir voulu berner les limiers de la police, en les lançant sur de fausses pistes. Une version d’autant plus plausible que Corréra Alassane, ingénieur des Eaux et Forêts, spécialiste de reboisement et de fixation des dunes, n’a jamais rencontré Khadjetou ni même répondu aux deux derniers appels de la défunte. Leurs chemins ne se sont très probablement jamais croisés. D’ailleurs, le 25 Mars, jour de la disparition de la jeune fille, Corréra, par ailleurs superviseur d’un projet de reboisement que la société française Satom avait confié à un certain Abidine ould Cheikh, coordinateur de l’ONG ASEM, aurait quitté Nouakchott avec celui-ci pour clore le projet, accompagnés par des responsables de Satom, en vue de la réception des travaux. Correra et Abidine seraient rentrés le même jour au soir à Nouakchott, enjoignant Adama d’en faire de même.

Selon les témoignages de plusieurs restaurateurs et boutiquiers, Khadijetou, arrivée en bus le matin à Tiguint, aurait passé la journée dans un restaurant et communiqué énormément par téléphone avant l’arrivée de Ba qui s’est fait passer pour un responsable de l’ONG. Il l’a avoué aux enquêteurs, précisant qu’il avait même utilisé le téléphone de sa victime pour appeler Corréra afin de brouiller les pistes. Il a également conduit les policiers à la troisième épicerie de Basra (Sebkha) où il occupait une chambre insinuant qu’elle était louée par son patron. Les enquêteurs ont mis la main sur plusieurs cartes SIM, présentement en cours d’analyse. Il semble cependant déjà assez certain qu’Adama Ba avait mûri un plan pour incriminer Alassane Corréra et Diallo Abou Moussa (ancien secrétaire général du gouvernement et propriétaire de la voiture qu’il conduisait).

lecalame.info

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