Mauritanie : Mohamed Ould Abdel Aziz sans peur et sans reproche dit « non » aux enquêteurs

Mauritanie : Mohamed Ould Abdel Aziz sans peur et sans reproche dit « non » aux enquêteurs. Comme s’y attendaient ceux qui le connaissent bien l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz refuse de se présenter devant la commission parlementaire.

Il a pris cette décision en ignorant la convocation qui lui a été adressée par la commission parlementaire qui enquête sur sa décennie de pouvoir Les membres de cette commission qui attendaient l’ancien président « de questions fermes » sont maintenant fixés.

L’ancien président leur a renvoyé en « attaché » un message en retour avec leur convocation sans acusé de réception.

Mohamed Ould Abdel Aziz considère peut être que les parlementaires trop « petits » pour jouer aux rôles de « grands » devant l’homme que sa présence à la barre aurait rendu « petit ».

Que peuvent-ils et doivent-ils faire maintenant ? Laisser tomber cette tentative de convocation vouée à l’ échec depuis l’idée même de la lancer ou, essayer, selon les pouvoirs que leur confère leurs statuts d’enquêteurs parlementaires d’user des moyens légaux –s’ils en ont- pour faire venir celui qui, tout au long de ses 10 ans de pouvoirs, a toujours montré que l’Etat mauritanien n’existait pas, que la justice est un instrument, et que l’Assemblée Nationale elle même n’est qu’un salon comme tous les salons de Tevragh Zeina ouverts aux débats stériles de politiciens transhumants tous des corrompus ?

Demain, les jeux seront faits. Et rien n’ira plus. Soit la Mauritanie va prouver qu’elle est un pays, dont les institutions même nées de cendres de la métamorphose qu’a fait d’elle un président dont la tête est mise à prix ont force de loi, soit, dans l’autre cas par les parlementaires de sa commission elle abdique et « tête baissée » elle explique aux citoyens qu’elle est incapables de faire parler ce criminel « multirécidiviste » dont le nom est cité dans tous les montages des pillages de l’économie du pays.

Juste pour vous donner une idée des dessous de cartes de cette chasse à l’homme de « Bénichab » et pour comprendre ce que pourraient être les enjeux judiciaires. En réponse à une question de l’un de nos confrères au sommet de sa gloire, le président avait dit (Je vous livre la traduction littérale de sa réponse dans son intégralité) :

« … contrôle, contrôle, contrôle. Moi je veux bien qu’ils ouvrent une enquête. Mais reste à savoir si cette enquête est dans l’intérêt de ce pays ? Moi personnellement je n’ai aucun problème face une enquête quelle qu’elle soit. Je le dis pour le faire entendre aux ministres qui étaient aux gouvernements et pour que l’entendent également les premiers ministres qui les ont précédés.

Si, un jour tout au long de ces 11 années de mon pouvoir, il m’est arrivé de demander à l’un d’eux de faire quoique se soit contraire à la loi pour en tirer une ouguiya à mon profit personnel ou au profit de quelqu’un d’autre quel qu’il soit ou bien si « nous » avons sorti une ouguiya, un franc, un euro ou un dollar du trésor ou d’autre part des biens appartenants au peuple, je suis disposé. Si cela est arrivé à leur connaissance, qu’ils parlent qu’ils l’écrivent et qu’ils le disent. Ils sont tous là et présents El Hamdoulillah. Je suis là depuis 11 ans. Mais avant je ne gérais pas les affaires du pays. Mais si nous revenons sur cette gestion et nous le faisons et si nous commençons une enquête sur la gestion de tous les présidents on se rendra compte que les présidents ne gèrent pas seuls. Et la gabegie existait dans tous les départements.

Vous savez combien j’ai fait emprisonner de citoyens durant ces 11 années. Je regrette de l’avoir fait. Et je regrette ce qui est arrivé à ceux qui ont été emprisonnés. Comme je regrette que des citoyens employés de ce pays aient été malmenés à cause de cela. Ce que j’ai fait aucun président ne l’avait fait auparavant. Il est donc impensable que je puisse faire tout cela, lancer des enquêtes pour lutter contre la gabegie pour devenir plus mauvais que mes prédécesseurs.

Si il y’a éventualité, Je demande aux parlementaires de mettre sur place cette commission parlementaire. Qu’on les laisse faire. Avant même que ceux qui souhaitent de la mettre en place et les autres opposés n’accordent leurs violons je leur demande de la mettre en place. Qu’ils la mettent en place une bonne fois pour toutes et qu’on en finisse. Il y’a un intérêt d’ailleurs, comme cela après avoir fini leur enquête, ils vont pouvoir s’occuper d’autre chose de plus productif. Ce pays est un pays faible et pauvre qui a des projets importants à réaliser. Si les parlementaires veulent donner la priorité à ces « histoires » qu’on les laisse mener leur enquête et qu’ils enquêtent de fond en comble sur tout une bonne fois pour toutes pour qu’on en finisse et pour que nous puissions commencer à travailler.

