Mauritanie : ça s’agite déjà, les ambitions s’affichent – et le “troisième mandat” plane comme une ombre
Mauritanie : ça s’agite déjà, les ambitions s’affichent – et le “troisième mandat” plane comme une ombre
Eh oui, ça y est, en Mauritanie, ça bruisse de partout. Dans les salons de Nouakchott, dans les couloirs des ministères, même autour du thé sous la khaïma, ça discute succession. Et pourtant, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a encore quatre ans devant lui, tranquille, solide. Mais tu sais bien comment on est : on ne peut pas s’empêcher de se demander qui sera là après. Et là, les langues se délient.
Les noms qui tournent, les têtes qui se lèvent
On les connaît, ceux qui on parle d’eux :
Hanena Ould Sidi – l’ex-général, ministre de la Défense, proche du président, discret mais respecté. Beaucoup le voient déjà comme un possible dauphin si jamais Ghazouani décidait de passer la main ou de désigner quelqu’un.
Mohamed Lemine Ould Mohamed Ahmed – ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation de Mauritanie, ex-dircab du président, fin stratège, homme de confiance. Ceux qui savent disent qu’il a l’oreille du chef de l’État.
Moctar Ould Diay – Actuel Premier ministre, précédemment ministre directeur du Cabinet du président, ancien ministre des Finances, technocrate pur jus, apprécié des bailleurs et des milieux économiques. Il connaît les chiffres, il connaît les dossiers, il pourrait séduire ceux qui veulent stabilité et sérieux s’il met en œuvre ses engagements en matière de liberté de la presse.
Biram Dah Ould Abeid – le militant anti-esclavage, toujours présent, toujours bruyant. Il reste la voix de ceux qui veulent rupture, justice sociale, et il n’a jamais caché ses ambitions présidentielles.
Hamadi Sidi Mokhtar El Mokhtar – le visage de Tewassoul, voix forte de l’opposition islamiste, qui pèse de plus en plus dans l’équation politique.
Bref, le casting commence déjà à se dessiner, alors qu’on est encore loin de la présidentielle.
Et le fameux “troisième mandat” ?
Ah, ça, c’est le gros sujet. Juridiquement, la Constitution mauritanienne est claire : deux mandats maximum, pas plus. Point. Mais… certains commencent à dire que ce texte, on peut le retoucher, l’amender. Après tout, en 2006, on avait déjà révisé la Constitution pour introduire cette limite de deux mandats. Pourquoi pas un nouveau référendum ? Pourquoi pas un “ajustement” ?
Et là, les avis se partagent. Les uns crient à la dérive autoritaire dès qu’on prononce le mot “troisième mandat”. Les autres disent : “Eh, si le pays a besoin de stabilité, pourquoi ne pas laisser Ghazouani continuer ?” Et au milieu, toi, moi, nous, on se demande si tout ça ne va pas encore faire perdre du temps aux vraies urgences : emploi des jeunes, prix des denrées, routes, hôpitaux.
Patience, les amis…
Moi, je te le dis cash : la présidence, ce n’est pas un chameau qu’on attrape en courant. Ça se prépare. Ça se construit. Celui qui se précipite finit par tomber. L’histoire politique mauritanienne en est pleine : des hommes qui ont grillé toutes leurs cartouches avant même d’arriver au premier tour.
Alors oui, Hanena, Mohamed Lemine, Moctar, Biram, Hamadi – que chacun prenne son temps. Que chacun travaille pour aujourd’hui avant de rêver de demain. Et pour Ghazouani, qu’il fasse ce qu’il sait faire : gouverner, calmer le jeu, avancer. Parce que si demain, on change les règles du jeu pour un troisième mandat, il faudra que ce soit clair, net, et accepté. Sinon, bonjour les tensions.
Ahmed Ould Bettar