Mauritanie : Le Collectif des Veuves à Nouakchott refuse la manipulation et la monétarisation du passif humanitaire
Mauritanie : Le Collectif des Veuves à Nouakchott refuse la manipulation et la monétarisation du passif humanitaire
Publié dans Kassataya par Cherif Kane
Les observateurs reviennent cette fin de semaine sur la page la plus sombre de l’histoire mauritanienne relative au passif humanitaire. Une période durant laquelle plus de 100000 négro-mauritaniens sont déportés au Sénégal et au Mali en 1989 sous le régime de Ould Taya et plus d’une centaine de victimes civiles enterrées dans des fosses communes. Et plus grave 28 soldats issus de la même communauté sont assassinés par l’armée en 1991 à la base d’Inal au Nord du pays.
Et ce passé douloureux qui revient sur la scène nationale avec en première ligne les veuves et orphelins qui s’inquiètent du jeu politique actuel de l’Etat qui pousse la coalition des victimes en Mauritanie en Europe et aux Etats-Unis à des négociations biaisées dès le départ pour tourner le dos au règlement définitif du passif humanitaire. Une manipulation des autorités de Nouakchott révélée par le collectif des veuves qui vient de claquer la porte du Cadre de Con-certation des Rescapés Mauritaniens en Mauritanie et Europe et Etats-Unis et CCVE. Nul doute qu’il ne s’agit pas d’une décision unilatérale. En concertation avec les ayants droits des Martyrs du passif humanitaire le collectif à Nouakchott sous la houlette de Houlèye Sall est ferme sur les quatre principaux piliers relatifs aux devoirs de vérité de justice de réparation et de mémoire. Ces principes sont piétinés par l’Etat mauritanien qui aurait réussi à faire accepter la coalition des organisations une justice transactionnelle qui s’inspire de la charia islamique pour la diya c’est-à-dire le prix du sang, une compensation financière expiatoire que doit payer l’auteur ou la famille de l’auteur d’un homicide à la famille de la victime ou à ses ayants droits. L’acceptation de cette loi exclut ainsi la mise en place d’une commission nationale indépendante pour faire la lumière sur la période des évènements dits passif humanitaire entre 89 et 93. L’année 1993 représentant l’amnistie des militaires qui ont commis des exactions contre les négro-mauritaniens en particulier l’assassinat des 28 soldats noirs de la vallée en 1991 à Inal au Nord du pays. Après 32 ans d’attente, les veuves et orphelins réclament toujours les corps pour des sépultures dignes. Ces martyrs du passif humanitaire ne peuvent en aucun cas faire l’objet de marchandage contre de l’argent. Une tentative réussie à moitié par l’ex-président Ould Aziz durant ses deux mandats en divisant les différentes organisations nationales sous la houlette d’officiers supérieurs issus de la vallée pour indemniser certaines veuves d’où sa conclusion de la clôture du dossier. Le dialogue politique engagé par le régime de Ould Ghazoua-ni aura servi de cadre pour d’autres tractations qui visent à classer le passif humanitaire en s’inspirant des valeurs de l’islam. C’est en définitive l’impunité qui est pointée du doigt et au-delà la restauration de l’Etat de droit qui passe par la réconciliation nationale.
Source: kassataya.com