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Ne jouons plus avec le feu : travaillons pour une mémoire apaisée et une Mauritanie reconciliée et unie.

Face aux tentatives de réécriture de l’histoire et aux discours identitaires dangereux, cet appel plaide pour la reconnaissance des victimes, la justice et la construction d’une mémoire nationale apaisée, condition essentielle d’une Mauritanie réconciliée et unie.

Tribune sur la mémoire des violences des années 90 en Mauritanie, contre le négationnisme et les discours identitaires, pour la justice, la réconciliation et l’unité nationale.
La récente tribune de M. Saleck Ould Bah relayée avec engouement par les milieux nostalgiques d’un passé de larmes et de sang est symptomatique de l’état d’esprit d’une vieille garde qui refuse obstinément de regarder le passé récent en face. En tentant de criminaliser les victimes et en faisant délibérément l’amalgame entre certaines périodes historiques et certains événements- le plus souvent inventés de toute pièce pour donner un semblant de sérieux à des absurdités comme celles confondant
les populations négro-africaines établies depuis toujours dans ce pays et dans la région et les colons qui opprimaient tout le monde sans distinction et au même titre, l’amalgame filandreuse entre les courants et mouvements politiques d’obédiences diverses- l’auteur recycle le vieux discours de la peur qui a paralysé notre pays depuis des décennies, depuis surtout les tueries, déportations et exactions diverses subies par une partie de notre peuple dans les années 90. Il est temps de changer de paradigme et que cesse le négationnisme de ceux qui ont idéologiquement été à l’avant garde sinon à l’origine de ces désastres nationaux et qui sont connus de tous.
L’auteur tente d’opposer les Mauritaniens en agitant le drapeau de « l’identité arabe menacée » et de la « pureté raciale ». C’est une stratégie fasciste dangereuse. L’identité arabe de la Mauritanie est une réalité historique et culturelle, mais tout aussi indiscutable est son identité négro-africaine peul, soninké et wolof. Cette double identité ne se construit pas en les opposant mais en les harmonisant. Elle n’a pas besoin de l’injustice, du sang et des larmes pour exister et s’épanouir. Vouloir faire croire que demander justice pour les victimes de 1989 équivaut à vouloir « liquider les Beydanes » est une manipulation grossière visant à souder, en vain, une communauté contre les autres, que l’immense majorité des arabes a toujours refusé et refusera toujours.
Les victimes ne sont les ennemis d’aucune communauté. Elles sont expiatoires d’une doctrine exclusiviste de type fasciste née bien avant les événements et qui a proliféré à la fin des années 80.
Dire que l’argent des réparations servira à financer une guerre civile est une insulte à la patience extraordinaire dont ont fait preuve les familles des victimes. Depuis plus de 30 ans, ces mères, ces veuves et ces orphelins réclament leurs droits pacifiquement, sans jamais prendre les armes ni proférer la moindre menace contre leurs bourreaux connus et qu’ils croisent quotidiennement. Les traiter de terroristes potentiels est une fuite en avant morale et un crime contre l’unité nationale et la paix sociale.
Le Dialogue National qui s’annonce ne sera pas une mascarade où l’on « achète » le silence par la peur et le chantage moral. Il sera le lieu de la refondation d’une nation qui aspire à la paix et à la Réconciliation.
Une nation forte n’est pas une nation qui écrase ses composantes affaiblies par la répression et les discriminations ou ses opposants, c’est une nation capable de dire : « Nous avons commis des erreurs, réparons-les ensemble. »
La véritable menace pour l’unité de l’État, c’est l’obstination à refuser l’égalité citoyenne. La justice ne s’impose pas par le chantage dit-il, c’est vrai. Mais la paix civile ne s’achète pas avec le mensonge non plus.
GOURMO LÔ 9 décembre 2025

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