La coopération sécuritaire, l’autre volet du réchauffement des relations

La sécurisation des frontières mauritano-marocaines, tant au niveau des zones tampons, que du passage d’El Guerguerat en particulier, vient d’être érigée en point nodal de la coopération militaire et sécuritaire entre Rabat et Nouakchott. Décryptage.

La Mauritanie est actuellement confrontée, et ce, bien malgré elle, à deux problèmes majeurs d’insécurité. Le premier est lié à son approvisionnement économique, à partir de sa frontière terrestre avec le Maroc, où le trafic routier transitant par El Guerguerat est sporadiquement perturbé par ceux que la presse marocaine qualifie de «baltajias» du Polisario. Ces blocages, bien qu’interdits par l’ONU, ont pour conséquence immédiate la raréfaction et la spéculation sur les prix de certains produits de base sur les marchés mauritaniens.

Le second problème posé à la Mauritanie est celui de l’insécurité que vivent ses villes du nord, à cause de certains coupe-gorges du Polisario qui prolifèrent dans la bande située au delà du mur de défense marocain, et qui s’attaquent régulièrement aux ressortissants mauritaniens et à leurs biens. Autant dire que la Mauritanie et le Maroc ont de longues frontières communes à sécuriser, mais aussi un ennemi commun à neutraliser: le Polisario.

C’est dans ce contexte qu’il faut inscrire la visite à Rabat, la semaine dernière, et plus exactement les 29 et 30 janvier derniers, de deux délégations de hauts gradés mauritaniens, l’une sécuritaire, et l’autre, militaire.

La première est dirigée par le directeur général de la sûreté nationale (DGSN), le général Mohamed Ould Meguett, accompagné du directeur de la Sûreté d’Etat (DST en Mauritanie) El Kacem Ould Sidi Mohamed, et le directeur de la police judiciaire Mohamed Ould Esseyssah.

Reçus par le patron du pôle sécuritaire DGSN-DGST, Abdellatif Hammouchi, le chef de la police mauritanienne et ses proches collaborateurs sont venus discuter des moyens de renforcer la coopération entre les deux pays en matière de lutte contre le terrorisme et le crime organisé transfrontalier, deux fléaux qui gangrènent la région sahélo-saharienne, et contre lesquels il s’agit d’abord de prémunir en priorité le passage frontalier d’El Guerguerat. Cette coopération sécuritaire entre les deux pays voisins est d’ailleurs fortement encouragée par leurs partenaires de l’Union européenne, et particulièrement par l’Espagne, qui est devenue un abonné régulier du passage frontalier entre le Maroc et la Mauritanie, et qui voit d’un très mauvais œil les obstructions sporadiques du trafic routier dans cette zone.

Parallèlement à son homologue de la police, le chef d’état-major des armées mauritaniennes, le général Mohamed Cheikh Ould Mohamed Lemine, s’est lui aussi rendu à Rabat, où il a successivement été reçu, mercredi dernier, par Abdellatif Loudyi, ministre délégué auprès du chef du gouvernement, chargé de l’Administration de la défense nationale, et par le général de corps d’armée Abdelfattah Louarak, Inspecteur général des Forces Armées Royales.

A cette occasion, marquée par la tenue de la première réunion de la Commission militaire mixte marocco-mauritanienne, la partie mauritanienne a également abordé les moyens bilatéraux visant à assurer une meilleure sécurisation des frontières terrestres communes. Pour ce faire, un échange de renseignements entre les deux parties aurait été sollicité par la Mauritanie, surtout que le royaume dispose d’un moyen de surveillance satellitaire qui tient en permanence à l’œil toute la zone nord-ouest-africaine.

Pour la presse mauritanienne, ces visites de hauts gradés de l’armée et de la police, dépêchés par le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, attestent clairement que les relations entre Rabat et Nouakchott semblent avoir repris leur cours normal, car c’est la première fois depuis plusieurs années qu’une délégation sécuritaire ou militaire d’un tel niveau se rend au Maroc.

A ce titre, il convient de rappeler que les responsables mauritaniens, qui viennent de visiter le Maroc, ne sont autres que les deux officiers supérieurs à avoir, avec l’actuel chef de l’Etat mauritanien, acculé Mohamed Ould Abdel Aziz à renoncer définitivement à toute velléité de briguer un troisième mandat. Non seulement eu égard au respect des termes de la constitution mauritanienne, mais aussi parce que ce triumvirat de généraux était arrivé à cette conclusion: la mauvaise gouvernance de Ould Abdel Aziz a fait mal au pays, tant en interne qu’à l’extérieur, et sa mandature devait donc prendre fin au profit d’une nouvelle dynamique. C’est d’ailleurs celle qu’est en train d’initier Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, au cœur de laquelle la normalisation des relations marocco-mauritaniennes est érigée en priorité diplomatique.

Cette normalisation, bien que concernant tous les domaines, est particulièrement perceptible sur le volet de la coopération culturelle marocco-mauritanienne, qui bat actuellement son plein. Ainsi, la Mauritanie sera l’invitée d’honneur du 26e Salon international de l’édition et du livre (SIEL) de Casablanca, qui aura lieu le 26 février prochain, après l’avoir été lors du 15e festival de Tan-Tan, en juin dernier. Pour sa part, le royaume du Maroc a été désigné invité d’honneur du 9e Festival des villes anciennes de Mauritanie, qui s’est tenu en novembre dernier dans la ville ancienne de Chinguetti. La délégation marocaine avait été conduite par Hassan Abyaba, ministre de la Culture, de la jeunesse et des sports, et avait d’ailleurs été reçue en grande pompe par le président mauritanien.

Mohammed Ould Boah

Source : Le 360.ma (Maroc)

via kassataya.com

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