Mauritano-Malien : Dialogue et vigilance face aux mesures affectant la communauté mauritanienne
La communauté mauritanienne au Mali fait face à des fermetures de commerces et à l’interdiction de la transhumance. Nouakchott suit la situation de près et privilégie le dialogue avec Bamako pour protéger ses ressortissants.
Bamako – Nouakchott. Depuis plusieurs jours, la communauté mauritanienne installée au Mali vit au rythme de décisions administratives qui suscitent incompréhension et inquiétude. La fermeture de nombreux commerces appartenant à des Mauritaniens à Bamako et dans plusieurs villes de l’intérieur, combinée à l’interdiction récente de la transhumance à Nioro, alimente un climat de crispation entre les deux pays voisins.
Commerces de la communauté mauritanienne ciblés
Selon des sources diplomatiques maliennes, ces fermetures s’inscriraient dans un cadre de « régulations administratives et de conformité » liées aux documents requis pour l’exercice d’activités commerciales. Mais pour les commerçants concernés, la mesure semble frapper spécifiquement leur communauté, déjà fragilisée par un contexte économique tendu.
« Nous avons l’impression d’être montrés du doigt », confie un commerçant mauritanien installé depuis plus de quinze ans à Bamako, qui dit avoir vu ses boutiques scellées sans véritable explication.
Transhumance stoppée à la frontière
À Nioro, ville frontalière au centre-ouest du Mali, le gouverneur a annoncé le 28 août l’interdiction « jusqu’à nouvel ordre » de la transhumance des animaux venant de l’étranger. Une décision qui affecte directement les éleveurs mauritaniens, pour qui les pâturages de cette région représentent un passage vital dans le cycle saisonnier.
Cette restriction s’ajoute aux tensions commerciales et soulève des interrogations sur la coordination entre Bamako et Nouakchott dans la gestion des flux transfrontaliers.
Mobilisation et diplomatie
Face à ces mesures, l’ambassade de Mauritanie à Bamako a vu affluer des dizaines de ressortissants venus protester. Des rassemblements ont eu lieu aux abords de la chancellerie pour dénoncer ce que la communauté considère comme des atteintes à ses moyens de subsistance.
À Nouakchott, le porte-parole du gouvernement, El Hussein Ould Meddou, a assuré lors d’un point de presse que l’État mauritanien suivait de très près la situation. « Le gouvernement œuvre à trouver des solutions adaptées, qui répondent aux attentes de nos citoyens tout en respectant les réglementations financières en vigueur dans le pays hôte », a-t-il déclaré, en réponse aux plaintes relayées par les familles des commerçants.
Zones d’ombre et incertitudes
Pour l’heure, aucune source officielle ne confirme de fermeture formelle des postes frontaliers ni d’incident militaire récent entre les deux pays. Les tensions semblent se limiter au champ économique et pastoral, même si les observateurs craignent que ces frictions n’entament davantage la relation de confiance entre Nouakchott et Bamako.
Entre prudence et vigilance
Si la situation reste évolutive, elle illustre la fragilité des équilibres frontaliers dans la région sahélienne, où commerce, transhumance et mobilité humaine sont intimement liés. La communauté mauritanienne au Mali, forte de plusieurs dizaines de milliers de personnes, espère que la voie diplomatique primera sur les restrictions unilatérales.
« Nous voulons simplement continuer à travailler et vivre en paix », résume un jeune entrepreneur mauritanien de Bamako, qui appelle à un dialogue direct entre les deux États.
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