Mauritanie–Espagne : vers une coopération renforcée dans un contexte sahélien instable

Mauritanie–Espagne : Alors que le Sahel reste sous tension, la Mauritanie et l’Espagne intensifient leurs échanges diplomatiques. Le Premier ministre El Moctar Ould Djay a reçu, ce vendredi, l’ambassadeur Pablo Barbara Gomez pour évoquer les moyens de dynamiser la coopération bilatérale. Cette visite s’inscrit dans une série de rencontres stratégiques, révélatrices d’un partenariat en mutation.

Nouakchott – Diplomatie active : la Mauritanie et l’Espagne resserrent leurs liens dans un contexte régional en mutation

La visite de l’ambassadeur du Royaume d’Espagne en Mauritanie, SEM Pablo Barbara Gomez, au Premier ministre mauritanien, M. El Moctar Ould Djay, ce vendredi à Nouakchott, s’inscrit dans une séquence diplomatique intense entre les deux pays. L’entretien, axé sur les relations de coopération bilatérale, intervient dans un climat géopolitique où l’Espagne cherche à renforcer sa présence stratégique en Afrique de l’Ouest, et où la Mauritanie se positionne de plus en plus comme un partenaire de stabilité et de dialogue au Sahel.

Un agenda chargé et révélateur

Le diplomate espagnol n’en est pas à sa première entrevue de la semaine. En quelques jours, il a été reçu tour à tour par la ministre du Commerce, le ministre de la Culture, ainsi que par le Représentant résident du PNUD. Une densité de rencontres qui illustre une volonté commune de passer à une nouvelle phase de coopération, au-delà des simples déclarations d’intention. Éducation, culture, développement local, mais aussi gestion des flux migratoires et sécurité régionale : autant de dossiers stratégiques sur lesquels Nouakchott et Madrid multiplient les points de contact.

Une coopération à la croisée des enjeux migratoires et sécuritaires

Historiquement, les relations entre la Mauritanie et l’Espagne ont été fortement conditionnées par la question migratoire. Depuis les années 2000, l’Espagne considère la Mauritanie comme un partenaire clé dans sa stratégie de contrôle des départs clandestins vers les Canaries. Cette coopération, parfois critiquée pour son approche sécuritaire, s’est élargie à des dimensions plus structurelles avec l’implication de l’Union européenne et d’agences onusiennes dans des programmes de développement économique local, censés adresser les causes profondes de l’exil.

Mais aujourd’hui, c’est sur le terrain de la sécurité régionale que les deux capitales entendent renforcer leurs convergences. Dans un Sahel secoué par la montée des groupes armés et le repli des forces occidentales, la Mauritanie, restée jusqu’ici relativement stable, apparaît comme un îlot de coopération possible. L’Espagne, qui reste l’un des rares pays européens à maintenir une implication militaire et diplomatique soutenue dans la région, voit dans la Mauritanie un point d’appui stratégique.

Un dialogue en quête d’équilibre

Pour Nouakchott, cette relation offre des opportunités de diversification diplomatique et de mobilisation de ressources extérieures. Le gouvernement mauritanien mise sur l’intérêt européen pour renforcer sa position dans les négociations multilatérales et pour obtenir des soutiens techniques et financiers sans trop céder sur sa souveraineté. Mais cette stratégie exige un subtil équilibre, dans un contexte international marqué par la concurrence croissante entre les partenaires traditionnels (Union européenne, France, Espagne) et les nouveaux venus (Chine, Turquie, Russie).

En somme, derrière l’apparente banalité des audiences protocolaires, se dessine une recomposition silencieuse mais profonde des priorités diplomatiques entre Nouakchott et Madrid. Une recomposition dictée autant par les urgences du moment que par la volonté de bâtir une coopération plus durable, ancrée dans des intérêts réciproques clairement identifiés.

Rédaction Rapide info