Mauritanie : quand les chiffres descendent dans la rue pour parler aux citoyens
En Mauritanie, les statistiques économiques ne parlent pas toujours aux citoyens. Voici comment le gouvernement peut transformer ses chiffres en récits concrets, images et témoignages proches de la culture mauritanienne.
Quand les chiffres descendent dans la rue!
En Mauritanie, soyons honnêtes, qui lit vraiment les rapports économiques ? Pas le marchand de poisson de Tevragh Zeina, pas la vendeuse de légumes de Sebkha ou de couscous, encore moins le chauffeur de taxi qui doit déjà jongler avec le prix du gasoil. Les chiffres, eux, flottent souvent au-dessus de nos têtes comme des nuages savants : + 4,2 % de croissance, – 3 % de déficit, 25 000 branchements supplémentaires… Le pourcentage d’avancement des travaux de la ville de Nouakchott ayant dépassé 50% par rapport aux délais consommés qui sont restés inférieurs à 44%… Mais à quoi bon, si ce langage reste hermétique ?
Le vrai défi, pour le gouvernement, n’est pas seulement de bâtir des routes ou d’installer des forages : c’est de raconter ces réalisations de manière que tout le monde comprenne.
Au lieu de dire : « Le PIB a augmenté« , pourquoi ne pas dire : « Plus de 100 000 familles ont enfin trouvé un revenu stable cette année » ?
Plutôt que des pages de graphiques, pourquoi ne pas montrer qu’un seul forage, c’est 500 familles qui remplissent leurs seaux sans marcher des kilomètres ?
Les gens n’ont pas besoin de tableaux Excel, ils ont besoin d’images, de récits et de sourires.
Imaginez une petite vidéo en hassanIya, en poular, en soninké et en Wolof où l’on voit un marché éclairé le soir : « Cette nouvelle centrale, c’est 200 000 ampoules qui s’allument chaque nuit. » Ou un sketch de théâtre populaire : une famille avant/après l’arrivée de l’eau courante. Voilà des messages qui parlent.
Les Mauritaniens aiment le concret, le symbole, le quotidien. Dites qu’une nouvelle route permet de gagner deux heures de trajet, soit le temps d’une prière ou le temps de savourer un thé partagé sous la tente ou sous la case. Là, tout le monde comprend.
Et puis, ne négligeons pas nos canaux les plus vivants :
• la Radio Mauritanie qui grésille dans les quartiers périphériques,
• les mini-vidéos sur Facebook et WhatsApp,
• les caravanes d’information qui passent avec un mégaphone et des affiches,
• les rencontres directes où un responsable explique simplement, répond et écoute.
En vérité, l’action publique gagne en force quand elle descend des bureaux climatisés pour rejoindre les tentes, les marchés et les ruelles sablonneuses.
Alors, oui, les chiffres sont nécessaires. Mais ce sont les histoires, les images, les sourires et les entrétiens « (presque) imaginaires » qui donnent chair à ces chiffres. Et si le gouvernement veut vraiment être compris et soutenu, il doit parler le langage du thé, du chameau, de Dakhin, de Hakko et de la lumière qu’on allume le soir… pas celui des colonnes comptables.
Rédaction Rapide info