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Mauritanie : la question du troisième mandat reste verrouillée par la Constitution.

Mauritanie : la question du troisième mandat reste verrouillée par la Constitution.

Par  Rapide Info – Avril 2025

En Mauritanie, le débat sur une éventuelle modification de la Constitution pour permettre un troisième mandat présidentiel revient ponctuellement dans l’actualité. Pourtant, en l’état actuel du droit, un tel scénario demeure juridiquement et politiquement improbable.

Une Constitution révisée en 2006

La Constitution mauritanienne, adoptée en 1991 et révisée à plusieurs reprises, notamment en 2006, limite clairement le nombre de mandats présidentiels à deux, chacun d’une durée de cinq ans. Cette révision avait alors introduit deux changements majeurs : la réduction de la durée du mandat (de sept à cinq ans) et l’interdiction de briguer plus de deux mandats consécutifs.

L’article 28 de la loi fondamentale est explicite : « Le président de la République est rééligible une seule fois. » Cette disposition vise à garantir l’alternance démocratique et à prévenir toute concentration excessive du pouvoir.

Respect des règles par les présidents successifs

Jusqu’à présent, cette règle a été respectée. Mohamed Ould Abdel Aziz, président de 2009 à 2019, ne s’est pas présenté pour un troisième mandat. Il avait déclaré à plusieurs reprises son intention de ne pas modifier la Constitution, réaffirmant son attachement à la légalité constitutionnelle.

Son successeur, Mohamed Ould Ghazouani, élu en 2019 et réélu en 2024 avec environ 60 % des voix, entame actuellement son second mandat. Conformément aux dispositions en vigueur, ce mandat devrait être son dernier.

Une révision constitutionnelle possible, mais encadrée

La Constitution mauritanienne prévoit un mécanisme de révision. L’initiative peut provenir du président de la République ou d’un tiers des membres du Parlement. Le texte doit ensuite être approuvé par une majorité des trois cinquièmes des députés, réunis en Congrès. À défaut, il doit être soumis à référendum.

Cependant, certaines clauses sont jugées fondamentales. Il s’agit notamment de l’unité territoriale, de la forme républicaine de l’État, du principe de l’alternance démocratique ou encore du régime et de la durée du mandat présidentiel. Toute révision de ces éléments pourrait être considérée comme inconstitutionnelle.

Une hypothèse aux conséquences politiques

Sur le plan politique, toute tentative de modification pour permettre un troisième mandat risquerait de susciter des tensions. Dans plusieurs pays africains, des démarches similaires ont conduit à des mouvements de protestation, parfois violents.

Par ailleurs, une telle initiative pourrait nuire à l’image de stabilité institutionnelle que la Mauritanie s’efforce de préserver. Même si elle s’inscrivait dans un cadre légal, elle pourrait être perçue comme une remise en cause des acquis démocratiques.

Aucune indication en ce sens pour l’instant

À ce jour, aucune déclaration officielle ne laisse penser que le président Ghazouani envisage de modifier la Constitution pour se représenter au-delà de 2029. Des personnalités politiques de l’opposition, comme Mohamed Ould Maouloud, ont néanmoins exprimé leur vigilance face à toute éventuelle tentative de révision.

Le respect des limitations présidentielles reste pour l’heure l’une des caractéristiques notables du système politique mauritanien. Il s’inscrit dans une volonté de consolider l’État de droit et d’assurer une stabilité institutionnelle dans un contexte régional souvent marqué par l’instabilité.

Sources : Le Monde, Jeune Afrique, Mondafrique, TV5 Monde, Wikipédia, PointsChauds.info, WIPO, Le360 Afrique, 27avril.com

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