Abdarahmane WONE, porte-parole Afrique de la coalition Vivre Ensemble

Mauritanie-Présidentielle Juin 2019: Abdarahmane WONE, porte-parole Afrique de la coalition Vivre Ensemble et du candidat de l’opposition, Hamidou Baba KANE donne le ton à la table de Confidentiel Afrique

Ouverte ce vendredi 07 juin 2019, la présidentielle mauritanienne met en lice cinq candidatures qui convoitent le fauteuil du palais de Nouakchott. L’universitaire et communicant Abdarahmane WONE, porte-parole Afrique du candidat et opposant mauritanien Hamidou Baba KANE s’est entretenu avec l’équipe de Confidentiel Afrique qui a bien voulu le recevoir dans ses locaux.

Il dit tout: atouts de son candidat, question du financement de la présidentielle, du dispositif mis en place par le pouvoir pour gagner cette élection, discussions engagées avec les autres candidats de l’opposition, programme politique et de société de la coalition Vivre Ensemble. Entretien-Vérité

«NOTRE CANDIDAT EST CELUI QUI INCARNE LE CHANGEMENT ET PORTE LE COMBAT DES POPULATIONS  MARGINALISÉES»

Confidentiel Afrique: L’opposant mauritanien  Hamidou Baba Kane, a porté son choix sur votre  personne en tant que porte-parole en Afrique de son parti, Est-ce que votre profil répond à l’emploi à ce poste ?

Abdarahmane WONE, porte-parole Afrique de la coalition Vivre Ensemble: 

D’abord, un détail qui a son importance, ce n’est pas seulement son parti, mais c’est toute une coalition, une coalition des mouvements qui se battent contre l’injustice, le racisme et l’esclavage. Ces derniers se sont réunis et ont finalement désigné Hamidou Baba Kane comme étant le candidat de toute une coalition. Celle-ci s’est agrandie avec l’adhésion d’autres gens comme l’ancien président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, Chibi Mélanie.

 
Le choix porté sur notre candidat est le fruit de son engagement politique constant. Ces leaders qui ont fait confiance à Hamidou Baba Kane le connaissent bien mais ils n’ont jamais milité dans un même mouvement ni dans un même parti. Maintenant pour le choix sur ma modeste personne, j’estime qu’il a besoin aussi de quelqu’un qui connaît l’Afrique, qui se dit panafricaniste, qui comprend un peu comment les choses marchent en Afrique. Pour être porte-parole, il faut quand même avoir un background en communication. Ce sont les facteurs professionnels. En Mauritanie, tout le monde se connaît, il nous informe qu’il a été militant à l’âge de 14 à 15 ans, toute sa vie, il l’a passé dans l’opposition dite radicale. Je pense qu’il a mis aussi à l’avant ce besoin de donner la parole à toutes ces composantes pour montrer que ces gens sont importantes, qu’il s’agisse des réfugiés, des déportés et des victimes. C’est Mr Kane qui me l’a proposé et quand le choix a été fait sur ma personne, je lui ai même demandé de me laisser le temps de réfléchir. Objectivement, je ne pouvais pas fuir devant mes responsabilités d’autant plus que c’est pour la première fois. Avant on me reprochait que l’opposition n’était pas unie, ce qui se battent pour les droits humains ne sont pas unis. Au départ, il ne croyait pas aux élections, du fait qu’on ne pouvait pas organiser des élections dans un pays ou 25 % de l’électorat ne peut pas voter. Cela est inadmissible. 


Confidentiel Afrique : Quels sont les atouts de votre candidat pour jouer les premiers rôles dans cette présidentielle du 22 Juin prochain ?  

Abdarahmane WONE  porte-parole Afrique de la coalition «Vivre Ensemble»: 

