Médias en Mauritanie : à la croisée des chemins
Un paysage médiatique en pleine mutation
La Mauritanie, riche de sa diversité culturelle et linguistique, se trouve aujourd’hui à un moment charnière dans son évolution médiatique.
La prolifération des supports d’information — radios, télévisions, journaux, plateformes numériques — témoigne d’un secteur dynamique mais encore fragile.
Selon le Conseil National de la Presse (CNP), le nombre de médias enregistrés a doublé en dix ans. Cette croissance reflète un désir croissant de participation citoyenne et d’expression, même si elle soulève des interrogations sur la régulation et l’indépendance réelle de ces médias.
Qualité de l’information : entre urgence et nécessité
Cette pluralité ne garantit pas pour autant une information de qualité. Entre précipitation à publier et absence de vérification rigoureuse, la fiabilité des contenus est souvent compromise.
La formation insuffisante de certains professionnels, conjuguée à des pressions politiques ou économiques, limite la capacité des journalistes à offrir un journalisme de qualité.
Dans ce contexte, les fausses informations circulent librement, en particulier sur les réseaux sociaux, alimentant la désinformation et la défiance envers les médias.
Un combat contre la désinformation
La désinformation constitue l’un des défis les plus urgents. Le développement des plateformes numériques a favorisé une propagation rapide de contenus erronés, souvent sans filtres.
Face à cela, les autorités et la société civile multiplient les efforts pour éduquer le public et renforcer la vérification des faits.
L’implémentation de campagnes de sensibilisation et la formation au journalisme responsable sont désormais incontournables.
L’accès à l’information : encore inégal
Malgré l’expansion médiatique, l’accès équitable à l’information reste un défi, notamment en milieu rural où la fracture numérique est marquée.
Les obstacles économiques et techniques freinent l’utilisation des TIC, creusant les inégalités territoriales.
Le lancement imminent des radios communautaires, appuyé par les autorités, vise justement à combler ces lacunes, notamment dans les zones les plus isolées.
Réformes et engagement étatique
Dans un effort de modernisation, la Mauritanie a récemment adopté une nouvelle loi sur la presse et défini le statut du journaliste professionnel, avec une nouvelle carte de presse approuvée en Conseil des ministres.
Ce dispositif vise à concilier liberté d’expression et exigences de régulation.
En parallèle, l’État a doublé le Fonds d’aide à la presse, le portant à 400 millions d’ouguiyas anciennes, et entend promouvoir les médias en langues nationales en instaurant une Journée de la diversité culturelle.
Liberté de la presse : des signaux préoccupants
Cependant, le rapport 2025 de Reporters sans frontières (RSF) signale une dégradation de la liberté de la presse. Le score attribué à la Mauritanie est passé de 33 à 50, traduisant une augmentation des pressions et restrictions envers les journalistes.
Arrestations, censures, limitation de la liberté d’expression : ces signaux rappellent l’importance de rester vigilant quant au respect des droits fondamentaux.
Une démocratie à consolider
Une presse libre et pluraliste est un pilier essentiel de toute démocratie. En Mauritanie, les défis à relever sont encore nombreux : améliorer la formation des journalistes, renforcer les garanties légales, promouvoir l’équité dans l’accès à l’information.
L’implication conjointe des autorités, de la société civile et des partenaires internationaux sera déterminante pour garantir un avenir médiatique plus éthique, transparent et inclusif.