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Ould Marzoug face aux jeux d’influence entre Rabat et Alger

En pleine recomposition des alliances régionales, la visite du chef de la diplomatie mauritanienne à un haut responsable parlementaire marocain suscite des interrogations. Derrière la courtoisie affichée, c’est toute la complexité des relations triangulaires entre Nouakchott, Rabat et Alger qui se dessine.

Rabat et Alger

Ould Marzoug face aux jeux d’influence entre Rabat et Alger

Nouakchott – Le 10 mai 2025

Samedi soir, une rencontre discrète mais hautement symbolique s’est tenue à Nouakchott. Le ministre mauritanien des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Marzoug, a rendu une visite qualifiée de « courtoisie » au président de la Chambre des députés du Maroc, Rachid Talbi El Alami, actuellement en séjour dans la capitale mauritanienne. Officiellement, il s’agissait d’un échange diplomatique de routine visant à renforcer les liens entre les deux « pays frères ». Mais derrière les formules convenues, cette entrevue interroge sur ses véritables enjeux, dans un contexte maghrébin où chaque geste diplomatique a son poids.

Une rencontre feutrée, mais lourde de signification

Si le communiqué officiel évoque des discussions sur la coopération bilatérale, le développement des relations et la situation régionale, aucune mesure concrète n’a été annoncée. La réunion, à laquelle ont assisté plusieurs hauts responsables diplomatiques mauritaniens ainsi que l’ambassadeur marocain à Nouakchott, semble avant tout destinée à maintenir les apparences d’un dialogue fluide entre Nouakchott et Rabat.

Le moment de cette visite n’est pas anodin. En effet, elle survient quelques semaines après un épisode tendu entre la Mauritanie et le Maroc, connu sous le nom de « crise de la tomate », lorsque les autorités mauritaniennes ont temporairement suspendu l’importation de tomates marocaines, officiellement pour des raisons sanitaires. Cet épisode avait suscité l’ire de Rabat, et mis en lumière la fragilité de certaines dimensions du partenariat entre les deux pays.

Ould Marzoug entre Rabat et Alger

Ce contexte est d’autant plus sensible que Mohamed Salem Ould Marzoug entretient, par ailleurs, d’excellentes relations avec son homologue algérien, Ahmed Attaf. Ce dernier avait d’ailleurs été son principal interlocuteur durant la gestion de la crise des tomates marocaines, alimentant les spéculations sur une forme d’alignement tacite de Nouakchott avec Alger dans les équilibres du Maghreb.

Dès lors, la visite au président de la Chambre des députés du Maroc peut être interprétée comme un geste d’apaisement. Un signal envoyé à Rabat pour montrer que, malgré les crispations récentes et une dynamique de rapprochement visible avec Alger, la Mauritanie ne souhaite pas tourner le dos à son voisin du nord.

Une diplomatie d’équilibriste

Pour Nouakchott, la priorité semble claire : préserver une position d’équilibre entre les deux grandes puissances régionales que sont l’Algérie et le Maroc. La diplomatie mauritanienne joue la carte de la neutralité active, refusant tout alignement explicite tout en soignant ses intérêts stratégiques et économiques, notamment en matière de sécurité et de commerce transfrontalier.

La visite d’Ould Marzoug à Rachid Talbi El Alami s’inscrit ainsi dans cette logique : calmer le jeu avec Rabat, éviter toute interprétation de rupture, tout en continuant à renforcer les liens avec Alger sur d’autres fronts. Un exercice d’équilibriste auquel la diplomatie mauritanienne est désormais rompue, mais dont les marges se réduisent à mesure que les tensions régionales s’exacerbent.

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