Les atouts sont avant tout son humilité, c’est ce qui séduit en politique. Si on n’est pas humble, c’est difficile qu’on arrive à mobiliser les gens. C’est toute une coalition qui est derrière Hamidou Baba Kane. Au-delà du fait, qu’il a des gens issues d’une ligne radicale, c’est un homme qui a le sens de la mesure, un homme qui voit une Mauritanie plurielle, un homme qui n’est pas dans des conflits d’intérêts, de personnes ou de races. C’est quelqu’un qui est perçu comme étant un homme intègre. Au-delà de ça il a la légitimée académique, c’est quelqu’un qui a pris le temps d’apprendre quand il était jeune. Il est docteur en Sciences de Communication et il est connu pour son sérieux. En 1992, lors de l’ouverture démocratique, c’est pratiquement lui le numéro 2 d’Ahmed Ould Dada.
La candidature de Mr Hamidou Baba Kane peut être comparée à celle de BarackObama. Quand celui-ci s’est présenté comme candidat au début, il y avait tout un tas de problème. Les gens ne le prenaient pas au sérieux. Ils pensaient que c’était juste une candidature d’un noir américain. Mais au fur et à mesure que la campagne avançait, les gens se rendaient compte finalement que Barack Obama était la révélation. C’est le cas pour Mr Kane au début, la précampagne a montré que Hamidou à une bonne assise populaire pas seulement dans le Sud, mais aussi dans les grandes villes comme  Nouakchott, Nouadhibou, Kiffa et Zouerat et ils sont très surpris. Cela dit, le rôle d’un porte-parole, c’est de porter la parole fidèlement. Il faut rester humble sachant que dans certains pays du continent africain, les élections peuvent toujours être contestées et qu’il y’a jusque là encore une grande partie des Mauritaniens qui sont exclus de cette élection. Ce sont par exemple; les déportés mauritaniens qui continuent à vivre dans les camps des réfugiés au Sénégal et au Mali. Ce sont les Mauritaniens qui sont à l’intérieur du pays qui ne peuvent pas se recenser du seul fait de la couleur de leur peau. Il y a beaucoup de gens, qui pensent que si les règles du jeu démocratique étaient respectées où tout le monde avait sa citoyenneté, notre candidat pouvait dire qu’il allait passer au 1er tour de cette présidentielle, parce que tout simplement aujourd’hui, il n’est pas seulement le candidat des victimes, mais aussi, il est le candidat de l’espoir.

Confidentiel Afrique : Est-ce que la communauté Négro-africaine de Mauritanie a été conscientisée davantage de l’enjeu politique électoral de la présidentielle prochaine ?

C’était l’objectif de la pré campagne, de leur dire qu’il y a une possibilité maintenant d’exister parce qu’un peu avant la proclamation de sa candidature, les gens pensaient qu’il allait encore désigner quelqu’un pour être le candidat des négro-africains. Finalement, la coalition qui est composée de beaucoup de gens a fini par désigner docteur Kane comme étant le candidat approprié. Les gens ont finalement compris que vraiment, c’était une bonne chose. Je pense par rapport à la politique négro-africaine qu’il mène, c’est déjà une victoire et ça ne s’arrêtera pas là. L’objectif, c’est de créer une Mauritanie non-raciale, pluri-ethnique, pluri-linguistique et démocratique. Une Mauritanie où toutes ses filles et tous ses fils seront égaux devant la loi et devant son prochain. Je pense également qu’aujourd’hui tout est bien parti pour qu’ils atteignent leurs objectifs. Même l’adversaire politique qui se dresse en face de nous, le poulain de l’ancien président ,Ghazouani pour essayer d’avoir l’électorat négro-africain a été obligé d’aller chercher un directeur de campagne qui est de la ville de Kaaédi. Ce qui fonde mon espoir, c’est le fait qu’aujourd’hui Hamidou Baba Kane n’est plus le candidat des négro- africains, des Haratines, mais il est le candidat de tous les Mauritaniens. Je suis très fier de porter sa parole en Afrique, parce que c’est un discours qui n’est pas déphasé mais surtout ce n’est pas un discours basé sur l’ethnie, mais sur un programme. Le fondement de ce programme, c’est la résolution de la question nationale et de la question sociale pour que la Mauritanie puisse un jour jouer un rôle important. Ils ont la chance d’être le trait d’union entre le Maghreb Arabe et l’Afrique Subsaharienne et pour la coalition qu’il dirige, le panafricanisme dont les gens parlent deviendra une réalité. Nous avons le vivre pleinement. Si notre candidat gagnait, nous allons contribuer à la stabilité de la sous-région, d’abord régler le conflit qui existait, le conflit mauritano-mauritanien. À cet effet tenir un discours d’intégration, d’unité et panafricaniste,car ça permettra aux mauritaniens, maghrébins de circuler librement en Afrique, mais également que les jeunes africains puissent voyager sans contrainte en Casamance ou en Mauritanie parce qu’on a une nationalité différente.

C.A : Pourquoi l’opposition mauritanienne ne s’est pas réunie autour d’un seul candidat pour affronter le général Ghazouani au regard de certains ralliements de taille qu’on a constatés en sa faveur ces dernières semaines?

