Mauritanie : Le spectre du racisme d’État, entre héritage colonial et luttes contemporaines
Entre fiction démographique et domination réelle – Le spectre du racisme d’État en question
Le spectre du racisme d’État
Dans une analyse percutante et sans détour, l’auteur Lassana Badiane Djimera explore la fracture identitaire et sociopolitique en Mauritanie, en questionnant la légitimité démographique du pouvoir arabe et en dénonçant l’évolution du chauvinisme politique vers un racisme d’État. À travers un plaidoyer en faveur de l’unité nationale, il appelle à la reconnaissance des injustices historiques, à une gouvernance équitable et à la mémoire des luttes ouvrières fondatrices, en particulier celles de Zouérate.
Dans cette contribution dédiée aux ouvriers mauritaniens, l’auteur revient sur la complexité socioculturelle de la Mauritanie, pays multiethnique et multilingue, partagé entre Arabes (au nord) et Noirs mauritaniens (au sud). Il questionne la construction historique du pouvoir politique majoritairement détenu par les Arabes depuis l’indépendance, en soulignant que ce postulat repose sur des données démographiques contestables, jamais publiées, et influencées par l’héritage colonial français.
À travers une analyse du mode de vie nomade versus sédentaire, il avance que la fécondité historiquement plus élevée chez les populations noires remet en cause l’idée d’une majorité arabe. Le texte critique l’idéologie panarabiste (nassérisme, baathisme) qui, selon l’auteur, a imposé de manière autoritaire la langue et la culture arabes au détriment des autres communautés nationales.
Ce chauvinisme idéologique, initialement culturel, aurait évolué vers une politique de racisme d’État à partir des années 1989–1991, notamment sous le régime de Maaouiya Sidi Ahmed Ould Taya, avec des pratiques discriminatoires dans l’armée, l’administration et l’éducation. L’auteur appelle à une reconnaissance officielle de ces injustices, à une décentralisation linguistique et à une alternance du pouvoir respectueuse de la diversité nationale. Il propose de remplacer la date de l’indépendance officielle (28 novembre) par celle du 29 mai, jour anniversaire de la lutte unitaire des travailleurs de Zouérate, comme symbole d’une Mauritanie plurielle, égalitaire et réconciliée.
Lire l’analyse en PDF : RACISME D’ETAT VS CHAUVINISME D’ETAT
Rédaction Rapide info