Il y’a dans ce pays des gens qui s’imaginent des choses et plus le temps passe ils prennent leur imagination pour des réalités. C’est une maladie. (rires) Alors donc terminez cette affaire. Mettez en place la commission et faites des manifestations devant l’Assemblée Nationale pour qu’elle lance cette enquête. Et puis ces partis qui disent ces choses là. Ils ne sont pas au fond sincères. Ils connaissent tous leurs problèmes. Si nous les prenons un à un, il n’y a pas l’un d’eux qu’on ne connait pas. Et il n’y as pas un d’eux pour lequel nous n’avons pas un dossier. »

Dans cet extrait d’une conférence de presse tenue peu avant de quitter e pouvoir, (traduit de l’arabe), le président s’était montré très rassuré pour lui-même et menaçant pour les autres. Ce qu’il avait demandé à ses ministres de faire si tout au long de ces 11 ans, il leur avait demandé de faire quelque chose en dehors de la loi, ils l’ont fait. Ils ont défilé tour à tour devant la commission et ils l’ont tous indexés du doigt, comme étant le seul et unique responsable de tout ce qui s’était passé.

Qu’est ce que cela veut dire. Cela veut dire en d’autres termes, si l’on tient compte de ce que disait le président, que tout ce que faisaient les ministres ils le faisaient en dehors de la loi. A moins que la loi qu’évoque Ould Abdel Aziz soit sa propre loi, une loi qu’il s’est appropriée pour se « donner » des pouvoirs au dessus de toutes les lois en vigueur dans le pays. Il revient donc maintenant aux députés enquêteurs de savoir si eux et Ould Abdel Aziz se réfèrent à la même loi. Si c’est bien cette loi qui leur confère les pouvoirs de l’entendre dans des affaires qui l’impliquent et qui s’apparentent à haute trahison ou c’est une autre loi qui protège les sans foi ni loi ?

Ce qui est certain c’est que Ould Abdel Aziz le premier chef d’Etat de ce pays visé par une enquête parlementaire sera jugé et peut être même par des magistrats qui ont peut être de vieux comptes à régler avec lui. Ce qui est certain aussi c’est qu’il peut s’il le veut mettre les milliards de dollars qu’il a mis d’un côté et de l’autre pour sa défense, mais abandonné par tous ceux qui pouvaient lui venir en aide, il va jeter son argent par la fenêtre. Quand « le clan » abandonne quelqu’un son système de défense et son système immunitaire deviennent obsolètes.

Il a peut être oublié que lorsqu’il était venu au pouvoir par effraction politique, rien ne le prédestinait à cette charge. Tout le monde le savait. Même ceux de son clan politique. Mais ils l’ont imposé quand même. Quand aussi les membres du clan ont décidé de le lâcher, en moins de 24 heures, il s’est retrouvé face à une défaite « politiquement » et « amicalement » cuisante avec seulement deux amis restés fidèles Boidjiel Ould Houmeid un cascadeur politique dont la « pompe hydraulique » rendait ses dernières manœuvres très difficiles et Cheikh Avia Ould Mohamed Khouna, un novice en politique qui n’a rien compris ni de la révolution ni de la contre révolution comme disait Sékou Touré quand il voulait envoyer quelqu’un au camp Boireau.

Maintenant, si Ould Abdel Aziz ne veut pas, passer en justice et se donner en spectacle à des mauritaniens qui sont fanatiques des feuilletons, (parce que certains réclameront certainement la diffusion de son projet en direct), il ne lui reste qu’une chose à faire et à faire vite. Louer une tranche d’antenne d’un chaine de télévision locale, – la bonne cette fois-, demander pardon à « ses pauvres » et restituer au peuple une partie de son argent qui sera évaluée par ceux qui savent jusqu’au centime près ce qu’ils ont collectés pour lui. Cette solution s’appelle en politique, en théorie et en pratique « agiter » le drapeau blanc.

Quand le général Ould Ghazouani, son ami, à la tête des troupes qu’il a remises sous son commandement verra le drapeau blanc s’agiter, il va demander à l’artillerie lourde de cesser le feu. Et le calme reviendra comme si rien n’était. C’est comme ça en politique. Si l’ancien président n’était pas trop occupé à compter son argent pendant que les autres désertaient son camp il aurait compris tôt que le bras de fer ne se fait jamais avec un président en exercice même un ami de génération. Dans l’armée les règles sont claires. Dans une caserne il y’a des hommes, des armes et des munitions. Mais jamais une caserne à l’intérieur d’une caserne.

Mohamed Chighali

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