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Mauritanie : une histoire politique racontée à travers ses Premiers ministres (1978–2025)

Mauritanie : une histoire politique racontée à travers ses Premiers ministres (1978–2025)

Nouakchott – Depuis le coup d’État militaire du 10 juillet 1978, qui mit fin au régime du président Mokhtar Ould Daddah, la Mauritanie a connu une succession de Premiers ministres reflétant les profondes mutations politiques, économiques et sociales du pays. De la transition militaire à la démocratisation progressive, en passant par les périodes d’instabilité et de réformes, chaque chef de gouvernement a incarné une étape de cette trajectoire complexe. Retour sur près d’un demi-siècle de direction gouvernementale.

khouna ould haidallah
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Les premières années d’instabilité (1978–1984)

La chute de Mokhtar Ould Daddah ouvre une période de turbulences. Ahmed Ould Bouceif est nommé Premier ministre le 6 avril 1979, mais son mandat prend fin brutalement après sa disparition dans un accident d’avion le 27 mai 1979 d’un accident aérien  au large de Dakar. Dans ce contexte incertain, c’est Mohamed Khouna Ould Haidalla qui émerge comme la figure centrale du pouvoir militaire. Il cumule rapidement les fonctions de chef d’État et de Premier ministre, puis Sid’Ahmed Ould Bneijara de decembre 1980 à avril 1981. Maaouiya, premier ministre d’avril 1981 avant de renverser Ould Haidalla  le 12 decembre 1984 et  avant d’être à son tour renversé.

president of mauritania maaouya ould sid ahmed taya speaks to a crowd fe5a86
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L’ère Taya et les débuts de la gouvernance civile (1984–2005)

Sous la présidence de Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, la fonction de Premier ministre se structure davantage. Plusieurs figures s’y succèdent, à commencer par Sidi Mohamed Ould Boubakar, nommé une première fois en 1992. Son mandat s’inscrit dans un contexte de réformes économiques et d’ouverture politique.

Il est suivi par Cheikh El Avia Ould Mohamed Khouna, qui effectue deux passages à la primature : de 1996 à 1997, puis de 1998 à 2003. Son second mandat est plus long et coïncide avec une phase de consolidation du régime. Il sera remplacé par Sghaïr Ould M’Bareck en 2003, qui occupe le poste jusqu’au coup d’État militaire du 3 août 2005, lequel met fin à la présidence de Taya.

ex president mohamed ould abdelaziz
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Transitions et alternances (2005–2014)

À la suite du coup d’État de 2005, Sidi Mohamed Ould Boubakar est rappelé à la primature pour accompagner une transition vers un régime civil. Il supervise les préparatifs des élections présidentielles de 2007, premières considérées comme relativement libres depuis l’indépendance.

En avril 2007, après l’élection de Sidi Ould Cheikh Abdallahi à la présidence, Zeine Ould Zeidane est nommé Premier ministre. Ancien gouverneur de la Banque centrale, il incarne une volonté de réformes économiques et institutionnelles. Il démissionne en mai 2008.

Il est remplacé par Yahya Ould Waghef, figure du parti au pouvoir. Son mandat, bref mais intense, est marqué par des tensions politiques croissantes. Il quitte ses fonctions en août 2008, à la suite du coup d’État militaire qui porte Mohamed Ould Abdel Aziz au pouvoir.

C’est alors Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, diplomate et technocrate, qui est nommé Premier ministre. Il reste en poste jusqu’en 2014, devenant l’un des Premiers ministres les plus durables de l’histoire récente du pays. Son mandat est marqué par une volonté de stabilité institutionnelle et de réorganisation de l’administration.

Mauritanie président
Le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani arrive au sommet du G5 Sahel à Pau, dans le sud-ouest de la France, le 13 janvier 2020. (Régis Duvignau / Photo de la piscine via AP)

Modernisation et défis de gouvernance (2014–2020)

Yahya Ould Hademine, ingénieur de formation, prend la relève en 2014. Il met l’accent sur les infrastructures et les transports, tout en étant éclaboussé, après son mandat, par des accusations de corruption.

En 2018, il est remplacé par Mohamed Salem Ould Béchir, lui aussi ingénieur. Ce dernier adopte un style technocratique, mais son action est également entachée de poursuites judiciaires pour mauvaise gestion présumée.

La transition présidentielle de 2019, avec l’arrivée au pouvoir de Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, conduit à la nomination de Ismail Ould Bedde Ould Cheikh Sidiya comme Premier ministre. Son court mandat est orienté vers le logement et l’aménagement du territoire.

Parti El Insaf : Le Président de la République bénéficie de la confiance de différents acteurs et partenaires internationaux
Le Premier ministre, Mohamed Bilal avec le Vice-président du parti El Insaf, Yahya Ould Ahmed El Waghef

La quête de réformes sous Ghazouani (2020–2025)

En août 2020, Mohamed Ould Bilal est nommé Premier ministre. Il dirige un gouvernement centré sur la diversification économique et la gestion des priorités sociales. Sa démission en juillet 2024 ouvre la voie à Moctar Ould Diay, nommé en août de la même année. Ancien ministre des Finances et directeur de cabinet du président, ce dernier incarne la volonté du régime de renforcer la transparence et de promouvoir un développement durable.

Une institution révélatrice de l’évolution politique

La fonction de Premier ministre en Mauritanie a souvent été révélatrice des dynamiques de pouvoir et des transitions politiques. Entre figures militaires, technocrates et diplomates, ces chefs de gouvernement ont incarné, chacun à leur manière, les priorités et les contradictions de leur époque.

Si certains sont restés dans les mémoires comme des acteurs de réformes (à l’image de, Sidi Mohamed Boubacar, Mohamed Ould Bilal ou Moulaye Ould Mohamed Laghdaf), d’autres ont vu leur bilan terni par des soupçons de corruption. Une constante demeure : le poste de Premier ministre en Mauritanie, bien qu’influencé par la présidence, reste un baromètre essentiel de la vie politique nationale.

Par Rapide Info
Avec des sources croisées issues de Wikipédia, Jeune Afrique, Le 360 Afrique, Sahara Médias, et franco.wiki.

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