Nous avons toujours manifesté le désir d’être ensemble et d’agir ensemble. J’aimerai juste préciser qu’il y’a également opposition et opposition, qu’il y a des gens qui mettent en avant leur agenda politique personnel plutôt que l’agenda du pays. Il y a de cela 6 mois, personne ne pouvait prédire que Hamidou Kane allait être le candidat de cette coalition. Au moment où je vous parle, les opposants sont réunis pour dire en cas d’un 2ème tour, ils vont tous s’allier contre Ghazouani. 

C.A : Une Campagne Présidentielle, c’est aussi l’enjeu de son financement. Ce que l’on appelle le trésor de guerre. Avez-vous les moyens financiers  de vos ambitions ?

Je suis tout à fait d’accord, car pour faire de la politique, il faut avoir les moyens pour se déplacer. Toute une logistique à déployer. Mais, juste pour vous confirmer que nos moyens sont très limités et que Mr Kane fait partie des candidats qui n’ont pas les gros moyens logistiques et financiers. L’exemple de Barack Obama est le plus édifiant. Barack était le candidat des démocrates qui sont connus pour être les plus pauvres. L’essentiel, c’est d’innover en combinant l’intelligence et la conviction. L’intelligence crée les moyens. Nous n’avons pas besoin d’organiser des meetings pompeux comme le font les gens du pouvoir. Nous avons plutôt besoin de mener notre campagne de façon très relationnelle en utilisant les moyens qui sont à nos dispositions. Cela dit, nous n’avons pas les moyens de l’État et même s’il nous les avions, nous n’allons pas le faire. Utiliser de l’argent pour payer, acheter des consciences, ce n’est pas notre philosophie et ça ne correspond pas à notre façon de faire de la politique. Nos moyens se limitent juste pour nous déplacer, pouvoir aller porter nos discours un peu partout en Afrique, en Mauritanie et partout dans le monde. Les Mauritaniens de la diaspora, de l’intérieur, des bonnes volontés qui pensent que les choses doivent changer, des riches arabo-berbères qui ont compris que l’avenir de ce pays appartient à tout le monde  et pour sauver la Mauritanie on a plus besoin de choisir la personne en fonction de sa race mais en fonction de ses compétences ont mobilisé leurs petites économies pour nous accompagner. C’est une autre façon de faire de la politique.  Nous aspirons à une gouvernance sobre. En ce sens, nous comptons mener une campagne efficace et sobre qui aura des impacts forts. Une campagne ce n’est pas seulement les moyens, mais également c’est tout un art de faire de la communication en s’entourant de personnalités fortes et crédibles et des spécialistes de la communication qui savent qu’aujourd’hui avec une utilisation intelligente des réseaux sociaux, d’autres  canaux de communication, on devrait pouvoir atteindre la grande masse, sans dépenser des sommes colossales.

C.A : L’autre problème, c’est la représentativité des partis dans les bureaux de vote. On a constaté que beaucoup de candidats ne se font pas représenter dans les bureaux, y’a t’il un dispositif mis en place pour gérer ce dossier ?

Effectivement, la coalition peut quand même mobiliser. Mais ce dont ils ont le plus besoin pour changer les choses, c’est de la volonté, de l’intelligence et les moyens vont suivre. Ils peuvent faire de petites cotisations un peu partout pour s’assurer qu’il y a un représentant dans tous les bureaux de vote. Il y’a des stratégies qui ont été mises en place et ce n’est pas la première fois que les gens de la coalition se présentent à une élection. Notre candidat est entouré de toutes ces personnalités respectables qui ont quand même l’expérience des élections et ont fait une pré campagne très civilisée, très intelligente et bien soutenue. Nous allons ainsi continuer sur cette lancée sans trop dépenser. En réalité, ce sont les Mauritaniens qui ont décidé de porter Kane Hamidou à la tête du pays. Ces mêmes mauritaniens trouveront de petits moyens pour être présents un peu partout afin de défendre l’effigie de leur candidat sur les bulletins de vote.

C.A : Ya t’il un serment politique écrit entre votre candidat et  les autres potentiels candidats de l’opposition qui définit  les clauses d’un soutien sans équivoque au candidat de l’opposition le mieux placé en cas de second tour ?

