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Mauritanie: Silence, on discrimine.

Mauritanie: Silence, on discrimine.

En Mauritanie, les discriminations systémiques contre certaines communautés ethniques persistent et se perpétuent dans un silence assourdissant, nourri non seulement par les autorités locales mais aussi par l’indifférence, voire la complicité, de la communauté internationale. Si des organisations de défense des droits humains dénoncent depuis des années les pratiques discriminatoires en Mauritanie, l’absence de pression internationale concrète a permis à cette situation de perdurer. Les violations des droits fondamentaux des Haratines, des communautés noires africaines (Soninkés, Peuls, Wolofs), et d’autres minorités ne font l’objet que d’une condamnation timide, insuffisante pour inciter le gouvernement mauritanien à agir.

En Mauritanie, les inégalités sont profondément enracinées dans une structure sociale héritée de l’histoire esclavagiste et du système de caste. Bien que l’esclavage ait été aboli en 1981 et criminalisé en 2007, il subsiste encore sous des formes modernes qui enferment les Haratines, descendants d’esclaves, dans des positions de précarité et de soumission. Parallèlement, les groupes ethniques noirs (Soninkés, Peuls, Wolofs) subissent marginalisation et exclusions, freinés dans leur accès aux opportunités économiques, aux services publics, et aux postes de pouvoir, qui restent dominés par la communauté des Maures blancs (Beydane).

Les lois adoptées par la Mauritanie pour interdire l’esclavage et criminaliser les pratiques discriminatoires demeurent peu appliquées. Les procès sont rares, et les condamnations quasi inexistantes, créant un sentiment d’impunité. Cette situation se perpétue dans l’inaction, facilitée par le manque de pression internationale pour exiger l’application stricte de ces lois. En dépit des dénonciations de nombreuses ONG, la communauté internationale, bien qu’informée de ces abus, se montre souvent réticente à aller au-delà de condamnations formelles, laissant la Mauritanie continuer sur cette voie de discrimination.

Les relations entre la Mauritanie et ses partenaires internationaux jouent un rôle majeur dans ce silence. Depuis plusieurs années, la Mauritanie se présente comme un allié stratégique pour les puissances occidentales, en raison de sa position géopolitique clé dans la lutte contre le terrorisme au Sahel et pour la sécurité régionale. La Mauritanie participe activement aux initiatives de sécurité menées par le G5 Sahel, un groupement qui bénéficie du soutien de puissances comme la France, les États-Unis et l’Union européenne. Cette coopération a un prix : ces pays, désireux de maintenir un partenariat avec la Mauritanie, ferment souvent les yeux sur les violations des droits humains, préférant éviter les sujets qui pourraient compromettre leurs intérêts sécuritaires.

Les aides financières internationales, souvent allouées au développement et à la sécurité, finissent par renforcer l’État mauritanien sans imposer de réelles conditions en matière de droits humains. Dans ce contexte, les priorités internationales, centrées sur la stabilité sécuritaire, passent bien avant les préoccupations liées aux discriminations internes. Cette politique de « non-ingérence » dans les affaires internes de la Mauritanie contribue à préserver un statu quo où les pratiques discriminatoires ne sont ni condamnées ni remises en question par les alliés de la Mauritanie.

Le silence de la communauté internationale est aussi alimenté par l’inaction des institutions internationales comme l’ONU ou la Banque mondiale. Bien que certains rapports, comme ceux de l’Organisation des Nations Unies, aient dénoncé la situation des Haratines et les pratiques discriminatoires en Mauritanie, les sanctions concrètes sont quasi inexistantes. Ces institutions, conscientes de la situation, préfèrent adopter une approche diplomatique prudente, fondée sur le dialogue, mais qui n’aboutit pas à des changements tangibles pour les communautés marginalisées.

Quant aux institutions financières internationales, elles continuent de soutenir financièrement la Mauritanie en signant des accords de financement pour le développement sans imposer de réelles conditions en matière de respect des droits humains. En offrant des ressources économiques à un régime qui discrimine activement ses propres citoyens, la communauté internationale contribue indirectement à perpétuer l’injustice sociale en Mauritanie.

Dans les discours publics, les pays occidentaux et les organisations internationales évoquent régulièrement leur engagement pour les droits humains. Cependant, dans le cas de la Mauritanie, l’indifférence prévaut. Pour nombre de gouvernements, le prix à payer pour un partenariat stable dans une région instable semble être de fermer les yeux sur les discriminations systémiques. Cette indifférence stratégique reflète une politique où la stabilité régionale et les intérêts sécuritaires priment sur les valeurs de justice et d’égalité. En choisissant de taire la réalité des discriminations, la communauté internationale cautionne implicitement un système de hiérarchie sociale qui maintient des centaines de milliers de Mauritaniens dans une situation d’injustice chronique.

Pour que la communauté internationale cesse d’être complice de cette situation, elle doit assumer ses responsabilités. Cela passe par des mesures concrètes : conditionner les aides économiques et la coopération sécuritaire à des progrès en matière de droits humains, exercer une pression diplomatique pour l’application des lois contre l’esclavage, et renforcer le soutien aux organisations locales de défense des droits humains.

Les discriminations en Mauritanie ne disparaîtront pas sans un engagement ferme de la part des partenaires internationaux, qui ont les moyens d’encourager des réformes véritables. En brisant le silence et en dénonçant publiquement les abus, la communauté internationale peut contribuer à bâtir une Mauritanie plus juste et inclusive. Tant que le silence persistera, et que les puissances internationales privilégieront leurs intérêts immédiats à la justice, la discrimination continuera de marquer profondément la société mauritanienne.

Pourquoi ce SILENCE ?

_*Aider nous à dénoncer cette situation en diffusant cette tribune sur les sites internet des organismes internationaux dans la rubrique Contact s’il vous plaît !*_

Baba WONE, Toulouse le 14/11/2024
@Patiotes_unis

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