Mandats illimités ou reconnaissance Haratine : la bombe que le régime ne veut pas voir
Mandats illimités ou reconnaissance Haratine
En Mauritanie, le pouvoir pervers a ses habitudes : tester l’opinion par des ballons d’essai, brouiller les pistes, jouer la montre. Après le troisième mandat sous Aziz, voici que certains “proxies” du système agitent déjà le spectre d’un cinquième mandat pour Ghazouani. L’objectif est clair : banaliser l’impensable, préparer le terrain à une présidence à durée illimitée, et enterrer pour de bon l’alternance démocratique.
Mais voilà : derrière cette diversion, une autre réalité s’impose, plus urgente, plus explosive — celle de la reconnaissance politique et identitaire des Haratines.
La vieille ruse du pouvoir
En lançant l’idée d’un mandat illimité, le système ne fait que répéter un scénario usé : avancer masqué, utiliser des journalistes, des professeurs ou des hauts fonctionnaires pour tester l’opinion, puis se défausser en cas de rejet.
Cette technique de la provocation calculée n’a rien d’innocent. Elle prépare psychologiquement les citoyens à l’idée que la Constitution n’est qu’un chiffon que l’on peut froisser, modifier, piétiner au gré des intérêts d’un clan.
Le mirage du “temps long”
Les défenseurs du mandat prolongé brandissent toujours le même argument : les réformes exigeraient “15 à 25 ans” pour aboutir. Traduction : un seul homme, un seul chef, une seule voie.
Mais c’est un mensonge politique. Les pays qui progressent en Afrique l’ont fait grâce à des institutions solides, pas grâce à des présidents éternels. L’histoire récente prouve le contraire : Condé en Guinée, Ouattara en Côte d’Ivoire, Déby au Tchad… à chaque fois, le mandat illimité a enfanté la crise, la division, la violence.
La vraie bombe : la question Haratine
Ce que le pouvoir ne dit pas, mais ce qu’il redoute par-dessus tout, c’est l’émergence d’un autre débat : celui de la reconnaissance des Haratines comme composante nationale à part entière.
• Les Haratines ne veulent plus être de simples clients électoraux, mobilisés et abandonnés au gré des campagnes.
• Ils exigent une reconnaissance politique, constitutionnelle et symbolique, qui rebattra les cartes du pouvoir.
• Et cette revendication, portée par la force démographique et sociale la plus massive du pays, finira par s’imposer dans l’agenda national.
Voilà la vérité : ce n’est pas le mandat de Ghazouani qui décidera du futur de la Mauritanie, mais la capacité — ou l’incapacité — du système à intégrer les Haratines comme acteurs égaux de la République.
Le dilemme du régime
Le régime est piégé par son propre cynisme.
• S’il impose la logique de la présidence illimitée, il évite temporairement la concurrence politique, mais il alimente la frustration identitaire et sociale.
• S’il ouvre la voie à la reconnaissance Haratine, il accepte de redéfinir les équilibres de pouvoir, ce qui revient à détruire les privilèges historiques de ses élites.
Dans les deux cas, la bombe explose. La seule inconnue est le timing.
Mandat ou refondation ?
Le choix, au fond, est simple : soit la Mauritanie continue de jouer au jeu dangereux des présidents à vie, au risque de basculer dans le chaos ; soit elle prend le chemin d’une refondation nationale courageuse, qui place au cœur du débat la reconnaissance des Haratines et l’égalité réelle entre toutes les composantes.
Car c’est là le paradoxe : plus le régime s’acharne à prolonger artificiellement le pouvoir d’un homme, plus il précipite l’irruption d’un débat qu’il voulait éviter.
Et ce débat, qu’il le veuille ou non, sera celui de la justice, de la dignité et de la reconnaissance.
la vraie question n’est pas “troisième, quatrième ou cinquième mandat”. La vraie question est celle-ci : combien de temps encore le système pourra-t-il retarder la reconnaissance des Haratines sans que le pays n’explose ……Wetov
Sy Mamadou