Bonne question. Dans ce sens, il y avait des discussions qui existaient bien avant et parce qu’aussi, ils ont compris que les Mauritaniens veulent le changement et pour l’obtenir, il faudrait que toutes ces forces, tous ses opposants travaillent ensemble. Il faut comprendre qu’il n’y a jamais eu de rupture de discussion entre eux, car, étant chacun d’entre eux anime d’unir leurs forces dans un élan de sursaut national et de synergies afin de trouver une solution, et même au-delà de celle-ci quand ils accèderont au pouvoir, on organisera des assises nationales où toutes les forces vives de la nation vont s’asseoir autour d’une même table pour discuter et voir comment développer ce pays ensemble. Ils sont dans une dynamique unitaire et inclusive. C’est le vœu ardent de tous les Mauritaniens qui aspirent à un changement radical. Par principe, notre candidat H.B.K. ne va pas soutenir Ghazouani au second tour. Il est hors de question et c’est un principe fondamental auquel beaucoup de Mauritaniens s’attachent, donc notre candidat ne compte pas le violer. 

C.A : Est-ce qu’on peut s’attendre à ce que votre candidat Hamidou Baba Kane durant cette présidentielle revienne sur l’accord gazier signé récemment entre l’Etat du Sénégal et l’État mauritanien ?

Sans aller dans le fond de son esprit, je crois fermement que la chance de notre candidat, c’est d’être issu du Sud de la Mauritanie et donc tous les droits coutumiers seront respectés. Il sait qu’étant issu du Sud de la Mauritanie, il va se battre sans relâche pour que le Sénégal et la Mauritanie, deux pays frères et voisins immédiats puissent avoir des relations cordiales pas seulement avec le Sud, mais aussi avec le Nord. Nous aurons d’excellents rapports avec le Sénégal, le Mali, l’Algérie et bien entendu le Maroc. À mon intime conviction, le temps des guerres et des conflits non-censés doivent être derrière nous. Pour développer nos pays, nous avons besoin d’une dynamique unitaire. La Gambie à elle seule ne peut pas se développer. Idem pour la Mauritanie, le Maroc et le Sénégal, donc il faut unir nos forces pendant que les USA sont unis, ainsi que l’Europe, on parle de l’Union européenne pourquoi pas l’Union Africaine des peuples. Que chacun vivra pleinement.  

Je crois fondamentalement que les Africains doivent unir leurs forces pour développer leur continent. C’est en unissant nos forces qu’on pourra mettre des rails qui iront de Rabat ou de Casablanca jusqu’en Afrique du Sud, de l’Ethiopie jusqu’à Dakar. En quelque sorte, nous faisons partie de la génération intelligente et nous croyons au panafricanisme. Le panafricanisme, ce n’est pas seulement des mots vagues ou bien des refuges, mais c’est des choses que nous avons vécues très tôt. J’ai eu la chance d’intégrer l’OJP (organisation des Jeunes pour le Panafricanisme), ce qui m’a aidé à sillonner un peu les pays africains et de constater qu’il y’avait  un peu partout en Afrique, des jeunes qui pensent nuit et jour changer le visage de l’Afrique.

C.A : Près de 25% ne voteront pas. On note que la diaspora n’a pas été associée dans le processus électoral qui se profile à l’horizon. Pourquoi cette omission ?Quel est votre position par rapport à cette défaillance majeure ?

L’une des raisons, c’est qu’en réalité le système qui existe en Mauritanie a mis en place un système raciste et nous sommes en train de nous battre pour changer les choses. Ce système privilégie un groupe au détriment des autres, c’est ce qui explique que certains ont été exclu, parce que, pour eux la meilleure façon de continuer à dominer la majorité noire, c’est de diminuer le poids démographique des négro-mauritaniens. C’est ce qui explique les déportations de 1989 et également le recensement discriminatoire, le fait de ne pas donner la possibilité à tous les Mauritaniens de s’inscrire. En guise d’illustration, la coalition Vivre Ensemble, ne comprend pas pourquoi il n’y a pas de bureaux de vote au Sénégal, au Mali, en Côte d’Ivoire  et au Maroc, alors qu’il ya un bureau de vote en Gambie. Pourquoi ? Parce que tout simplement, il ya plus de commerçants Maures en Gambie et l’opposition pense qu’ils vont pouvoir gagner dans ce pays. Au Sénégal, il y a beaucoup de Mauritaniens qui pour s’inscrire était obligés de rentrer en Mauritanie ou d’aller en Gambie, parce qu’il n’y a pas un bureau de vote et c’est fait exprès par le système. Pour résumer, la candidature de Hamidou Baba Kane est importante, du fait qu’elle pose les vrais problèmes de la Mauritanie. Le vrai problème de la Mauritanie, c’est comment résoudre la question nationale ? Comment régler le problème de communication ? Et sur ces importantes questions, Hamidou Baba Kane est le candidat le mieux placé et pour tout dire le vit le mieux.

Propos recueillis par M. MB et F.B (Confidentiel Afrique)

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