Maroc et Israël main dans la main après un accord sécuritaire « sans précédent »

Maroc et Israël main dans la main après un accord sécuritaire « sans précédent »

À la suite de l’accord sécuritaire signé entre les deux pays le 24 novembre, lors de la visite du ministre israélien de la défense à Rabat, le Maroc va s’équiper de technologies militaires israéliennes. L’Algérie, qui a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc, n’a pas caché sa colère.

Une véritable lune de miel. Depuis la reprise officielle de leurs relations diplomatiques il y a près d’un an, à l’instigation de la présidence américaine de Donald Trump, le Maroc et Israël ne cessent d’intensifier leurs relations.

Après la visite en août dernier du ministre israélien des affaires étrangères Yaïr Lapid, Rabat a accueilli le 24 novembre le ministre israélien de la défense Benny Gantz pour sceller un accord sécuritaire « sans précédent » entre les deux pays. Ce mémorandum d’entente couvre un spectre large de coopération : « échange d’expériences et d’expertise, transfert technologique, formations, coopération dans le domaine de l’industrie de défense », a listé Rabat.

Un système antidrone

Les forces armées royales ont, entre autres, acquis le système antidrone Skylock Dome qui permet de suivre et de brouiller toute activité considérée comme suspecte, empêchant ainsi le drone d’atteindre sa cible. Des drones de combat sont fréquemment utilisés dans le conflit au Sahara occidental, les hostilités ayant repris depuis un an entre l’armée marocaine et les forces sahraouies, soutenues par l’Algérie.

Aucune information n’a filtré pour savoir si le très décrié logiciel d’espionnage Pegasus, de la firme israélienne NSO, a fait partie des discussions entre les deux États. Rabat dément avoir recours à ce logiciel qui a permis d’infiltrer les téléphones portables d’opposants au régime marocain, mais aussi de personnalités étrangères, notamment algériennes et françaises.

Les deux États prévoient également d’intensifier leurs liens sur le terrain économique. Le média marocain Le Desk fait état d’une imposante délégation de 70 entreprises marocaines qui se rendra en Israël mi-décembre, au moment où les deux États fêteront le premier anniversaire de la reprise de leurs relations et l’ouverture d’une ligne aérienne Casablanca-Tel-Aviv.

L’administration américaine de Joe Biden endosse la politique de Donald Trump

Les États-Unis, du temps de Donald Trump, avaient activement œuvré au rapprochement entre Israël et les pays arabes. Pour y associer le Maroc, Washington avait alors reconnu la souveraineté de Rabat sur le Sahara occidental, territoire « non autonome » depuis le départ du colonisateur espagnol en 1975. L’administration Biden a, de facto, poursuivi cette politique. Antony Blinken, le chef de la diplomatie a, le 22 novembre, jugé « sérieux », « crédible » et « réaliste » le plan d’autonomie que défend le Maroc pour régler le contentieux sur le Sahara occidental. Au grand dam des Sahraouis largement retranchés dans des camps de réfugiés, dans le sud de l’Algérie, et dans l’attente depuis trente ans que se tienne un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, conformément aux résolutions des Nations unies.

L’Algérie, qui a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc, n’a pas caché sa colère face à cet axe toujours plus resserré Maroc-Israël. L’APS, l’agence officielle de presse algérienne, a largement relayé cette normalisation sécuritaire entre Rabat et « l’entité sioniste », en se faisant l’écho du « crime majeur de normalisation », selon les termes repris du Groupe d’action marocain pour la Palestine.

Le président du Sénat Salah Goudjil a dénoncé « les ennemis (qui) se mobilisent de plus en plus pour porter atteinte à l’Algérie ».« Les trahisons commises par le Maroc envers l’Algérie et ses conspirations au fil des années ne datent pas d’hier », a accusé l’APS qui, pour la démonstration, a exhumé une lettre envoyée à des érudits égyptiens par l’émir Abd El Kader, grand résistant contre la colonisation française au XIXe siècle, dans laquelle il se plaignait de la traîtrise du sultan du Maroc qui avait « empêché ses troupes d’aider les Algériens ».

Marie Verdier, le 26/11/2021 à 13:58 Modifié le 26/11/2021 à 15:22

Source : la-croix.com

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