Mauritanie : quand l’opposition dévient l’ombre du pouvoir
L’Opposition du Pouvoir
Mauritanie : quand l’opposition dévient l’ombre du pouvoir
Alors que certains partis politiques continuent de se réclamer de l’opposition, ils soutiennent pourtant les grandes décisions du pouvoir en place. Une contradiction flagrante qui interroge sur le sens même de l’opposition dans la démocratie mauritanienne.
Une imposture démocratique
En Mauritanie, des partis qui prétendent incarner l’opposition votent pour le président, soutiennent le Premier ministre, et valident son programme gouvernemental. Cette situation ubuesque brouille les repères et interroge profondément la nature de notre démocratie.
Ce faux pluralisme entretient l’illusion d’un débat politique, alors qu’en réalité, il renforce la domination du pouvoir en place. L’opposition devient un simple figurant dans un théâtre politique bien rodé.
Le prix du confort politique
Si cette posture existe, ce n’est pas par idéalisme. Elle résulte d’un calcul politique : rester visible, protéger des privilèges, éviter la marginalisation. Ce choix stratégique, souvent masqué sous le terme d’“opposition constructive”, n’est rien d’autre qu’un renoncement déguisé.
Mais à force de compromissions, c’est la confiance des citoyens qui s’effrite, et avec elle, la vitalité démocratique du pays.
L’opposition qui trahit sa mission
Le rôle d’une opposition est d’interroger, de proposer, de s’opposer. Pas de valider des décisions contre lesquelles elle prétend s’élever. En agissant ainsi, elle ne joue plus son rôle de contre-pouvoir, mais devient une extension feutrée du système.
Ce paradoxe politique affaiblit les institutions, nuit au débat public, et empêche l’émergence de véritables alternatives.
Repolitiser l’opposition, réhabiliter le choix
Il est temps que les partis clarifient leur position. Être dans l’opposition, c’est assumer une responsabilité démocratique. Ce n’est pas occuper un espace d’influence dans l’ombre du pouvoir.
La démocratie mauritanienne ne progressera que si l’opposition retrouve sa force, son autonomie et sa clarté. Le pays a besoin d’un vrai débat, pas d’un théâtre d’alliances masquées.
Cherif Ahmed SID Mhamed
