Mauritanie

Mauritanie : le pays où l’échec est une compétence et la sanction, une promotion

Mauritanie : le pays où l’échec est une compétence et la sanction, une promotion

Il faut saluer l’inventivité administrative de notre chère République islamique. Tandis que dans d’autres pays, être relevé de ses fonctions rime avec disgrâce, remise en question ou, osons le dire, conséquences, chez nous, c’est tout l’inverse : c’est une étape. Un rite de passage. Une formalité avant la prochaine promotion.

On vous relève ? Félicitations ! Vous entrez dans le cercle très fermé des “victimes méritantes du système”. Il suffit d’attendre quelques semaines – parfois même quelques jours si l’indignation populaire se calme vite – et hop, vous revoilà : directeur général, haut conseiller, ou mieux, ambassadeur dans un pays où il n’y a même pas d’ambassade.

C’est qu’ici, on ne punit pas l’échec, on le récompense. Vous avez ruiné un secteur ? Vous êtes prêt pour un ministère. Vous avez été impliqué dans une affaire douteuse ? Parfait, vous avez désormais l’expérience pour gérer les marchés publics. Vous avez été au cœur d’un scandale médiatisé ? Ah, mais c’est que vous savez gérer la pression, direction la communication présidentielle !

Le génie de notre système, c’est qu’il a transformé la responsabilité en trampoline. On ne tombe jamais, on rebondit. Et plus vous tombez fort, plus vous remontez haut. C’est presque une loi de la physique politique mauritanienne.

Alors non, être relevé de ses fonctions ici n’est pas une sanction suprême. C’est au mieux une pause café. Au pire, un changement de décor. Et dans certains cas, une stratégie : on vous sacrifie médiatiquement aujourd’hui pour mieux vous recycler demain, avec les honneurs.

Échouez avec audace, compromettez avec stratégie, et surtout… restez loyal à la bonne écurie. Le reste n’est qu’une question de calendrier.

Sy Mamadou

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