Mauritanie : Chasse aux fonctionnaires dissidents
Mauritanie : Chasse aux fonctionnaires dissidents
Note d’alerte, 28 juin 2025
Le 25 juin 2025, le communiqué de la réunion hebdomadaire du gouvernement de la
République islamique de Mauritanie, sous la direction du Général Mohamed OuldCheikh
Ghazouani Chef de l’Etat annonçait l’éviction de Hamady Lehbouss, jusqu’alors Chargé
de mission au ministère de l’Enseignement et de la réforme du système éducatif. Dans le
privé, la victime d’exclusion assure le Secrétariat général de l’association Ira-Mauritanie,
engagement poursuivi, après sa nomination, sans jamais recevoir, de la tutelle, la
moindre remontrance. Désormais, les autorités lui reprochent d’avoir été présent et
visible lors de l’accueil, réservé par le député Biram Dah Abeid, à une délégation
d’anciens membres de la section France, venus lui rendre visite, deux jours plus tôt, à
Dakar.
Substrat
En janvier, pourtant, Hamady Lehbouss, décrochait le grade de Chevalier de l’ordre
national du mérite, en reconnaissance de ses qualités professionnelles. La mesure de
rétorsion à son endroit n’a rien d’exceptionnel. Parmi les plus récentes victimes, l’on
retiendra, entre autres, l’ancien Inspecteur des finances Ahmed Ould Samba ou le
journaliste Elkory Ould Sneiba. Les deux partagent, en commun, l’origine servile et
l’activisme aux fins d’asseoir l’égalité citoyenne, un déficit chronique à la source des
soubresauts de la Mauritanie depuis son indépendance. Ici, il importe de préciser que les
cadres de l’Etat, affiliés aux partis de la Majorité présidentielle, en particulier de sa
matrice l’Insaf, affichent, non sans zèle et absentéisme au travail, leur alignement
partisan. Ils ne maquent l’occasion de se prévaloir d’un tel privilège, au risque de trop
sacrifier à l’indécence. La plupart s’en servent comme d’un tremplin pour étoffer, au fil
des compromissions, une carrière boursouflée de reniements, de faux semblants et de
flagornerie alimentaire. La différence de traitement est ainsi établie, avec récurrence, si
l’on considère l’empressement de l’oligarchie tribale à récompenser ses soutiens, en
même temps qu’elle s’applique à sévir contre les opposants. In fine, au travers de la
décision du Conseil des ministres, ne transparaît qu’une petitesse de facture très
subalterne, où s’insinue le poison de la mesquinerie et l’avidité féroce des survivants à la
misère, la misère de l’âme.
Diversion
La révocation inélégante de Hamady Lehbouss intervient, peu de temps après
l’acharnement de la police anti-émeute, à déguerpir, par la brutalité, les centaines de
sympathisants, rassemblés, le 11 juin, sur le site de l’aéroport de Oum Tounsi. La foule,
accourue de nuit, voulait porter en triomphe Biram Dah Abeid, de retour d’une tournée
d’explication auprès de nos diasporas dans l’hémisphère nord.
Des vieillards, des jeunes et des enfants couverts d’ecchymoses, des voitures
immobilisées en plein désert et caillassées, des passagers débarqués sous la menace,
rassemblés et roués de coups de crosses de fusils et de matraques policières, des
dizaines de jeunes arrêtés, transférés dans des cachots, torturés et privés de sommeil,
des femmes et vieillards, privés de leurs véhicules et contraints de braver l’obscurité, sur
des dizaines de kilomètres avant de regagner la capitale Nouakchott, voilà comment et
se présente le contexte d’une répression dénuée de signes précurseurs dont la
soudaineté dévoile l’inclination à nuire, par surprise, hors préavis.
La série de provocations vient confirmer l’ampleur des divergences endogènes au noyau
dirigeant. Quand une faction promeut l’initiative du dialogue national et s’y investit avec
entrain et persuasion, une ligue adverse, à l’intérieur du même camp, manœuvre en sens
inverse, à coups d’intimidation et de riposte dissuasive. Laquelle des deux incarne la
volonté de conciliation ? La cacophonie, le tâtonnement dilettante et les réflexes
bédouins de l’improvisation compliquent la réponse à une question qu’impose,
néanmoins, l’évidence du réel.
Mémoire, vigilance et constance
Les deux événements – administratif et sécuritaire – soulignent la permanence de la
dérive : L’interdiction des partis etle durcissement insurmontable de la loi de légalisation
des formations politiques, la norme dite des symboles où l’irrévérence envers le
Président et des membres de son clan peut vous conduire en prison, l’immunité des
auteurs de la gabegie, du népotisme et de l’auto-attribution des marchés publics, voici
de quoi alimenter, quasiment chaque semaine, la chronique d’un sérail dorénavant
parvenu au stade faisandé de sa décomposition.
A l’heure, inévitable, de la reddition des comptes, l’amnésie ne sera notre boussole. A
l’abri de la revanche et du ressentiment différé, nos juristes compilent les preuves et
instruisent à charge. La complaisance et l’oubli accompagnent rarement les ruptures
salutaires. Demain, la Mauritanie se relèvera parce que les abonnés séculaires à
l’assujettissement cessent de se faire subjuguer. Ils ne courbent plus l’échine et ne
cherchent le paradis sous la cheville du maître.
D’ici la délivrance collective, Ira Mauritanie et ses démembrements à l’étranger réitèrent,
à Hamady Lehbouss, les marques insignes d’encouragement et de solidarité et redisent,
au pouvoir du moment, leur disponibilité à discuter de tout dès lors que les préalables
auront été satisfaits.
Nouakchott, 28/06/2025
La commission de communication
Article connexe : En Solidarité avec Mr. Hamady Lehbouss
Quelques réactions au limogeage de Hamady Lehbouss et des images de la
répression lors du retour du président Biram dah Abeid à l’aéroport
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