La Mauritanie reçoit une délégation de Reporters sans frontières : dialogue institutionnel et critiques de la presse indépendante
Reporters aux frontières des outils de propagandes
Nouakchott – 27 mai 2025
Une délégation de Reporters sans frontières (RSF), conduite par Thibaut Bruttin, responsable du bureau Afrique de l’organisation, a effectué une visite officielle en Mauritanie cette semaine. Cette mission s’inscrivait dans le cadre d’une tournée visant à évaluer les conditions de la liberté de la presse dans plusieurs pays de la région.
Une mission à visée institutionnelle
Durant son séjour à Nouakchott, la délégation de RSF a tenu une série de rencontres avec des représentants des autorités mauritaniennes, ainsi que de certains responsables de médias publics. L’objectif affiché était de « renforcer le dialogue constructif » autour des questions liées à la liberté de la presse et à l’indépendance des médias.
La Mauritanie, qui occupe la 50e place au dernier Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF, présente un paysage médiatique en transition. Si des efforts ont été reconnus par l’organisation sur certains volets, des préoccupations persistent quant à l’autocensure, à l’accès inégal à l’information, et à la dépendance économique des médias.
La presse indépendante exprime ses réserves
Toutefois, la visite a suscité des critiques émanant de la presse indépendante mauritanienne, notamment du Rassemblement des établissements médiatiques indépendants (REMI). Dans un communiqué signé par son président, Abeih Mohamed Levdhal, le REMI s’étonne que les représentants des médias autonomes et professionnels du pays n’aient pas été associés à cette mission.
« Contrairement aux attentes de nombreux acteurs du secteur, cette visite n’a pas permis de rencontrer les représentants des médias sérieux et autonomes du pays », déplore le texte. Selon le REMI, les échanges de RSF se seraient concentrés sur cinq entités jugées proches du gouvernement, bénéficiant de financements publics pour la production de contenus institutionnels.
Le communiqué ajoute que l’un des interlocuteurs rencontrés travaille pour une chaîne parlementaire publique, ce qui, selon le REMI, met en doute l’objectivité de la démarche. L’organisation considère que cette sélection d’interlocuteurs reflète davantage une opération de courtoisie qu’un réel diagnostic du pluralisme médiatique en Mauritanie.
Pour une approche plus inclusive ?
Ces critiques soulignent un écart entre la perception officielle et la réalité vécue par une partie du secteur médiatique, qui dénonce une marginalisation récurrente dans les processus d’évaluation internationale. Pour le REMI, « les entités rencontrées lors de cette visite ne représentent en aucun cas la presse indépendante sérieuse », appelant RSF à mener à l’avenir des consultations plus transparentes et équilibrées.
De son côté, RSF n’a pas encore réagi publiquement à ces remarques, mais ses représentants ont réaffirmé leur volonté de maintenir un dialogue ouvert avec l’ensemble des acteurs, y compris les médias non institutionnels.
Alors que la Mauritanie aspire à renforcer ses engagements en matière de liberté d’expression, cette visite — et les critiques qu’elle suscite — illustrent les tensions persistantes entre médias officiels et indépendants, et rappellent l’importance d’une approche pluraliste et représentative dans l’évaluation du secteur.
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