MauritaniemigrationOpinion

*Manque de transparence sur la gestion migratoire* !

La gestion par le gouvernement mauritanien des subventions accordées par l’Union européenne !

L’union Européenne pour la lutte contre les trafics de migrants, la sécurité et la surveillance maritime suscite de vives critiques, en particulier sur la transparence et l’efficacité de l’utilisation de ces fonds depuis 2018.
L’UE, de plus en plus préoccupée, interpelle la Mauritanie sur le devenir de « montants faramineux » transférés pour la surveillance, la sécurité, la formation et l’achat d’équipements. Le débat est désormais public et structuré autour des points suivants.Montants et objectifs affichés .

Entre 2018 et 2025, la Mauritanie a reçu au moins 84 millions d’euros dès 2018-2019 dans le cadre du Fonds européen pour l’Afrique, essentiellement pour la gestion de la migration, la lutte contre le trafic, les programmes de sécurité et la coopération régionale.
Ce chiffre a ensuite grimpé, l’UE annonçant des financements successifs de 16 à 20 millions d’euros en 2024 puis 2025 pour renforcer la lutte contre le terrorisme, moderniser les infrastructures sécuritaires, fournir des patrouilleurs et des moyens mobiles de surveillance, et financer la formation de forces spécialisées.

Un montant cumulé de plus de 210 millions d’euros a aussi été annoncé en 2024 pour faire face au transit des migrants depuis la Mauritanie vers l’Europe, dans un contexte de flux croissants vers les îles Canaries.

Manque de transparence et d’efficacitéLe point de friction porte sur la transparence : l’UE, mais aussi des ONG et des acteurs du secteur signalent une absence de clarté sur la gestion réelle de ces fonds par Nouakchott.
Malgré les sommes investies, le nombre de départs de migrants par la mer a continué de battre des records, passant de 40 000 arrivées aux Canaries en 2020 à plus de 57 000 en 2023. Les rapports indépendants soulignent une efficacité discutable des dispositifs mis en place et des suspicions sur leur gestion ; des moyens matériels ont certes été livrés (patrouilleurs, drones, véhicules militaires), mais la société civile dénonce l’opacité des procédures de dépenses et l’absence de contreparties visibles en termes d’impact sur la lutte contre les réseaux de passeurs.

Conséquences pour la population et risquesLes dispositifs de sécurité financés par l’UE ont permis une augmentation des opérations de police et de contrôle aux frontières. Des arrestations et des renvois ont été documentés dans des conditions parfois inhumaines, avec des cas d’abandon à la frontière et de non-respect des droits fondamentaux. Le manque de voies légales de migration ne fait que renforcer les réseaux clandestins et favorise la hausse des tarifs exigés par les passeurs. Selon plusieurs analyses, l’association entre financements européens et priorités sécuritaires crée un déséquilibre, où la stabilité politique locale et le respect des droits des exilés peinent à s’imposer .Interrogations européennes et recommandations. Face à ce contexte, l’UE exige plus de transparence fiscale et administrative dans la gestion des subventions, ainsi qu’une évaluation indépendante de leur efficacité concrète.

La question demeure : comment expliquer la persistance, voire l’augmentation des flux migratoires, alors que les moyens européens s’accroissent chaque année ? Des experts recommandent de mieux séparer les politiques d’aide au développement des préoccupations sécuritaires immédiates, de conditionner les paiements à des résultats tangibles (formés, équipés ou reconvertis, etc.), et de renforcer les mécanismes de suivi indépendant et d’audit.

Débat actuel et perspectives.
Le débat est désormais ouvert entre Nouakchott et Bruxelles, avec des pressions croissantes pour plus d’ouverture sur les comptes et les affectations réelles des fonds. L’Europe, soucieuse des retombées politiques des migrations irrégulières, attend des partenaires de la région une reddition de comptes transparente. La Mauritanie, confrontée à la réalité sécuritaire et à l’instabilité régionale, doit trouver un équilibre entre ses intérêts souverains et la nécessité de rassurer ses partenaires financiers sur l’usage des subventions accordées.
Abdoulaziz DEME
Le 20 Septembre 2025

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